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Lors de la Semaine économique de la Méditerranée, de nombreux décideurs, dirigeants, institutionnels et chefs d’entreprises se sont réunis dernièrement à Marseille pour échanger leurs points de vue sur le développement économique en Méditerranée. Cette année, la Semaine place la jeunesse au cœur des débats ayant abordé quatre thèmes principaux à savoir : jeunesse, éducation et insertion ; jeunesse, emploi responsable et mobilité ; jeunesse, économie et commerce, ainsi que jeunesse et politique
La Semaine économique de la Méditerranée est organisée par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la ville de Marseille, la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole, l’Etablissement public d’aménagement euro-méditerranéen, la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence, et coordonnée par l’Office de coopération économique de la Méditerranée et l’Orient (OCEMO).
Dans ce cadre, nous avons rencontré le président de la région Paca, Michel Vauzelle. Il a livré son point de vue sur plusieurs questions de la Méditerranée. Faisant savoir à ce propos qu’ « Il y a maintenant une attente venant des pays arabes, du message qui vient des Européens. Sans intervenir dans la vie politique ni porter des jugements sur la culture et la politique de ces pays, en respectant la culture, la religion de ces peuples, on a des choses à faire ensemble au niveau économique. Rien ne serait pire que de se replier et de voir les autres avec un regard de peur et de méfiance. Surtout qu’aujourd’hui, les Européens sont pris par la crise et la France en tout cas doit envoyer un message global vers cette région, cela peut être dans le cadre du 5+5, ou dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerranée ».
Libé : Votre région a un accord de coopération avec la région Tanger-Tétouan. Pouvez-vous nous parler de cette coopération décentralisée et de la politique méditerranéenne menée par la région Paca ?
Michel Vauzelle : L’accord de coopération décentralisé et signé avec le Maroc est exemplaire. Je le cite toujours pour parler de la coopération de région à région. Avec la volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed V de moderniser et de développer les régions du Maroc. Nous, nous avons fait cela depuis longtemps avec la région Tanger-Tétouan à travers les bonnes relations que nous entretenons. Le Maroc a toujours soutenu cet accord et le gouvernement français aussi. On a même l’intention d’établir des accords avec d’autres régions, sur certains secteurs universitaires de la recherche ; tous ne se trouvent pas à Tanger, on avait la chance d’avoir contribué à cette coopération, car les choses ont nettement changé dans la région par la volonté du Roi avec la construction du grand port Tanger Med et le développement des infrastructures de la région qui ont changé complètement de siècle.
Il y a maintenant une attente venant des pays arabes, du message qui vient des Européens. Sans intervenir dans la vie politique ni porter des jugements sur la culture et la politique de ces pays, en respectant la culture, la religion de ces peuples. Mais on a des choses à faire ensemble au niveau économique. Rien ne serait pire que de se replier et de voir les autres avec un regard de peur et de méfiance. Surtout qu’aujourd’hui, les Européens sont pris par la crise et la France en tout cas doit envoyer un message global vers cette région, cela peut être dans le cadre du 5+5, ou dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerrané.
Les pays arabes du Sud de la Méditerranée ont le droit d’entendre un message de paix et de volonté de coopération, dans le respect de leur souveraineté et de leur identité culturelle et religieuse. C’est cela qu’on attend pour le moment.
Aujourd’hui, est-ce que l’Etat français a encore les moyens de mener une politique dans la Méditerranée, surtout que beaucoup de prérogatives sont exercées par l’Europe et l’influence d’autres puissances qui n’ont pas le même regard sur la région et les mêmes intérêts, le cas de l’Allemagne par exemple ?
La façon par laquelle le président François Hollande a pu insérer les pays du Sud de l’Europe (l’Italie, l’Espagne) et fait en sorte que Madame Merkel accepte une autre vison de l’Europe, moins orientée vers elle-même et sur les questions financières et la réduction du déficit, plus vers la croissance économique et la coopération, ce qui va permettre maintenant à la France de jouer un rôle d’ouverture, notamment vers les pays arabes et de la Méditerranée et ne pas se limiter à des images insoutenables sur la Syrie et terribles pour l’image que donne le monde arabe à l’Europe.
Maintenant, la France vote le traité européen ; on est dedans. On va ouvrir une nouvelle page : le président Hollande va entraîner l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Portugal et l’Europe à considérer la Méditerranée non pas comme un espace difficile, mais comme une zone indispensable à sa prospérité.
