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“Exfiltrés” Un film sur le retour des jihadistes et de leurs enfants de Syrie

Le long métrage est basé sur une histoire vraie, celle vécue par une Française en 2015


A.A
Vendredi 15 Mars 2019

Dans le film "Exfiltrés", Kassem Khoja incarne un militant syrien aidant à faire sortir une Française et son enfant de Raqa. Il y a plus de trois ans, ce Syrien de 24 ans s'échappait lui-même de celle qui fut "la capitale" du groupe Etat islamique. Ce premier long métrage du réalisateur Emmanuel Hamon a tout d'un thriller haletant, si ce n'est qu'il est basé sur une histoire vraie, celle vécue par une Française en 2015, lorsque l'Etat islamique (EI) était à son apogée. "Quand j'ai lu le scénario, c'était un sentiment étrange, mon personnage était à 80% moi-même", affirme Kassem Khoja, qui habite à Paris. Originaire de la ville de Deir Ezzor dans l'est syrien, il a vécu par intermittence à Raqa; il a demandé l'asile en France en 2015. Dans le film, la Française Faustine (Jisca Kalvanda) quitte son mari Sylvain (Swann Arlaud, César du meilleur acteur 2018 pour "Petit paysan") avec leur petit garçon pour aller rejoindre, à son insu, l'EI en Syrie. Rapidement déçue, elle l'appelle à l'aide. Commence alors une dangereuse entreprise d'exfiltration, menée par Sylvain, un infirmier, son chef médecin (Charles Berling), le fils de ce dernier (Finnegan Oldfield) et Adnane (Kassem Khoja), un militant de Raqa réfugié en France.
Les décors et les costumes apparaissent plus vrais que nature : Khoja s'était senti "comme en Syrie" lors du tournage en Jordanie. "La première fois que j'ai vu les personnages de Daech en costumes, ça m'a fait tellement bizarre que je ne voulais pas leur parler", précise l'acteur qui s'exprime en arabe et en français dans le film, mais s'en tient à l'arabe pendant l'interview.  Arrivé de Raqa quelques semaines avant les attentats de Paris de novembre 2015, Khoja préfère ne pas entrer dans le détail des épreuves qu'il a subies, affirmant avoir "souffert comme tout Syrien ayant vécu à Raqa sous Daech".
Dans le film, il y a les drapeaux noirs bien sûr, les barrages, les "cadavres" laissés au tristement célèbre "rond-point de l'enfer" en guise d'exemple. On enseigne au fils de Faustine à manier une kalachnikov et on lui montre des vidéos d'enfants décapitant une peluche.
A Amman, pendant le tournage, les personnages de Daech étaient si crédibles que la police est venue à deux reprises, se rappelle Emmanuel Hamon, ancien assistant de Régis Wargnier, Patrice Chéreau ou Robert Altman. "Des habitants y ont cru tellement qu'ils se sont dit "ça y est, Daech est à Amman"", raconte le réalisateur, auteur de documentaires sur la Russie, Maurice Papon ou l'intellectuel Edward Saïd.
Le film sort dans un contexte bien différent de 2015, l'EI étant acculé dans un réduit sur le point d'être attaqué. Mais la question du retour de jihadistes français et de leurs enfants reste un vrai dilemme en France.  Cette histoire rappelle celles vécues par une poignée de femmes revenues en France et en Belgique, comme celle de Sophie Kasiki, qui a raconté son expérience dans son livre. Pour la véracité du propos, Hamon a tenu à recruter des acteurs syriens (Khoja en a coaché certains pour l'accent "raqaoui"), à recueillir de multiples témoignages et à consulter photos et vidéos montrant Raqa sous l'EI.
Un des acteurs syriens s'est mis à pleurer au début du tournage dans le désert. "Il m'a dit "c'est exactement comme chez moi, à Raqa"", se rappelle Emmanuel Hamon, estimant que "la réalité a dépassé parfois la fiction".
Selon lui, tout comme Kassem Khoja, tous ces acteurs syriens avaient une histoire qui, sans être celle du film, "en était proche". "Les armes de la fiction, je m'en sers pour toucher un large public, pas seulement celui qui lit des articles sur la Syrie", précise-t-il. Hamon affirme avoir mis en scène "des personnages complexes" et tenté de les "humaniser pour qu'ils soient plus palpables".


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