Il faut mettre sur pied une stratégie de gestion des personnes envenimées en temps de pandémies

Dr. Naoual Oukkache, responsable du laboratoire venins et toxines à l'Institut Pasteur


Libé
Vendredi 10 Septembre 2021

Il faut mettre sur pied une stratégie de gestion des personnes envenimées en temps de pandémies
Libé : Comment s'est déroulée la récolte d'informations ?
J’ai d’abord reçu un questionnaire élaboré par des experts. Il comprenait une dizaine de questions auxquelles j’ai répondu par email. Ensuite, j’ai eu une discussion approfondie avec les experts du Health Action International (HAI) par WhatsApp. 
 
En comparaison avec d’autres pays, où en est le Maroc dans le cadre de l’étude ?
La situation au Maroc est identique à celle de la majorité des pays. Actuellement, la politique internationale donne la priorité aux patients Covid+. C’est le cas également au Maroc. Les patients envenimés nécessitent des soins intensifs au même titre que les patients atteints du Covid-19, d’où les difficultés liées à la prise en charge des personnes victimes d’une morsure de serpent.
D’après l’étude, le Maroc s’en sort bien puisqu’il n’y a pas eu de pénurie d'anti venins.
La pénurie de venin n’est pas le problème central car les producteurs des antivenins et des vaccins anti-Covid sont différents. La difficulté principale se situe surtout au niveau des structures hospitalières ainsi que par rapport à la pression subie à cause des patients Covid par les médecins, les infirmiers et le corps médical en général.

Comment y remédier ?
Les envenimations par morsure de serpent peuvent causer des décès. Dès lors, mettre sur pied une stratégie internationale de gestion des personnes envenimées en temps de pandémies s’avère être une action primordiale.

Quel organisme peut-il impulser cette stratégie ?
Health Action International est en mesure d'impulser cette stratégie. D’autant plus que c’est un organisme qui s'intéresse surtout aux problèmes de santé négligés comme les envenimations qui en cette période ont causé des décès à cause notamment des difficultés d'accès aux hôpitaux. Le HAI a décidé de passer à l’action en commençant par étudier l’impact de cette pandémie sur le nombre de décès par envenimations de serpents.

La présence de plusieurs espèces de serpents dans un même pays aide-t-elle dans le cadre de la recherche scientifique?
Déjà, s’il y a plusieurs espèces de serpents dangereux dans un même pays, on est avant tout face à un énorme problème de santé publique. Certes la recherche scientifique avance et permet de trouver des solutions et des traitements mais il faut tout de même préciser qu’une recherche scientifique efficace est avant tout liée aux technologies utilisées et à la qualité des expertises. Donc, c’est principalement une question d’argent et d’investissement.

Comment jugez-vous l'évolution de la prise en charge des envenimations par serpent au Maroc?
Par rapport aux envenimations scorpioniques, la gestion et la prise en charge des envenimations par serpent sont bonnes, du fait que le traitement spécifique "antivenin" est introduit dans la prise en charge à l’inverse de celle des envenimés par scorpion qui se fait sans antivenin. Le monde entier traite les envenimés par scorpion avec les antivenins sauf le Maroc.
Propos recueillis par Chady Chaabi

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