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L'Université ouverte d'Azrou se déroulera les 4 et 5 mars : L'INDH face aux régions montagneuses


Mohammed Drihem
Jeudi 3 Mars 2011

L'Université ouverte d'Azrou se déroulera les 4 et 5 mars : L'INDH face aux régions montagneuses
L'Association cèdre de l'Atlas pour le développement socioculturel, économique et environnemental de la ville d'Azrou présidée par Pr Abdelaziz Touri, organise sa 3ème Université ouverte les vendredi et samedi 4 et 5 mars 2011 à la salle Feu Dr Rachid El Idrissi du lycée Tarik Ibnou Ziad d'Azrou sous le thème: "L'Initiative nationale pour le développement humain dans les régions de montagne: réalisations et aspirations".
D'éminentes personnalités sont conviées à animer les débats autour du thème retenu pour cette troisième édition, notamment Dr Brahim Akdim, doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Kadi Ayyad de Marrakech qui débattra des grands défis et des paris du développement de la montagne marocaine, et Pr Mustapha Hassani de la même faculté qui traitera des réalisations et perspectives de l'INDH.
De leur côté, les Pr Said Boujouk, Mohamed El Aklaa et Abdeljalil Kriffa de la même Faculté des lettres de Marrakech traiteront respectivement de la pauvreté et du tourisme dans les régions de montagne au Maroc, de l'INDH comme outil de développement des domaines montagnards -Atlas Marrakech comme exemple - et du développement humain et de la gestion des dangers dans les régions  montagneuses.
Enfin, le chef de division économique et sociale de la province d'Ifrane présentera un exposé sur l'Initiative nationale pour le développement humain comme outil de développement des régions de montagne au Maroc avec Ifrane comme modèle.
Ceci dit et dans l'attente des recommandations de cette troisième édition, il y a lieu de rappeler qu'en matière de développement des régions de montagne, une bonne «économie des montagnes» assurant une meilleure «régulation des flux des ressources» s'impose pour faire prévaloir «le droit de l'amont sur l'aval» et contribuer dans un élan de solidarité régionale et interrégionale à la protection et au développement durable de ces ressources.
Comment cela est-ce possible? Selon les connaisseurs en la matière, il suffit de se conformer aux différentes déclarations universelles des Nations unies et particulièrement aux déclarations énoncées dans «L'action 21» adoptée en 1992.
En effet, dans son chapitre 13 consacré à la «Gestion des écosystèmes fragiles : mise en valeur durable des montagnes», l'action 21 adoptée en 1992 par la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED) a reconnu que «les secteurs montagneux sont souvent des exportateurs nets de ressources naturelles d'importance mondiale vers les basses terres situées en aval».
Pour sa part, la commission du développement durable des Nations unies a déclaré lors de sa troisième session qu'«il faut reconnaître la nécessité de réexaminer le mouvement général et les coûts des ressources et des services en provenance et à destination des montagnes. Elle reconnaît également qu'une part des bénéfices tirés de l'usage des ressources des régions de montagne doit profiter aux populations et aux communautés locales».
Il est à rappeler qu'au niveau du Moyen Atlas en général et de la région de Meknès/Tafilalet en particulier, deux facteurs essentiels participent au transfert des bénéfices nets des ressources des montagnes vers l'aval : d'abord la marginalisation des nombreuses communautés de montagne et ensuite, le manque de soutien à leur région, le cas de nos régions montagneuses du Moyen Atlas est patent car les montagnards y souffrent le plus souvent de la précarité. Ils maîtrisent très mal les ressources même dont ils assurent, pour l'essentiel, la gestion.
De tout temps, ces montagnards ont été marginalisés et n’ont pas été associés à la prise de désicions concernant leur région. A cause de leur isolement, ils ont peu accès aux informations et au processus d'élaboration des décisions gouvernementales et de ce fait, leur participation aux marchés extérieurs est fondée sur des termes de l'échange inéquitable et défavorable.
Ainsi donc, si les habitants des montagnes ne sont pas considérés comme les gardiens des ressources naturelles irremplaçables, si leurs titres de propriété et leurs droits d'usage restent précaires et aléatoires, si leur niveau de vie n'est pas amélioré, ils risquent alors d'être contraints d'exploiter encore davantage les matières extractibles à court terme et donc, d'épuiser ces ressources naturelles. Plus grave encore, sans une responsabilisation et une maîtrise appropriée, ils ne pourraient s'opposer à une surexploitation étrangère; le cas des communautés de la région de Dayet Aoua qui ont vendu leurs terres à des bourgeois des grandes ville du Royaume qui les ont transformées en grandes exploitations agricoles est frappant.
En effet, les habitants des montagnes de nos jours avec leur particularité, sont devenus les gardiens d'un patrimoine mondial irremplaçable, car leurs terres sont des réserves de bois, de minéraux, d'eau et d'énergie hydroélectrique qui ne bénéficient malheureusement qu'aux populations qui se multiplient en aval dans les plaines et les grandes villes des basses terres.
La moitié au moins de l'humanité dépend  des bassins versants des montagnes pour son approvisionnement en eau douce. Pour plus d'un milliard d'êtres humains, les montagnes sont des lieux sacrés. Elles sont également devenues des lieux de loisirs, loin des villes surpeuplées, pour un tourisme d'élite.
