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Force de résilience


Habib El Malki
Samedi 14 Octobre 2023

Force de résilience
A peine sortie de la catastrophe naturelle qui a frappé la région d’Al Haouz, Marrakech, capitale de la région, parvient à retrouver rapidement sa vitalité et son dynamisme.  Cette ville accueille actuellement le gotha de la finance mondiale dans le cadre des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale. La tenue de ces Assemblées offre l’occasion de discuter et d’approfondir la réflexion sur de multiples questions qui conditionnent les stratégies de croissance et de développement dans le monde, portant notamment sur le changement climatique, les énergies renouvelables, les matières premières, les nouvelles technologies, le développement humain et les financements. Face à ces multiples défis, le renforcement des réseaux de coopération Sud-Sud s’impose aujourd’hui comme un chantier d’avenir et plein de promesse pour les pays en développement dans un contexte mondial en profonde restructuration. La densification de ces réseaux à travers les continents nécessite évidemment un engagement accru de la part des banques de développement pour la mobilisation de financements plus importants et plus accessibles en faveur des pays du Sud. 

Organisées en Afrique pour la seconde fois depuis plus de cinquante ans, ces Assemblées offrent également l’occasion d’explorer les voies d’émergence du continent africain et les politiques à mettre en œuvre dans le cadre de la coopération Sud-Sud en vue d’une plus grande intégration à la dynamique de croissance mondiale. L’expérience du Maroc, pays hôte, présente à cet égard un intérêt particulier qu’il importe d’analyser en tant qu’économie émergente qui, comme la plupart des économies africaines, fait face à la montée des incertitudes.

Le Maroc fait preuve d’une grande capacité de résilience face à la multiplication des facteurs de risque. Malgré les effets déstabilisateurs des chocs causés successivement par la pandémie, la persistance de la sécheresse, l’inflation, la perturbation des chaînes de valeurs mondiales et, dernièrement, le séisme de la région d’Al Haouz, la dynamique économique et sociale enclenchée depuis plusieurs années se poursuit et même se renforce. L’impact de ces chocs tant sur le plan économique que social a été globalement contenu en puisant dans  les ressorts internes de l’économie et la société. On se souviendra que face aux risques encourus durant l’épisode épidémique, le Maroc a fait preuve d’une grande réactivité en agissant avec promptitude et efficacité dans la gestion de la crise dans sa triple dimension : sanitaire, économique et sociale. Le choc climatique, devenu récurrent ces dernières années avec ses répercussions sur les ressources hydriques qui affectent particulièrement les activités agricoles, se trouve quelque peu atténué, sur le moyen-long terme, par un double effort : l’investissement massif dans les infrastructures hydriques et la diversification des structures productives. Les chocs externes liés à l’instabilité géopolitique et qui se traduisent ces dernières années par la hausse des cours des matières premières et de l’énergie font peser, quant à eux, une forte contrainte sur les équilibres fondamentaux, nécessitant une gestion prudente. Enfin, pour ce qui est du dernier choc, celui du tremblement de terre, on relèvera que quatre semaines à peine après la catastrophe et grâce à un grand élan de solidarité, les populations sinistrées de la région ont été prises totalement en charge avec la mise en place de structures provisoires d’hébergement, le lancement des travaux de restauration des infrastructures de base et la programmation des projets de reconstruction des habitations endommagées ou complètement démolies. 

Comme on peut le constater, la montée des risques montre l’impérieuse nécessité d’œuvrer à l’avenir au renforcement des capacités de résilience de l’économie et de la société face aux chocs de toute nature dans le cadre d’une stratégie globale couvrant différents axes de la sphère économique et sociale. Le premier axe se réfère à l’environnement institutionnel et au système de gouvernance. La gestion des situations de crise a montré en effet toute l’importance que revêtent, en cas d’urgence, la qualité des institutions et le mode de gouvernance des structures en charge de l’action publique. Elle a montré également la nécessité de la mise en cohérence de l’action publique dans le cadre d’une planification stratégique permettant une bonne articulation entre le court, le moyen et le long termes avec leur double déclinaison, sectorielle et spatiale. 

Le deuxième axe prioritaire pour le renforcement de la résilience face aux situations de chocs est celui des infrastructures de base nécessaires au bon fonctionnement du système économique, notamment les infrastructures de  transport, de logistique, de télécommunications et des services de base. Outre son rôle déterminant dans la gestion de la crise en cas de catastrophe, la consolidation des infrastructures à caractère économique et social constitue un véritable moteur pour la relance de l’activité à travers ses effets multiplicateurs sur les chaînes de production.  A un moment où des opportunités de relocalisation des activités se présentent avec la reconfiguration des chaînes de valeurs mondiales après la crise sanitaire, la qualité des infrastructures du pays peut constituer un argument de poids pour un meilleur positionnement dans la nouvelle dynamique des investissements étrangers. Le Maroc peut en tirer quelques avantages compte tenu de sa proximité de l’un des plus importants marchés à l’échelle internationale à condition d’améliorer ses paramètres d’attractivité, dont les infrastructures de base.

Les perturbations de l’environnement économique dans un contexte géopolitique instable ont montré par ailleurs qu’un système productif résilient, compétitif et de haute productivité est plus en mesure d’absorber les chocs exogènes et assurer un certain degré d’autonomie en situation de crise. Ceci est particulièrement le cas pour les entreprises opérant dans les activités produisant les biens de première nécessité comme les produits alimentaires, les médicaments ou les produits d’hygiène. De ce point de vue, assurer un certain degré d’autonomie de l’économie devient l’une des principales priorités de l’action publique. On rappellera d’ailleurs que la sécurité alimentaire, notamment, a été pendant longtemps érigée comme l’un des axes majeurs de la politique agricole au Maroc. Il importe maintenant de prendre les mesures nécessaires pour renforcer cette orientation dans le cadre d’une stratégie agricole intégrant la contrainte hydrique qui devient de plus en pesante avec la fréquence des années de sécheresse.

La refondation des choix de politique économique ne peut enfin être conçue sans la prise en compte de la dimension relative au développement du capital humain. Le renforcement des capacités de résilience de l’économie et de la société toute entière implique la poursuite des efforts entrepris dans les domaines de l’éducation et de la formation. Les gains en matière de compétitivité, de productivité et d’emploi restent subordonnés à la qualité du système éducatif et de formation professionnelle. L’autre facteur de résilience est le degré de cohésion sociale et de solidarité. Là encore, l’expérience vécue a montré la nécessité de développer de nouvelles formes de solidarité à travers la mise en place des systèmes de protection inclusifs, le développement de programmes de réduction des inégalités et l’instauration des filets de sécurité pour pouvoir atténuer les chocs affectant plus particulièrement les catégories sociales les plus vulnérables. La généralisation de la protection sociale constitue une grande avancée dans ce sens qu’il importe de consolider à l’avenir pour plus de résilience au plan social.

Par Habib El Malki


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