Entretien avec Houria Esslami, directrice exécutive de la Fondation Benzekri : Le CNDH répond à une multitude de revendications des ONG


Propos recueillis par Mustapha Elouizi
Mardi 5 Avril 2011

Entretien avec Houria Esslami, directrice exécutive de la Fondation Benzekri : Le CNDH répond à une multitude de revendications des ONG
Libé : Vous avez tenu une rencontre autour des outils institutionnels des droits humains et de la démocratie, quels en sont les objectifs ?

Houria Esslami : L’objectif principal du colloque était, non pas de prétendre faire une évaluation exhaustive des institutions (CCDH, HACA, Diwan Al Madhalim, IRCAM, ICPC, Conseil de la concurrence), mais de leur offrir un espace afin qu’elles puissent se retrouver ensemble, faire un bilan collectif, aux côtés de la société civile et d’autres acteurs, présenter leur contribution en matière de renforcement de la démocratie, mais surtout de révéler  les entraves à la réalisation des objectifs qui leur sont assignés et, point plus important, essayer de dégager des recommandations pour y remédier.
Il s’agissait également de voir si toutes ces institutions oeuvraient dans le cadre d’un projet démocratique global, intégré et concerté, où leurs actions se complètent et se rejoignent autour des mêmes objectifs que sont la consécration des principes de démocratie, des droits humains, de transparence, de bonne gouvernance…. Nous avons eu une forte participation des responsables de ces institutions que je remercie au nom de la Fondation, et des interventions de très haut niveau de leur part ainsi que de la part des participants, lesquelles interventions ont su clarifier l’écart entre le cadre de leurs attributions et les attentes au niveau de l’impact escompté.
D’autre part, le débat s’est inscrit par lui-même dans la conjoncture actuelle, en rapport avec la réforme constitutionnelle annoncée.

Quels sont les points saillants de votre plan d'action pour cette année ?

Nous avons un plan d’action  étalé sur plus de deux années. Il comporte deux volets, le premier se rapporte à la réflexion dont le colloque sur les outils institutionnels fait partie ainsi que d’autres, et le second a trait au renforcement des capacités inspiré des recommandations de l’atelier de Marrakech (décembre 2010) sur l’Agenda du mouvement des droits humains. Il s’agira là de permettre aux ONG de se doter de compétences dans des domaines bien précis exprimés en tant que besoin par les ONG elles-mêmes. Nous lançons également notre site web prochainement ainsi que le premier numéro des «Cahiers des droits humains» qui sera publié très prochainement. Nous travaillons également sur le Prix Driss Benzekri qui sera annoncé à la fin de l’année.

Avez-vous constaté certaines retombées de votre série de rencontres de réflexion ?

On a tenu jusqu’à maintenant trois activités sur cet axe depuis juste un an. Il est trop tôt pour parler de retombées directes, mais on peut d’ores et déjà dire que le colloque du 24 mars sur les outils institutionnels a mis l’accent sur la nécessité de rectifier les statuts de certaines de ces institutions, dans le contexte d’une réforme globale et homogène. Cela a également permis de définir le sens dans lequel peut aller la constitutionnalisation des institutions de gouvernance et de droits humains annoncée dans le discours Royal.
Pour le volet des ONG, la Fondation a pu mettre en place une série d’activités qui souhaiteraient répondre à quelques besoins des ONG en matière de renforcement des capacités et de montage d’activités conjointes sur des thématiques majeures qui ont besoin d’être développées davantage.

Comment évaluez-vous la nouvelle dynamique en matière des droits humains, notamment la création du CNDH et le poste de délégué interministériel...?

Le CNDH d’aujourd’hui répond à une multitude de revendications qui ont été portées par les ONG et les acteurs des droits humains au Maroc depuis une dizaine d’années. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette évolution. Nous souhaitons que le CNDH oeuvre dans le sens d’une institutionnalisation des relations avec les ONG,  comme cela a été revendiqué par une trentaine d’ONG à notre atelier de Marrakech et de l’ouverture réelle sur d’autres catégories de droits autres que ceux politiques qui font aujourd’hui l’objet de travail d’ONG dans toutes les régions du Maroc.
Pour la délégation interministérielle, je n’ai pas encore pu prendre connaissance des textes et des prérogatives. Bien qu’il ne soit pas dans la mission de la Fondation de prendre position, le CA de la Fondation n’a pas encore discuté des prérogatives et de l’opportunité de création de cette nouvelle institution, mais l’essentiel pour la Fondation est la cohérence et l’efficacité des politiques publiques en matière de protection et de promotion des droits de l’Homme.

Quelle sera votre prochaine rencontre dans la série de rencontres de réflexion ?

Nous avons plusieurs activités programmées dont celle sur les nouveaux défenseurs des droits humains et la nouvelle génération de droits, l’institutionnalisation des relations entre le CNDH et les ONG des droits humains. Mais avec la dynamique que connaît le Maroc aujourd’hui, la Fondation peut prévoir d’autres activités sur certaines problématiques d’actualité des droits humains et dans lesquelles elle peut avoir un apport qualitatif. 


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