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La Monarchie réformatrice et l’USFP convergent ainsi autour d’un socle commun : la conviction que l’Etat social ne se limite pas à corriger les inégalités, mais qu’il doit prévenir leur reproduction en plaçant l’humain au centre du développement. Un discours fondateur pour une refondation de la responsabilité politique
Le discours Royal a marqué un moment fort dans la vie politique nationale. Plus qu’un simple rituel constitutionnel, il a incarné, tout comme les différents discours du Monarque dans de pareilles occasions, une orientation stratégique pour le Maroc, réaffirmant la primauté de la justice sociale et la nécessité d’un renouveau dans la gouvernance publique. Sa Majesté le Roi Mohammed VI y a replacé le citoyen au cœur des politiques publiques, en rappelant que la légitimité de l’action de l’Etat ne réside pas dans l’accumulation de programmes, mais dans leur impact réel sur la vie des Marocains. Par cette approche, le Souverain a redonné une consistance au principe de responsabilité politique, en liant clairement la reddition des comptes à la crédibilité de la décision publique.
Cette vision, fondée sur l’équilibre entre performance économique et équité sociale, rejoint dans sa profondeur la philosophie de l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Depuis des décennies, le parti défend l’idée d’un Etat bâtisseur, garant de la justice et du progrès collectif. La Monarchie réformatrice et l’USFP convergent ainsi autour d’un socle commun: la conviction que l’Etat social ne se limite pas à corriger les inégalités, mais qu’il doit prévenir leur reproduction en plaçant l’humain au centre du développement.
Le discours Royal agit comme un miroir tendu à la majorité : soit elle redonne souffle à l’action publique, soit elle devra rendre des comptes devant le peuple souverainLa Monarchie citoyenne et la pensée socialiste de l’USFP : un humanisme au service de la justice sociale
Ce que le discours Royal du 10 octobre a exprimé avec force, c’est la vision d’une Monarchie citoyenne : une monarchie à l’écoute, qui oriente et exige des résultats concrets. En affirmant qu’«il ne peut y avoir de concurrence entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux», SM le Roi a donné un sens profond à l’idée de cohérence du développement. Il s’agit de bâtir un modèle global, où les infrastructures, la croissance et la prospérité économique se traduisent en mieux-être social et en dignité quotidienne.
Cette conception rejoint parfaitement la pensée socialiste nationale, telle que portée par l’USFP, qui refuse de séparer la croissance économique de la justice sociale, la liberté d'agir et d'investir de la responsabilité à l'égard d'autrui, l'enrichissement du devoir de solidarité. Le parti a toujours défendu une approche humaniste du progrès, où la richesse n’a de valeur que si elle améliore la condition des citoyens. Mais la réalité sociale du Maroc révèle une autre image : une majorité gouvernementale enfermée dans une logique technocratique, obsédée par les équilibres budgétaires et déconnectée de la souffrance réelle du peuple. La politique s’est réduite à un exercice comptable, où la rigueur financière supplante la justice sociale. Le discours Royal vient ainsi rappeler que la force d’un Etat ne se mesure pas à son produit intérieur brut, mais à la confiance qu’il inspire et à la dignité qu’il garantit.
Gouverner, c’est assumer: la responsabilité politique au cœur du message Royal
Ce message Royal, à la fois mesuré et ferme, s’adresse à tous les acteurs institutionnels. En rappelant que la Constitution de 2011 a défini avec précision les rôles et les responsabilités de chaque institution, SM le Roi a implicitement mis en garde contre la tentation de l’irresponsabilité politique. La Monarchie fixe le cap, mais l’exécution revient au gouvernement et au Parlement. Or, à l’approche de la fin du mandat, le Maroc semble freiné par un déficit de décision et une absence de vision.
La motion de censure portée par le Groupe socialiste a ainsi pris une valeur symbolique majeure. Elle n’était pas une manœuvre, mais un acte de responsabilité nationale, destiné à rappeler que la démocratie n’a de sens que si elle s’accompagne d’un devoir de reddition des comptesLe discours Royal agit comme un miroir tendu à la majorité : soit elle redonne souffle à l’action publique, soit elle devra rendre des comptes devant le peuple souverain. Car la sanction démocratique appartient aux urnes, et l’histoire récente l’a prouvé avec la débâcle du PJD. Pourtant, la leçon n’a pas été retenue. Dans les secteurs vitaux de la santé, de l’éducation et de l’emploi, le gouvernement s’est contenté de demi-mesures, incapable de restaurer la confiance. Ce manque de courage politique a nourri une contestation sociale légitime, notamment au sein de la jeunesse, qui cherche des réponses et non des justifications.
La motion de censure portée par le Groupe socialiste a ainsi pris une valeur symbolique majeure. Elle n’était pas une manœuvre, mais un acte de responsabilité nationale, destiné à rappeler que la démocratie n’a de sens que si elle s’accompagne d’un devoir de reddition des comptes. Dans un pays où le citoyen exprime parfois ce que les institutions taisent, cette motion avait pour objectif de réhabiliter la noblesse du débat politique.
