Entretien avec Khadija Alaoui, coauteur de «Journalistes marocaines : Génération Dialogue» : “Tout devient possible quand le dialogue est mis à contribution”


Propos recueillis par ALAIN BOUITHY
Mardi 29 Mai 2012

Entretien avec Khadija Alaoui, coauteur de «Journalistes marocaines : Génération Dialogue» : “Tout devient possible quand le dialogue est mis à contribution”
Fruit d’un atelier d’écriture animé
par la sociologue
et écrivain Fatema Mermissi, l’ouvrage «Journalistes
marocaines: Génération Dialogue» est
l’œuvre de sept femmes journalistes: Khadija Alaoui, Myriam Ezzakhrajy, Nezha Mghari, Maria Moukrim, Amale Daoud,
Nadia Lamlili
et Khadija Smiri.
Dans cet entretien, notre consœur Khadija Alaoui nous en parle un peu plus.


Libé : Vous êtes coauteur de «Journalistes marocaines : Génération Dialogue». Pourquoi cet ouvrage collectif?

Khadija Alaoui : L’ouvrage «Journaliste marocaines : Génération Dialogue», édité par Marsam,  a été écrit par les sept membres fondatrices du Réseau des femmes journalistes du Maroc (RFJ).  Dans les sept récits de vie contenus dans l’ouvrage, chacune des journalistes s’est penchée sur son passé, ses origines, son parcours personnel et professionnel. L’ouvrage s’articule autour du dialogue comme vecteur essentiel pour réussir et s’imposer dans le monde des médias. C’est Fatéma Mernissi qui nous a donné l’idée de réaliser ce travail. Il est vrai qu’au début, nous étions assez réticentes au projet puisque, de par notre métier, nous étions plus habituées à raconter les histoires des autres que de nous épancher sur la nôtre. Et dans ce sens, cet exercice n’a pas été, au début, aisé. Mais, plus nous nous rencontrions avec Fatéma Mernissi et plus nous avions conscience qu’écrire cet ouvrage était un véritable devoir envers les générations futures. Dans un monde de désespérance et dans un contexte où les jeunes se trouvent confrontés à beaucoup d’obstacles et de problèmes, notre livre est porteur d’un message d’espoir. Tout devient possible quand le dialogue est mis à contribution. Le rôle  des nouvelles technologies est également mis en avant, car ce sont elles qui ont «démocratisé» l’accès à l’information, permettant aux femmes de devenir d’excellentes communicatrices.

Justement, Fatema Mernissi a animé cet atelier d’écriture qui a donné lieu à la publication de votre ouvrage. Quelle était sa contribution ?

La sociologue Fatéma Mernissi nous avait contactées dès qu’elle a appris qu’un Réseau des femmes journalistes a vu le jour. Elle nous a appelé d’emblée les Djenniates, car elle estimait que notre groupe de femmes journalistes avait réussi là où elle avait échoué, c’est-à-dire, être des journalistes (Fatéma Mernissi avait travaillé pendant ses années d’études à Paris six mois  à Jeune Afrique et sa direction l’avait renvoyée sans aucun mot d’explication car son style ne plaisait pas) ayant réussi à s’imposer dans un monde masculin. Elle nous proposa, après deux rencontres, d’écrire l’histoire de notre vie. Entre-temps, elle avait écrit une vingtaine de feuillets relatant tout ce que lui avait inspiré la photo des membres du RFJ et la nouvelle de la création d’un tel Réseau. Dans cette introduction, la sociologue parle du Printemps arabe et de la Shéhérazade digitale qui est à la source des soubassements du monde arabe, mais aussi de la force des femmes des médias qui devraient inspirer un gouvernement qui ne compte qu’une seule femme en son sein pour sortir de la crise et trouver des emplois aux jeunes.

L’ouvrage présente l’itinéraire de chacune d’entre vous. Y a-t-il des points communs entre les différentes journalistes?

En fait, il existe  beaucoup de points communs entre nous. Et c’est ce qui avait attiré l’attention de Fatéma Mernissi. Nos parents ou aïeuls ont migré du monde rural vers le monde urbain; nous avons effectué toute notre scolarité dans les écoles et universités publiques marocaines… Nous sommes toutes de condition modeste et avons réussi à atteindre des postes assez importants dans nos rédactions…

Pourquoi portez-vous un intérêt particulier au dialogue ?

 Dans l’imaginaire populaire marocain, les femmes sont des manipulatrices et c’est par la ruse qu’elles arrivaient à atteindre leurs objectifs. Cette idée n’a plus cours de nos jours. Les femmes, et les journalistes femmes plus encore, ont prouvé que le dialogue est la clé de la réussite. Dialoguer avec l’Autre permet d’abolir les distances, de mettre un terme aux dissensions et surtout de tisser des messages, car le dialogue n’est-il pas tout simplement l’art de communiquer ?  L’intolérance et le refus de communiquer sont la source de tous les conflits, et c’est à nous, communicateurs et communicatrices, de maîtriser les subtilités de l’art du dialogue pour avancer…

Vous êtes cofondatrices du Réseau des femmes journalistes. Que pouvez-vous nous dire sur cette structure?

Le RFJ a été créé en novembre 2011 à Rabat. Cette structure ambitionne de promouvoir la situation de la femme journaliste, de favoriser la présence des femmes à tous les niveaux de responsabilité dans les médias, de lutter contre les discriminations qui touchent les femmes journalistes dans l’exercice de leur profession et de veiller à l’amélioration de la représentation des femmes dans les médias. Le RFJ se veut un espace d’échanges entre femmes journalistes, plus particulièrement celles qui sont en poste de responsabilité et compte aussi organiser des sessions de formation en faveur des journalistes débutantes. 


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