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Le tissu associatif de Tafraout connaît actuellement un véritable branle-bas
de combat mené par des jeunes. Dans l’entretien suivant, nous revenons avec un acteur associatif tafraouti sur les raisons de cette dynamique et les défis à relever.
Libé : Le tissu associatif tafraouti s’enrichit d’une nouvelle ONG baptisée Association des jeunes de Tafraout et d’un réseau fédérant une dizaine d’associations de jeunes de la région. A quoi attribuez-vous ce regain de dynamisme ?
El Houcine Alihssayni : Une corrélation existe entre ce regain de dynamisme du tissu associatif de Tafraout et le processus contestataire et revendicatif initié par les jeunes à travers le pays. L’«onde de choc» de ce mouvement qui a comme épicentre les grandes villes n’a pas manqué d’atteindre les régions lointaines et le monde rural. Les jeunes Tafraoutis adhèrent à cet air de changement et respirent aux rythmes de ce bouillonnement. Cela s’inscrit dans une certaine logique d’interaction. Et la création du RESAJET intervient en ce moment crucial dans le but de créer les synergies indispensables pouvant permettre l’émergence d’un bloc d’acteurs associatifs uni à même de constituer un interlocuteur qui puisse faire entendre la voix des jeunes Tafraoutis sur la scène nationale et à travers les chantiers de débats et de concertations sur les questions ayant trait aux réformes constitutionnelles dans lesquelles s’est engagé notre pays actuellement. Il faut dire que l’année en cours sera marquée par l’action de la mouvance des jeunes érigée en leader de la révolution pour les réformes politiques.
Revenons à l’action associative dans la région. Quel est le rôle joué par les jeunes ?
Il faut souligner que les jeunes de Tafraout ont initié une expérience avant–gardiste en matière d’action et de travail associatif dans la région. Notamment les dernières générations des jeunes immigrés de la diaspora tafraoutie établie à l’étranger. Lesquelles se sont imprégnées de la culture associative dans leur pays d’accueil. Avant de revenir la mettre à profit au bénéfice de leur village natal et d’origine. Ces jeunes ont le mérite de révolutionner les modes de fonctionnement et d’organisation des anciennes structures associatives, si on peut les appeler ainsi. En transposant des méthodes de management modernes en usage sous d’autres cieux. Ces entités ont aussi, grâce à ces interventions, exploré et découvert de nouveaux objectifs cibles à leur action, dictés par le souci d’une meilleure adaptation aux différents besoins exprimés sur le terrain. Et ce, dans le cadre d’une nouvelle approche de développement reposant sur la valorisation de l’élément humain, comme source de richesse. On a vu ainsi comment ces associations se sont engagées sur les impératifs posés par des problématiques d’ordre culturel et d’autres ayant trait à l’émigration, etc. Loin des soucis et préoccupations traditionnelles.
Qu’est-ce qui préoccupe le plus ces jeunes ?
Ils s’intéressent à tout, en fait. Les vocations des diverses associations opérant sur le terrain en sont révélatrices. Outre le thème générique de développement local, spécifiquement, celui de la culture en général, de la culture amazighe, le social, le sport, l’émigration, la scolarisation, l’environnement et l’emploi sont autant de grands sujets qui mobilisent les jeunes. Sans oublier le fait que ces derniers s’intéressent de plus en plus à la gouvernance de la chose locale. En témoigne par ailleurs le suivi par ces jeunes de la gestion dans plusieurs communes. Cela marque ainsi une rupture avec les thématiques habituelles et les sphères d’action d’antan des associations.
Vous venez d’animer un débat organisé à Casablanca par l’Association les Amis de Tafraout. Quel en a été le thème ?
