Entretien avec La Halla KingZoo, jeune troupe de breakeurs marocains : «La musique gnaouie nous offre de nouveaux horizons»


Propos recueillis par ALAIN BOUITHY
Jeudi 4 Août 2011

Entretien avec La Halla KingZoo, jeune troupe de breakeurs marocains : «La musique gnaouie  nous offre de nouveaux horizons»
Fusionner le breakdance et la danse gnaouie, l’aventure peut paraître surprenante voire insolite. Pourtant, c’est le pari relevé par les membres de La Halla KingZoo (triple champion du Maroc, 2005, 2006 et 2007) lors du 14ème Festival d’Essaouira Gnoua-musique du monde, organisé en juin dernier à la Cité des alizés.
Inspiré par sa passion pour la musique traditionnelle marocaine, le groupe de breakdance était en fusion avec maâlem Omar Hayat pour le bonheur des souiris. Les prodigieux breakeurs, lauréat du prix du meilleur spectacle au festival «If the world can’t speak, he can dance » à Hageuneau (France),  reviennent sur cette aventure singulière.

Libé : Que peut-on savoir d’autre sur votre groupe ?

La Halla KingZoo : Nous sommes un jeune groupe de breakdance qui s’est fixé un objectif : représenter dignement le Maroc partout où nous sommes invités à nous produire. Nous nous exprimons à travers la culture marocaine en créant des chorégraphies et figures inspirées de celle-ci. C’est avec joie que nous osons fusionner le braekdance à d’autres danses traditionnelles nationales. Notre dernière expérience s’est portée récemment sur la danse gnaouie que nous apprécions beaucoup.
Grâce à ce travail, nous avons représenté le Maroc dans de nombreuses compétions internationales, notamment en Autriche, Allemagne, France, Hollande, Espagne, Sénégal et Portugal...

Votre participation à ces différentes compétitions a été saluée et vous avez même obtenu des récompenses. Quel est l’intérêt de fusionner avec la danse gnaoua ?

Nous avons voulu tout simplement pousser l’expérience des fusions dans le cadre des résidences initiées par le Festival d’Essaouira. Tout en sachant que nous en sortirons plus enrichis. Nous ne doutions pas de ce que nous devions faire, d’autant plus que le groupe est friand d’expériences inédites. Et la réaction du public présent lors des répétions nous a donné raison de continuer cette aventure heureuse.  Il regardait avec admiration et beaucoup d’intérêt ce que nous faisions. Ce qui était de bon augure pour le spectacle.

Est-ce facile de fusionner le breakdance et la dance gnaouie, sachant que les deux danses sont très différentes?

Ce n’est pas aussi difficile qu’on le pense, il suffit juste d’un peu de volonté et de sérieux pour parvenir à un résultat. Il est vrai que nous n’avions jusque-là jamais eu une expérience de ce genre. Mais il y a toujours un début à toute chose. A ce propos, nous remercions le Festival d’Essaouira qui nous a permis de relever ce challenge aux côtés de maâlem Omar Hayat. Car le défi en valait la peine : nous devions coordonner nos figures acrobatiques aux chorégraphies des danseurs  gnaouis. Ce qui, naturellement, n’était pas gagné d’avance. Puisqu’il fallait trouver des pistes communes aux deux danses pour produire un spectacle digne du défi que nous nous étions lancés. Sans pervertir l’âme des deux musiques. Travail qui revenait au chorégraphe du groupe qui a su marier ces deux styles. L’exercice était assez complexe, mais le résultat à la hauteur de nos espérances.

Avez-vous le sentiment que maâlem Omar Hayat est satisfait de cette collaboration ?

Nous en sommes certains. On peut dire même que nous sommes parvenus à fusionner notre esprit au sien : on a pu suivre les différents rythmes gnaouis comme il le souhaitait et, de son côté, il a été fidèle à ce que nous attendions de lui. Il n’y a pas meilleure collaboration lorsqu’on parvient à un tel stade d’harmonie.

Envisagez-vous un jour de sortir des supports dans lesquels on pourra apprécier vos aventures comme cette dernière expérience ? 

C’est un peu difficile pour nous. Nous n’avons pas eu de chance de le rendre possible : nous en sommes toujours au stade de projet, tout dépend de plusieurs choses. Evidemment, notre espérons le réaliser un jour.
 
Que diriez-vous aux jeunes groupes musicaux qui seraient tentés par cette aventure?

On leur demande un peu plus d’originalité dans ce qu’ils veulent faire : ils doivent chercher, creuser davantage pour avancer voire fusionner divers styles de sorte à offrir au public quelque chose d’original mais aussi de sympathique. 


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