Hafid Zailachi, la peinture sur les sacs de ciment est une histoire de famille


MAP
Mardi 9 Juillet 2013

Un tas de papiers soigneusement pliés en main, un journal pointant de la poche de son pantalon jean délavé par l'usage, Hafid Lamrabet se promène avec légèreté et allégresse, tel un papillon, entre les tables d'un célèbre café du centre-ville d'Asilah, à la recherche de clients qui s'y connaissent en art, du moins assez pour apprécier à leur juste valeur ses toiles.
Il ne s'agit pas de toiles ordinaires, explique-t-il fièrement. Dessinées sur un support peu commun, à savoir les sacs de ciment récupérés chez les maçons de la ville et découpés à la main, elles sont "écologiques" et peu coûteuses car fabriquées à partir de matières premières végétales et animales.
Ainsi, le safran, le curcuma, l'huile d'argan et les cornes du mouton séchées puis moulues en poudre fine, servent de couleurs essentielles aux œuvres de Hafid qui se revendique de l'art abstrait.
Les thématiques sont, elles aussi, puisées dans le quotidien de ce havre de paix qu'est la ville d'Asilah: des femmes sans visages regardant la rue à travers des fenêtres grillagées, ou tenant dans leurs mains des clés en signe d'émancipation, des musiciens jouant à leurs instruments, des murailles, arcades et monuments caractéristiques de la ville, sont ses thématiques de prédilection.
Sous les regards tantôt admiratifs tantôt indifférents des touristes, l'artiste quadragénaire au teint embruni par le soleil et à l'allure volontairement bohémienne, déroule sa collection composée de dizaines de toiles pliées et entassées les unes sur les autres et s'ingénie à expliquer, en espagnol, anglais, français et même en chinois la technique et le message véhiculé par chacune d'elles.
En fonction de l'originalité du thème de la toile, de la technique utilisée et du temps qu'elle a nécessité, les prix oscillent entre 50 et 500 dirhams.
"Il arrive que certains me prennent pour un arnaqueur ou un escroc qui cherche à leur soutirer de l'argent", confie-t-il. Mais aussitôt la conversation engagée, le courant passe et, même si les œuvres de l'artiste ne trouvent pas immédiatement preneur, il se fait tout de même de solides connaissances parmi les touristes pour lesquels il est devenu une partie du décor général de la ville. Sa notoriété profite surtout du bouche-à-oreille.


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