Entretien avec Wolfgang Meissner, directeur de Goethe Institut Rabat-Casablanca : « La musique des jeunes est la meilleure chance de briser nos frontières »


Propos recueillis par ALAIN BOUITHY
Vendredi 9 Octobre 2009

Entretien avec Wolfgang Meissner, directeur de Goethe Institut Rabat-Casablanca : « La musique des jeunes est la meilleure chance de briser nos frontières »
Goethe Institut Rabat-Casablanca, l’Association EAC L’Boulevard et Casamémoire
organisent conjointement plusieurs manifestations culturelles et artistiques dans
le cadre de «Hallo Marokko», l’Année culturelle Allemagne-Maroc. Wolfgang Meissner, le directeur de Goethe Institut Rabat-Casablanca que nous avons
rencontré lors du concert des groupes allemand Berlin Boom Orchestra et marocain Baraka, donne ici
les grandes lignes ce rendez-vous.

 Libé : Vous avez choisi de célébrer l’Année culturelle Allemagne-Maroc, «Hallo Marokko», en mettant en valeur de jeunes créateurs. Pourquoi ce choix?

Wolfgang Meissner : La participation directe de la plus jeune génération de créateurs a souvent manqué dans nos échanges culturels. Nous avons donc décidé d’inviter de jeunes chanteurs allemands pour se produire sur la même scène avec des jeunes Marocains. D’où le choix de Berlin Boom Orchestra qui est un groupe berlinois en plein épanouissement, composé de jeunes musiciens entre 20 et 25 ans. Il est assez connu sur la scène nationale allemande et se produit pour la première fois au Maroc.  Notre objectif est d’amener de plus en plus de jeunes créateurs allemands à se produire avec de jeunes Marocains, comme cela a été le cas ce soir. Nous avons apprécié un jeune musicien marocain qui a chanté du reggae avec ses camarades allemands. Preuve qu’ils se comprennent. C’est cela qui est important. C’est une manière de dire il n’y a pas de frontières entre nous. Que celles-ci sont créés dans nos têtes, mais ne sont ni dans nos cœurs ni dans la musique. Je pense que la musique des jeunes est la meilleure chance de briser les frontières que nous dressons les uns contre les autres.
Par ailleurs, l’Allemagne célèbre aujourd’hui (3 octobre) sa fête nationale. Et savoir qu’un groupe de Berlin joue non pas à Berlin mais au Maroc, c’est une bonne chose. Même pour les membres du groupe qui exportent ainsi leurs histoires contemporaines au Maroc.

Le concert de Casablanca met en scène deux groupes de reggae, Berlin Boom Orchestra et Baraka. Le reggae étant une musique engagée, quel message comptiez-vous passer à travers ce choix ?

Ce groupe est très connu au niveau national pour ses textes engagés contre le racisme, la fermeture des frontières et pour la multiculturalité des grandes métropoles, la compréhension des cultures sur les plans religieux et éducatif, des symboles et gestes. Avec Baraka, ces deux groupes ont su travailler ensemble sans difficultés et briser les frontières auxquelles je faisais allusion. Ce sont deux groupes qui font partie de la société.

Dans la rubrique concert, vous proposez deux groupes, l’un marocain et l’autre allemand. Serait-ce toujours la même formule pour les prochaines éditions ?

Pas forcément. Ils ont joué la veille à Salé et ce soir à Casablanca. Le week-end prochain, ce sera au tour d’un autre groupe de se produire à, savoir Bonderos.
Mieux, on espère accueillir en printemps 2010 beaucoup plus de groupes de Berlin, mais aussi de Francfort, Munich et d’autres villes allemandes. Dans le cadre de ce projet, on va aussi inviter les jeunes musiciens marocains à se produire en Allemagne.

A-t-il été difficile de réunir les différents groupes invités à cette édition?

Il n’y a pas eu vraiment de difficultés. Juste quelques soucis au niveau de la logistique, ce qui peut arriver en Allemagne comme partout dans le monde. Au niveau compréhension, contact, empathie directe et instantanée, il n’y avait aucun problème. Les artistes se sont vite compris.

Quelle sont les autres activités prévues dans le cadre de cette manifestation ?

Nous organisons actuellement dans les anciens abattoirs de Casablanca, en partenariat avec Casamémoire, une grande exposition d’architecture sous le signe « Dans le désert de la modernité, contribution de Casablanca à la modernité européenne ». Qui évoque le discours historique et architectural des grandes métropoles de notre temps. Comment est-il construit par la politique ?

Comment est modelé par les gens qui doivent les habiter?

Ce n’est pas ici de la musique, plutôt une réflexion pour les deux pays, une réflexion qui soit sociétale, historique et politique.  Par ailleurs, on est maintenant en train de traduire la littérature arabe en allemand. Autre chose assez intéressante, on traduit 8 à 10 tomes de grands dictionnaires techniques en métallurgie, physique, astronomie, science d’ingénierie en langue arabe. Qui seront distribués entre 2010 et 2012, dans les universités et écoles techniques au Maroc, ainsi que dans d’autres pays arabes.

Quel message aimeriez-vous que les Casablancais retiennent du concert de reggae de ce week-end ?

Ecoutons-nous ensemble.




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