Justice territoriale: appel à corriger les inégalités et à oeuvrer pour plus d'équité
L’un des aspects les plus marquants du discours Royal réside dans sa lecture territoriale du développement. En évoquant la situation des zones montagneuses, des oasis et des territoires vulnérables, le Souverain a souligné l’urgence de corriger les déséquilibres spatiaux qui freinent la cohésion nationale. Ces régions, souvent marginalisées, représentent près du tiers du territoire marocain et concentrent une grande partie des inégalités sociales.
Cette priorité Royale prolonge la réflexion portée depuis plusieurs années par l’USFP à travers ses documents stratégiques. Le parti considère que la justice territoriale n’est pas un complément de politique sociale, mais une condition de stabilité nationale. La prospérité d’une métropole ne vaut rien si elle repose sur la désertification des campagnes et la marginalisation des zones enclavées. Le discours Royal rappelle ainsi que le développement doit être territorialisé : chaque dirham investi doit se traduire par un emploi local, un service public accessible et une amélioration tangible des conditions de vie.
En défendant cette approche, la Monarchie et la social-démocratie convergent autour d’un même projet : construire un Maroc des régions solidaires, où la croissance n’est pas concentrée mais partagée, et où la proximité devient une nouvelle forme d’équité.
Diplomatie parlementaire et partisane: l’autre visage de la responsabilité
Le discours Royal a également consacré la diplomatie parlementaire et partisane comme levier stratégique de rayonnement national. En saluant les efforts des représentants de la Nation dans la défense des intérêts du Maroc, SM le Roi a fait de la diplomatie politique un prolongement naturel de la diplomatie d’Etat. C’est une reconnaissance du rôle des partis et du Parlement dans la consolidation de l’image du Maroc sur la scène internationale.
L’Union socialiste des forces populaires a, de longue date, incarné cette dimension. Par sa présence active au sein de l’Internationale socialiste, de la coopération afro-arabe et des forums progressistes mondiaux, elle a contribué à forger une image cohérente du Maroc, pays engagé, solidaire et fidèle à ses valeurs universelles. Cette diplomatie des idées complète la diplomatie institutionnelle: elle parle le langage des valeurs, celui de la justice, de la démocratie et du respect des peuples.
A l’inverse, les partis de la majorité se sont enfermés dans une posture locale, réduisant la politique à une gestion domestique sans souffle stratégique. Leur absence sur la scène internationale traduit une perte de vision et d’ambition. Le discours Royal, en insistant sur ce point, a rappelé que la crédibilité externe d’un pays commence par la crédibilité de son action interne, et que l’influence se gagne par la cohérence.
Economie et gouvernance : exigence des résultats
Sur le plan économique, le discours Royal a fixé un cadre de réforme précis: il ne s’agit plus d’accumuler la conception des plans, mais de produire des résultats. La Monarchie trace une ligne claire entre ambition et efficacité : l’investissement public doit devenir un instrument de justice, et non une statistique de performance.
Cette vision rejoint la démarche prônée par l’USFP, qui appelle à une économie au service de la dignité. Le parti plaide pour une planification stratégique nationale fondée sur la transparence, la simplification administrative et la coordination entre l’Etat, les régions et le secteur privé. Le défi n’est pas de dépenser davantage, mais de dépenser mieux. Chaque dirham investi doit pouvoir être justifié par ce qu’il change dans la vie quotidienne des Marocains.
En érigeant l’efficacité, la reddition des comptes et la transparence en principes cardinaux, le discours Royal redonne sens à la gouvernance publique. Il met fin à l’ère des promesses pour ouvrir celle de la responsabilité mesurable. C’est là que se rejoignent la monarchie réformatrice et la pensée socialiste : dans la conviction que la performance économique n’a de valeur que si elle participe à renforcer la justice sociale.
Réarmer la démocratie: la responsabilité partagée
En conclusion, SM le Roi a rappelé que le changement durable ne peut venir de l’extérieur des institutions. Aucune réforme ne réussira sans adhésion, sans engagement et sans participation. La transformation du Maroc ne dépend ni de l’indignation ni de la colère, mais d’une volonté politique collective.
Ce message est une leçon de maturité démocratique : il appelle à un sursaut civique et à une réconciliation entre la politique et la société. L’USFP retrouve ici l’essence de sa mission : construire des ponts entre les institutions et les citoyens, replacer la jeunesse au centre du projet national, et redonner sens à l’engagement.
Aujourd’hui, la balle est dans le camp des partis et des syndicats. Leur devoir n’est plus seulement de commenter, mais d’agir: encadrer la jeunesse, transformer la contestation en proposition et la revendication en participation. Car l’Etat social n’est pas une promesse abstraite: il est une preuve à construire.
Ainsi, entre la Monarchie réformatrice et la gauche responsable se dessine un horizon commun : celui d’un Maroc moderne, juste et cohérent, où la dignité devient le nom politique de la réforme, et où la justice sociale cesse d’être un discours pour redevenir un destin national.
Par Mohamed Assouali
Secrétaire provincial de l USFP – Tétouan