On a critiqué la France pendant et après le Printemps arabe ; on lui a reproché de ne pas soutenir les changements surtout en Tunisie. Ce pays a été laissé tout seul empêtré dans ses difficultés politiques et économiques. Est-ce que cette situation est liée à l’ancien gouvernement français?
On revient de loin, je ne vous cache pas que j’avais honte d’être français ; je suis un ami de la Tunisie, du Maroc et de l’Algérie et j’ai déploré qu’un ministre de Sarkozy ait dit qu’on allait donner un coup de main à la police tunisienne puisqu’on a un savoir-faire pour mater les émeutes qui ont fait des morts ; on était en pleine assemblée nationale, quel message pour le peuple tunisien ? Quand monsieur Guéant allait fermer les frontières avec l’Italie, car dans un train qui arrivait du Sud de l’Italie, il y avait des étudiants tunisiens, je me suis demandé quelle image pourraient avoir les Tunisiens, dont beaucoup aiment la France à propos de cette altitude ignoble de soutenir la dictature et de rejeter des jeunes révolutionnaires. C’est vrai aussi au moment des élections, on n’a pas eu le message qu’attendent tous ceux qui ont fait le mouvement de l’autre côté de la Méditerranée, notamment les femmes et les jeunes, depuis le Maroc jusqu’à la Syrie avec bien sûr une particularité pour chaque pays. Le Printemps arabe en Tunisie n’est pas le même au Maroc. Le Maroc a connu une douceur dans les changements et il est évident que la personnalité et le titre que représente le Roi et la vision d’engager l’avenir sont une approche particulière de faire que nous devons respecter. Mais pour autant, il ne faut pas négliger les forces de progrès que le Roi lui-même encourage. En Algérie et en Tunisie, il faut prendre en compte les choix des peuples qui étaient caricaturés en France, de dire qu’Annahda représente l’ensemble des islamistes, c’est plus compliqué. Si on rejette la Tunisie parce qu’Annahda est au pouvoir, c’est une catastrophe pour nous et pour la Tunisie. En Libye, la situation est très difficile. En Egypte, il faut suivre de très près ce qui s’y passe, il y a le lien avec les Américains et l’armée qui est aussi proche de Washington, tout cela est compliqué ; chaque Printemps arabe correspond à un pays. Mais avec le Maroc, les choses devraient se passer très bien. J’espère maintenant, je le dis, je suis un militant de la Méditerranée et ami du Maghreb, que pour François Hollande, le problème du traité européen est fini avec le vote et qu’il traitera les vrais problèmes méditerranéens.
La Semaine économique de la Méditerranée est organisée par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la ville de Marseille, la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole, l’Etablissement public d’aménagement euro-méditerranéen, la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence, et coordonnée par l’Office de coopération économique de la Méditerranée et l’Orient (OCEMO).
Dans ce cadre, nous avons rencontré le président de la région Paca, Michel Vauzelle. Il a livré son point de vue sur plusieurs questions de la Méditerranée. Faisant savoir à ce propos qu’ « Il y a maintenant une attente venant des pays arabes, du message qui vient des Européens. Sans intervenir dans la vie politique ni porter des jugements sur la culture et la politique de ces pays, en respectant la culture, la religion de ces peuples, on a des choses à faire ensemble au niveau économique. Rien ne serait pire que de se replier et de voir les autres avec un regard de peur et de méfiance. Surtout qu’aujourd’hui, les Européens sont pris par la crise et la France en tout cas doit envoyer un message global vers cette région, cela peut être dans le cadre du 5+5, ou dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerranée ».
Libé : Votre région a un accord de coopération avec la région Tanger-Tétouan. Pouvez-vous nous parler de cette coopération décentralisée et de la politique méditerranéenne menée par la région Paca ?
Michel Vauzelle : L’accord de coopération décentralisé et signé avec le Maroc est exemplaire. Je le cite toujours pour parler de la coopération de région à région. Avec la volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed V de moderniser et de développer les régions du Maroc. Nous, nous avons fait cela depuis longtemps avec la région Tanger-Tétouan à travers les bonnes relations que nous entretenons. Le Maroc a toujours soutenu cet accord et le gouvernement français aussi. On a même l’intention d’établir des accords avec d’autres régions, sur certains secteurs universitaires de la recherche ; tous ne se trouvent pas à Tanger, on avait la chance d’avoir contribué à cette coopération, car les choses ont nettement changé dans la région par la volonté du Roi avec la construction du grand port Tanger Med et le développement des infrastructures de la région qui ont changé complètement de siècle.