D'autre part, en raison du fait qu'on ne prend en compte que les coûts actuels d'exploitation et de distribution (notamment de l'eau, de l'électricité et du bois), les prix des ressources naturelles de nos jours ne réflètent pas leur vraie valeur car, d'après Denniston (1996), on ignore les coûts réels des forêts dépouillées, des bassins versants érodés et des cours d'eau endigués ou pollués, sans mentionner les coûts sociaux incalculables du déracinement des populations qui dépendent des ressources naturelles.
Selon cette même déclaration de Denniston, seule la prise en compte des coûts complets pourrait inciter à limiter les effets négatifs sur l'environnement et permettrait d'augmenter la rentabilité.
Certaines ressources naturelles comme le bois, l'eau potable et d'irrigation, l'énergie hydraulique et les minéraux ont une valeur économique indéniable.
Traditionnellement, cette valeur se mesurait à la différence entre les profits et les coûts d'exploitation et excluait la valeur environnementale et les bénéfices qui en résultaient.
Selon les spécialistes en la matière, cela s'explique en partie, par le fait que plusieurs  ressources ne sont pas marchandes que les économistes considèrent comme des «biens publics» qui sont définis comme ceux dont l'usage par d'autres ne peut être exclu et dont la consommation par un individu ou un groupe ne diminue pas la quantité disponible pour les autres (Tietenberg 1996).
Cependant, précise-t-on, la détérioration des conditions permettant la production d'un bien public peut considérablement affecter sa disponibilité. L'air pur et la diversité biologique sont des exemples connus. Les instruments économiques classiques sont souvent inadaptés à l'évaluation de ces biens non marchands. De plus, la valeur du marché n'est pas le seul indicateur, d'autres critères utilitaires ou esthétiques ne doivent pas être exclus.
Une autre difficulté majeure en matière d'évaluation est que les ressources des montagnes sont par nature complexes et interdépendantes et qu'elles constituent de ce fait un ensemble de produits. A titre d'exemple, les bassins versants boisés fournissent de l'eau salubre et des produits forestiers, mais également un habitat pour la faune et la flore sauvages, un moyen de lutte contre l'érosion, un lieu de loisirs, un air pur et, dans de nombreux endroits, ils ont une valeur symbolique sacrée pour la population locale. Il faut également prendre en compte le fait que le droit de couper du bois, c'est-à-dire la fôret, implique de facto celui d'affecter, voire dégrader, les ressources dont elle favorise la production, comme l'oxygène et l'eau pure, et juridiquement la propriété d'une ressource confère tous les droits connexes, même ceux qui n'ont pas été inclus à l'origine dans la cession.
Ainsi, un titre de propriété implique une responsabilité concernant les ressources connexes, y compris celles qui n'auraient pas été nommément définies précédemment. Si à court terme, la coupe claire de la forêt cause un préjudice aux communautés montagnardes qui dépendent des produits forestiers, ce sont les populations du monde entier qui, à long terme, auront à payer très cher les effets négatifs sur la qualité de l'air et de l'eau, sur les sites de loisirs et sur l'érosion des sols. L'exploitation non durable d'une ressource en un lieu situé en amont a des répercussions néfastes sur la totalité du système, y compris sur les environnements situés en aval.
Du fait de la complexité des ressources des montagnes et de la désuétude des lois traditionnelles de fixation des prix, le prix du produit ne reflète généralement pas la vraie valeur de la ressource. En conséquence, les communautés des montagnes dont celles de la région du Moyen Atlas en général et de la province d'Ifrane en particulier, en tant que fournisseurs nets de ressources, ne bénéficent pas de ces revenus.
Par conséquent, il est grand temps que ces communautés réclament ces «droits de l'amont sur l'aval spoliés» et que nos spécialistes en matière d'économie des montagnes puissent se pencher sérieusement sur la détermination et l'évaluation de nos ressources naturelles afin de permettre de conclure, peut-être, que l’exploitation la plus efficace des ressources est la conservation ou, au contraire, qu’elle peut être avantageusement compensée par l'entretien des biens d'environnement existant. Dans les deux cas de figure, une fois établie la valeur réelle des ressources, des mécanismes peuvent en permettre la cession et donc le transfert des usagers en aval vers les communautés des montagnes en amont.
Pour se faire, le recours aux lois du marché pour améliorer et transférer les ressources destinées à la conservation et à la mise en valeur durable des régions de montagne s'inscrit dans le domaine du possible et cela permettra de remettre en cause l'idée préconçue selon laquelle «la conservation n'est pas prise en compte parce qu'elle n'est pas rentable».


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1.Posté par barichane le 03/03/2011 10:50
Bonjour : après lecture de cet article qui traite un problème très important de l'Atlas ...je pense que la Jolie Région de l'Atlas a souffert beaucoup ...je souhaite une très bonne réussite à l'Association du cèdre de lAtlas .../.

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