L'UE et la Russie prêtes au compromis pour renforcer l'OSCE


Libé
Mercredi 2 Décembre 2020

L' OSCE, très attendue sur les dossiers du Bélarus et du Nagorny Karabakh, va tenter de renforcer sa direction jeudi et vendredi pour gagner en efficacité et en visibilité. Le Conseil ministériel, composé des ministres des Affaires étrangères des 57 pays participant à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), tient sa réunion annuelle. Au cours de ces deux jours, les Européens vont s'efforcer d'offrir à la Russie le rééquilibrage qu'elle réclame au profit de sa sphère d'influence. La rencontre aura lieu par visioconférence en raison de la pandémie de coronavirus, sur invitation de la présidence tournante albanaise, notamment pour désigner par consensus plusieurs hauts diplomates. Créée au moment de la guerre froide pour améliorer le dialogue entre les Occidentaux et l'URSS, l'OSCE couvre l'Europe, la Turquie, les anciennes Républiques de l'espace soviétique, les États-Unis et la Canada. "L'affaiblissement de l'Otan sous la présidence (américaine) de Donald Trump a obligé les alliés européens des États-Unis à s'appuyer sur d'autres institutions pour s'affirmer dans l'espace eurasiatique", analyse le spécialiste en sécurité internationale Nicolas Baladassi. "Ils ont tout intérêt à rééquilibrer son fonctionnement en interne", estime le maître de conférences en histoire contemporaine. Les quatre postes de direction de l'organisation sont traditionnellement attribués à des Occidentaux. Mais depuis plusieurs années, la Russie et l'Asie centrale dénonçaient une injustice. Dans ce climat, aucun consensus n'avait été trouvé l'été dernier pour reconduire le diplomate suisse Thomas Greminger au secrétariat général et le poste est depuis vacant. La Russie avait exigé que l'un des sièges soit offert à un représentant de la Communauté des États indépendants (CEI), mais les Occidentaux avaient refusé, reprochant à Moscou d'émettre des exigences sans vouloir recalculer le barème des contributions. En 2019, les États-Unis ont financé l'institution à hauteur de 11,5%, contre 9% environ pour la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni. La Russie, elle, n'a couvert que 6% de ses frais de fonctionnement. Les discussions semblent cette fois mieux parties. Selon l'ambassadeur américain James Gilmore, l'Allemande Helga Schmid, actuelle secrétaire générale du Service européen pour l'action extérieure (SEAE), doit se voir confier les rênes de l'organisation. "Mme Schmid est connue dans le monde entier", a déclaré le diplomate mardi devant des journalistes. "Ce sera un grand pas en avant pour l'OSCE d'avoir une personne de ce niveau au secrétariat général", a-t-il ajouté. L'un des trois autres postes de direction de l'institution, basée à Vienne, en Autriche, doit revenir pour la première fois à un représentant de l'exURSS, un Kazakh, qui sera alors en charge des minorités. Une Portugaise doit être chargée de la liberté de la presse et un Italien des droits humains. James Gilmore se dit "optimiste" pour un accord jeudi, pointant toutefois les "préoccupations" exprimées par la Hongrie sur la gestion des minorités par l'OSCE. "Cela ne devrait pas, à notre avis, bloquer les progrès de l'OSCE" et le consensus à 57, a estimé l'Américain. En accédant à la requête de rééquilibrage de Moscou, l'Ouest compte obtenir en échange un maintien de la coopération de la Russie sur l'État de droit. Le président russe Vladimir Poutine souhaiterait que l'organisation se concentre sur les seuls enjeux de sécurité, ce que déplorent l'UE et l'Amérique du Nord. Les Européens veulent aussi se rapprocher des pays d'Asie centrale. Ces derniers attachent une grande importance à l'OSCE, seule organisation internationale au sein de laquelle ils sont sur un pied d'égalité avec les Russes. "On regarde toujours la qualité des candidatures, l'expérience, l'expertise", a indiqué à l'AFP le ministre canadien des Affaires étrangères FrançoisPhilippe Champagne. "Je ne pense pas qu'il soit judicieux d'exclure par principe des membres. Bien sûr, les personnes en question doivent démontrer leur attachement aux principes fondamentaux de l'organisation", at-il insisté.


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