Il y a maintenant une attente venant des pays arabes, du message qui vient des Européens. Sans intervenir dans la vie politique ni porter des jugements sur la culture et la politique de ces pays, en respectant la culture, la religion de ces peuples. Mais on a des choses à faire ensemble au niveau économique. Rien ne serait pire que de se replier et de voir les autres avec un regard de peur et de méfiance. Surtout qu’aujourd’hui, les Européens sont pris par la crise et la France en tout cas doit envoyer un message global vers cette région, cela peut être dans le cadre du 5+5, ou dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerrané.
Les pays arabes du Sud de la Méditerranée ont le droit d’entendre un message de paix et de volonté de coopération, dans le respect de leur souveraineté et de leur identité culturelle et religieuse. C’est cela qu’on attend pour le moment.
Aujourd’hui, est-ce que l’Etat français a encore les moyens de mener une politique dans la Méditerranée, surtout que beaucoup de prérogatives sont exercées par l’Europe et l’influence d’autres puissances qui n’ont pas le même regard sur la région et les mêmes intérêts, le cas de l’Allemagne par exemple ?
La façon par laquelle le président François Hollande a pu insérer les pays du Sud de l’Europe (l’Italie, l’Espagne) et fait en sorte que Madame Merkel accepte une autre vison de l’Europe, moins orientée vers elle-même et sur les questions financières et la réduction du déficit, plus vers la croissance économique et la coopération, ce qui va permettre maintenant à la France de jouer un rôle d’ouverture, notamment vers les pays arabes et de la Méditerranée et ne pas se limiter à des images insoutenables sur la Syrie et terribles pour l’image que donne le monde arabe à l’Europe.
Maintenant, la France vote le traité européen ; on est dedans. On va ouvrir une nouvelle page : le président Hollande va entraîner l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Portugal et l’Europe à considérer la Méditerranée non pas comme un espace difficile, mais comme une zone indispensable à sa prospérité.
On a critiqué la France pendant et après le Printemps arabe ; on lui a reproché de ne pas soutenir les changements surtout en Tunisie. Ce pays a été laissé tout seul empêtré dans ses difficultés politiques et économiques. Est-ce que cette situation est liée à l’ancien gouvernement français?
On revient de loin, je ne vous cache pas que j’avais honte d’être français ; je suis un ami de la Tunisie, du Maroc et de l’Algérie et j’ai déploré qu’un ministre de Sarkozy ait dit qu’on allait donner un coup de main à la police tunisienne puisqu’on a un savoir-faire pour mater les émeutes qui ont fait des morts ; on était en pleine assemblée nationale, quel message pour le peuple tunisien ? Quand monsieur Guéant allait fermer les frontières avec l’Italie, car dans un train qui arrivait du Sud de l’Italie, il y avait des étudiants tunisiens, je me suis demandé quelle image pourraient avoir les Tunisiens, dont beaucoup aiment la France à propos de cette altitude ignoble de soutenir la dictature et de rejeter des jeunes révolutionnaires. C’est vrai aussi au moment des élections, on n’a pas eu le message qu’attendent tous ceux qui ont fait le mouvement de l’autre côté de la Méditerranée, notamment les femmes et les jeunes, depuis le Maroc jusqu’à la Syrie avec bien sûr une particularité pour chaque pays. Le Printemps arabe en Tunisie n’est pas le même au Maroc. Le Maroc a connu une douceur dans les changements et il est évident que la personnalité et le titre que représente le Roi et la vision d’engager l’avenir sont une approche particulière de faire que nous devons respecter. Mais pour autant, il ne faut pas négliger les forces de progrès que le Roi lui-même encourage. En Algérie et en Tunisie, il faut prendre en compte les choix des peuples qui étaient caricaturés en France, de dire qu’Annahda représente l’ensemble des islamistes, c’est plus compliqué. Si on rejette la Tunisie parce qu’Annahda est au pouvoir, c’est une catastrophe pour nous et pour la Tunisie. En Libye, la situation est très difficile. En Egypte, il faut suivre de très près ce qui s’y passe, il y a le lien avec les Américains et l’armée qui est aussi proche de Washington, tout cela est compliqué ; chaque Printemps arabe correspond à un pays. Mais avec le Maroc, les choses devraient se passer très bien. J’espère maintenant, je le dis, je suis un militant de la Méditerranée et ami du Maghreb, que pour François Hollande, le problème du traité européen est fini avec le vote et qu’il traitera les vrais problèmes méditerranéens.