Entretien avec le président du Sénat français, Jean-Pierre Bel: «Le Maroc a démontré qu’il est possible de réformer par le dialogue et dans la stabilité»


Propos recueillis par YOUSSEF LAHLALI
Lundi 12 Novembre 2012

Entretien avec le président du Sénat français, Jean-Pierre Bel: «Le Maroc a démontré qu’il est possible de réformer par le dialogue et dans la stabilité»
Suite à sa visite au Royaume, le président du Sénat français, Jean Pierre Bel, a accordé à «Libé» un entretien dans lequel il revient sur les relations maroco-françaises qu’il qualifie d’«exceptionnelles».

Libé: Vous avez effectué une visite officielle au Maroc au début du mois de novembre. Dans quel cadre cette visite s’est-elle inscrite et dans quel sens les relations entre Rabat et Paris vont-elles évoluer, selon vous ?

Jean-Pierre Bel : Ma visite au Maroc intervient à l’invitation du président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah, que j’avais reçu à Paris dès le mois de juillet. J’ai également rencontré le président de la Chambre des représentants. C’est le signe que les relations parlementaires entre la France et le Maroc sont plus denses que jamais, à l’image des contacts entre les deux gouvernements. Vous le savez, le Roi du Maroc a été le premier chef d’État reçu à l’Élysée par le nouveau Président de la République François Hollande, dès le 24 mai dernier. Les ministres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault ont déjà été nombreux à se rendre ici. Et le Premier ministre lui-même viendra co-présider la rencontre de haut niveau le mois prochain avec son homologue marocain. Le Sénat ne pouvait pas être en reste. J’ai d’ailleurs eu un échange fructueux avec le chef du gouvernement marocain.

Comment qualifierez-vous les relations entre les deux pays ? En tant que Président du sénat d’un pays ami du Maroc, comment voyez-vous le processus de réformes politiques engagé par le Maroc depuis l’année dernière ?

La coopération entre la France et le Maroc est exceptionnelle. A ma connaissance, elle n’a pas d’équivalent au monde. Les nouvelles autorités françaises s’inscrivent tout naturellement dans ce cadre. C’est en tout cas le souhait que je formule à l’issue de ce séjour.
S’agissant du processus de réformes engagé au Maroc, consacré par le référendum du 1er juillet 2011 et les élections du 25 novembre, il a démontré la maturité de la démocratie marocaine. Beaucoup reste sans doute à faire, car les défis économiques et sociaux sont considérables, mais ne comptez pas sur moi pour venir donner des leçons au peuple marocain. La jeunesse qui s’est mobilisée lors de l’éclosion des Printemps arabes a pu s’exprimer en toute liberté. Ce mouvement traduit l’émergence d’une conscience politique forte. Le Maroc montre qu’il est possible de réformer dans le dialogue et la stabilité. C’est cet exemple que je suis venu saluer.

Ce qui caractérise les relations entre la France et le Maroc, c’est la présence d’une communauté marocaine ou d’origine marocaine en France très dynamique qui dépasse un million de personnes. Il y a aussi une communauté française au Maroc de plus de 60.000 personnes. Comment qualifiez-vous cette présence humaine et culturelle des deux côtés de la Méditerranée ?

La force des relations entre nos deux pays réside dans la richesse qu’apporte cette présence humaine des deux côtés de la Méditerranée. L’importante communauté d’origine marocaine en France et la communauté française au Maroc sont dynamiques et permettent, à elles deux, de consolider les relations économiques, politiques et culturelles entre nos deux pays. En témoignent la création d’entreprises et d’associations, le transfert de savoirs dans tous les domaines.
Cette présence forte dans les deux pays traduit la confiance entre les deux États et les deux sociétés et permet la continuité de l’amitié qui unit ces deux peuples et des échanges culturels très denses, comme le montre le réseau des Instituts français au Maroc, le plus grand qu’ait la France à l’étranger.
La France est de plus le premier investisseur étranger au Maroc depuis très longtemps. C’est plus de 500 entreprises françaises qui sont implantées aujourd’hui au Maroc surtout à Casablanca et Tanger ; elles couvrent  de nombreux domaines comme  l’agroalimentaire, l’environnement, l’énergie, le tourisme, les télécommunications, les équipements électriques, le textile et bien d’autres secteurs.
Les Français comme les Marocains doivent regarder cette composante comme un atout pour sortir de la crise et la diversité dans nos deux pays est une véritable richesse pour nos sociétés.

Comment voyez-vous les relations entre la France et  les pays du Sud de la Méditerranée,? Comment voyez-vous en France le processus de l’Union de la Méditerranée ? Est-il toujours viable ou faut-il créer une nouvelle dynamique?

Ma conviction est qu’un partenariat entre les deux rives de la Méditerranée reste plus que jamais indispensable. La France est prête à y prendre toute sa place, dans le respect des sensibilités de chacun. Il est évident que le Maroc peut jouer un rôle moteur dans les progrès de l’intégration régionale au Maghreb. Il est également en mesure de peser, avec la France notamment, au sein du Conseil de sécurité pour que cesse enfin la tragédie du peuple syrien. C’est ainsi que nous pouvons démontrer ensemble par l’exemple que nous avons entendu le message des printemps arabes.


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