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Entretien avec René Carron, président sortant de la Confédération internationale du crédit agricole : “Le microcrédit ne doit pas être une réalité parcellaire, mais un véritable outil du développement de l’agriculture”


Propos recueillis par ALAIN BOUITHY
Mardi 9 Novembre 2010

Entretien avec René Carron, président sortant de la Confédération internationale du crédit agricole : “Le microcrédit ne doit pas être une réalité parcellaire, mais un véritable outil du développement de l’agriculture”
Président sortant
de la CICA (Confédération
internationale
du crédit agricole), René Carron
a présidé les travaux du 3ème Congrès international sur
le financement rural et agricole tenu
du 28 au 30 octobre
à Marrakech. Dans cet entretien,
il revient sur
divers sujets
touchant à la finance agricole abordés lors de ce conclave auquel ont participé 300 experts.

Libé : Il a beaucoup été question de financement agricole lors de ce conclave. Dans un contexte de crise financière internationale, pensez-vous qu’il faille revoir les mécanismes de financement actuels dans le milieu rural ?

René Carron : Il y a plusieurs questions dans vos questions. D’abord, que peut-on faire comme investissement financier pour ceux qui veulent engager une démarche de développement durable de réseau et d’exploitation? De ce point de vue, même s’il faut faire évoluer les choses, je pense que le microcrédit est le plus adapté. C’est une réalité.
Je ne pense pas honnêtement que la crise financière puisse altérer notablement la capacité du microcrédit. C’est un problème de volonté des financiers et des Etats. Mais je pense que, quoi qu’en dise, il y a eu beaucoup de choses qui ont évolué, une amplification de cette action financière en microcrédit depuis quelques années.

La question du financement agricole et rural est beaucoup plus préoccupante au Sud qu’au Nord. Face à la menace d’une crise alimentaire, quelles sont les actions qui vous paraissent urgentes pour éloigner cette menace?

Je pense d’abord que l’agriculture reste une volonté interne à chaque pays. Même si nous sommes dans la logique d’interdépendance, il y a d’abord la volonté de permettre à ceux qui n’ont pas assez à manger de pouvoir se nourrir. Et cela est la vocation de l’agriculture. Ensuite, c’est la deuxième phase, produire en plus pour permettre un cycle des échanges. Cela concerne les accords qui sont passés entre les pays et entre les continents. Dans certains pays, nous n’en sommes pas encore là. Mais je pense que les grands acteurs financiers devront aussi agir, pour certains d’entre eux. C’est déjà le cas au groupe Crédit agricole France où nous avons créé la Fondation Grameen Crédit agricole pour le microcrédit dans le monde. Nous avons mis 80 millions d’euros. C’est une volonté délibérée.
Donc, les grands acteurs et les Etats devront trouver les moyens de financer l’agriculture. D’ailleurs, on a bien vu lors de ce congrès que dans certains pays, l’action des acteurs privés devaient s’accompagner d’une action des acteurs publics pour qu’on puisse ensemble trouver les moyens du développement de cette agriculture dont chacun a besoin. Les pays en tant que tels et puis la planète, parce que je ne pense pas qu’on puisse durablement accepter qu’avec un potentiel agricole réel qu’on soit incapable de nourrir ceux qui ont faim.

A vous entendre, cette action que vous appelez de votre vœu entre le privé et le public n’est pas encore assez visible.

Si elle existe. Vous savez que le monde est grand et une des caractéristiques de ce congrès est qu’il nous permet de découvrir qu’ici et là, il y a des actions qui sont conduites et qu’il y en a qui sont peut-être plus connues. Donc, ce lieu est avant tout un espace de rencontre, d’échange d’expériences pour que chacun puisse mesurer ailleurs, qu’on fait des choses en vue de nous enrichir les uns les autres.

En ce qui vous concerne, quels enseignements tirez-vous de ces Assises ?

J’aurais pris connaissance du Plan Maroc Vert qui est un plan que tout le monde s’accorde à penser qu’il est structuré, réaliste, raisonnable et qu’il est ambitieux et sous-tendu par une volonté publique très forte. Et puis, nous avons appris aussi que sur le microcrédit aujourd’hui il y a une forme de maturité qui fait que dans tous les pays, on réfléchit pour essayer de progresser, faire en sorte que le microcrédit ne soit pas une réalité parcellaire, mais bien un véritable outil de la première marche du développement de l’agriculture. Je rappelle aussi que le microcrédit, c’est aussi la possibilité de faire passer les hommes et les femmes du statut de spectateurs victimes de leur destin à acteurs de leur propre destin. C’est la première marche de la dignité.

Quels sont les efforts à fournir en ce qui concerne les risques dans l’agriculture sachant que nous avons souvent un problème de communication?

On en revient toujours au microcrédit. Le problème de celui-ci suppose qu’il y a eu une formation des agriculteurs qui en bénéficient, qui connaissent les mécanismes financiers et donc qui soient à même de s’intégrer et de comprendre. C’est un problème de démarche et de formation. Le problème de l’agriculture est un problème de formation des acteurs de production agricole, de financement des activités et d’organisation de la filière. Car, produire plus, si on n’est pas capable de stocker, d’acheminer et de vendre, ne sert pas à grand-chose. La raison pour laquelle le microcrédit investit en agriculture échoue souvent tout simplement parce que le produit agricole, vous ne le mettez pas dans un petit coin.
Le microcrédit avait très bien réussi dans les métiers artisanaux parce que vous pouvez stocker sans risque. Pour les produits alimentaires et surtout dans les pays chauds, quand vous avez produit, récolté, il faut vite stocker, conserver, autrement tout pourrit sur place. Donc, c’est ce qui a rendu plus difficile le microcrédit. J’observe que ce microcrédit était enclenché depuis des années, c’était souvent des banques d’Etat qui le détenaient. Mais quand les agriculteurs ne pouvaient pas rembourser, la source s’était tarie.

Un mot sur le déroulement des travaux?

Je n’ai pas à juger un congrès que je présidais. Cela dit, je pense que chacun s’est exprimé avec sa culture, son talent et ses problèmes. Je pense de manière générale qu’il a été riche, assez rigoureux et sérieux.

Repères

La CICA (Confédération internationale du crédit agricole) rassemble les banques et autres organismes engagés dans le financement de l’agriculture et du secteur rural. Cette structure s’adresse principalement aux dirigeants élus et aux directeurs généraux de ces institutions, auprès desquels elle encourage l’échange et le dialogue.


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