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Il en enveloppa même dans les plis de sa ceinture, qui était d’une étoffe de soie ample et à plusieurs tours, et il les accommoda de manière qu’ils ne pouvaient pas tomber. Il n’oublia pas aussi d’en fourrer dans son sein, entre la robe et la chemise autour de lui.
Aladdin, ainsi chargé de tant de richesses sans le savoir, reprit en diligence le chemin des trois salles, pour ne pas faire attendre trop longtemps le magicien africain ; et après avoir passé à travers avec la même précaution qu’auparavant, il remonta par où il était descendu, et se présenta à l’entrée du caveau, où le magicien africain l’attendait avec impatience. Aussitôt qu’Aladdin l’aperçut : « Mon oncle, lui dit-il, je vous prie de me donner la main pour m’aider à monter. » Le magicien africain lui dit : « Mon fils, donnez-moi la lampe auparavant, elle pourrait vous embarrasser.
– Pardonnez-moi, mon oncle, reprit Aladdin, elle ne m’embarrasse pas ; je vous la donnerai dès que je serai monté. » Le magicien s’opiniâtra à vouloir qu’Aladdin lui mît la lampe entre les mains avant de le tirer du caveau, et Aladdin, qui avait embarrassé cette lampe avec tous ces fruits dont il s’était garni de tous côtés, refusa absolument de la donner avant qu’il ne fût hors du caveau.
Alors le magicien africain, au désespoir de la résistance de ce jeune homme, entra dans une furie épouvantable : il jeta un peu de son parfum sur le feu, qu’il avait eu soin d’entretenir, et à peine eut-il prononcé deux paroles magiques, que la pierre qui servait à fermer l’entrée du caveau se remit d’elle-même à sa place, avec la terre par-dessus, au même état qu’elle était à l’arrivée du magicien africain et d’Aladdin. Il est certain que le magicien africain n’était pas frère de Mustafa le tailleur, comme il s’en était vanté, ni par conséquent oncle d’Aladdin.
Il était véritablement d’Afrique, et il y était né ; et comme l’Afrique est un pays où l’on est plus entêté de la magie que partout ailleurs, il s’y était appliqué dès sa jeunesse, et après quarante années ou environ d’enchantements, d’opérations de géomance, de suffumigations et de lecture de livres de magie, il était enfin parvenu à découvrir qu’il y avait dans le monde une lampe merveilleuse, dont la possession le rendrait plus puissant qu’aucun monarque de l’univers s’il pouvait en devenir le possesseur. Par une dernière opération de géomance, il avait connu que cette lampe était dans un lieu souterrain au milieu de la Chine, à l’endroit et avec toutes les circonstances que nous venons de voir. Bien persuadé de la vérité de cette découverte, il était parti de l’extrémité de l’Afrique, comme nous l’avons dit ; et après un voyage long et pénible, il était arrivé à la ville qui était si voisine du trésor.
Mais quoique la lampe fût certainement dans le lieu dont il avait connaissance, il ne lui était pas permis néanmoins de l’enlever lui-même ni d’entrer en personne dans le lieu souterrain où elle était. Il fallait qu’un autre y descendît, allât la prendre et la lui mît entre les mains : c’est pourquoi il s’était adressé à Aladdin, qui lui avait paru un jeune enfant sans conséquence et très propre à lui rendre ce service qu’il attendait de lui, bien résolu, dès qu’il aurait la lampe dans ses mains, de faire la dernière fumigation que nous avons dite et de prononcer les deux paroles magiques qui devaient faire l’effet que nous avons vu, et sacrifier le pauvre Aladdin à son avarice et à sa méchanceté, afin de n’en avoir pas de témoin. Le soufflet donné à Aladdin et l’autorité qu’il avait prise sur lui n’avaient pour but que de l’accoutumer à le craindre et à lui obéir exactement, afin que, lorsqu’il lui demanderait cette fameuse lampe magique, il la lui donnât aussitôt. Mais il lui arriva tout le contraire de ce qu’il s’était proposé.
Enfin il n’usa de sa méchanceté avec tant de précipitation, pour perdre le pauvre Aladdin, que parce qu’il craignit que, s’il contestait plus longtemps avec lui, quelqu’un ne vînt à les entendre et ne rendît public ce qu’il voulait tenir très caché. Quand le magicien africain vit ses grandes et belles espérances échouées à n’y revenir jamais, il n’eut pas d’autre parti à prendre que de retourner en Afrique. C’est ce qu’il fit dès le même jour. Il prit sa route par des détours pour ne pas rentrer dans la ville d’où il était sorti avec Aladdin. Il avait à craindre en effet d’être observé par plusieurs personnes qui pouvaient l’avoir vu se promener avec cet enfant et revenir sans lui.
(A suivre)