Nous avons débattu de l’avenir de l’action associative des jeunes à Tafraout. Les discussions se sont focalisées sur la réalité vécue actuellement par cette composante du tissu associatif local et l’importance de son potentiel. Nous nous sommes arrêtés également sur les entraves et les défis à relever qui l’attendent pour aiguillonner son action sur le champ des initiatives. Le but recherché étant de permettre de dégager une vision homogène et cohérente vis-à-vis de son travail et de son action projetés dans l’avenir, c’est-à-dire à long terme. Nous nous sommes convenus, par conséquent, d’organiser en été à Tafraout un grand forum. Et en tant que président de l’association du Festival Tifawine, je me suis engagé à ce qu’il soit programmé dans les activités culturelles de la manifestation. Au cours de la semaine prochaine, j‘animerai par ailleurs une table ronde qui sera organisée par le RESAJET à Tafraout. Où il sera question du même thème. Il est donc impératif que les associations des jeunes de la région se mobilisent et fédèrent leurs efforts pour réussir le challenge. Celui de pouvoir s’imposer sur la scène publique comme un lobby et une force de propositions et de critique positive, forte et percutante. Et, partant, donner de la voix et prendre part à tous les chantiers de développement local et ceux de la réforme en cours dans notre pays.
Les jeunes Tafraoutis ne semblent pas vraiment s’impliquer dans la vie politique. Est-ce pour cela qu’ils ont investi massivement les organisations de la société civile ?
C’est tout à fait vrai. A voir les discussions de ces jeunes sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, les partis politiques sont vivement vilipendés. Ces derniers font leur apparition dans la région juste pendant les périodes électorales. Il y a un manque flagrant au niveau de l’encadrement de ces jeunes avides de participation à la gestion de leurs affaires locales et désireux d’être associés aux chantiers de développement de la région, initiés par les élus. C’est malheureux comme constat!
Lors des trois précédentes échéances électorales, les jeunes sont bien descendus massivement à chaque fois dans l’arène des élections communales. On a vu comment le recours de certains édiles à l’argent sale leur a barré la route et les a empêchés d’accéder au conseil municipal. Ne croyez-vous pas que c’est livrer une bataille perdue que de vouloir participer à la gestion des affaires locales pour ces jeunes Tafraoutis ?
C’est vrai. Et c’est un grand défi, justement, à relever par ces associations devant encadrer les jeunes, les former et les « aguerrir » aux batailles à même de leur ouvrir le chemin vers des espaces de prise de décision localement. Bien sûr, les associations ne sont pas tenues d’être une pépinière de futurs « managers » communaux; c’est aux partis politiques que cela incombe. Mais, cela ne doit aucunement empêcher les jeunes encadrés par ces structures de la société civile de se lancer dans ces voies. Il s’avère d’ailleurs très difficile de pouvoir évincer des postes de décision ces «vieilles élites» qui s’y cramponnent et y sévissent depuis longtemps, à coup de magouilles et de prévarication. Toutefois, il faut garder espoir, le Mouvement du 20 février incarne pour nous tous les prémisses du changement voulu par les jeunes. Je pense que la nouvelle Constitution, dont le mérite de sa réforme revient aux jeunes combatifs qui militent vigoureusement pour éradiquer l’injustice, la corruption et installer de vrais mécanismes institutionnels de contrôle et de poursuites à l’encontre des élus indélicats, constituera un nouveau cadre propice et convivial qui répondra aux aspirations démocratiques des jeunes.
On entend de plus en plus sur Facebook, des voix des jeunes de la région qui demandent l’annulation du Festival Tifawine auquel il est reproché d’être un gouffre financier au moment où la région a besoin de financements pour ses routes, ses écoles, etc. Que leur répondez-vous en tant que fondateur de cet événement?
Les festivals boudés par les jeunes sont ces manifestations qui privilégient le côté animation et défoulement musical dans leurs programmations vidées de toute vision constructive. Un festival est un projet qui doit viser un objectif d’ordre social ayant une portée de développement pour toute la région. Tafraout, avant l’avènement de Tifawine, connaissait une multitude de «fêtes», en période estivale, faussement appelées animations culturelles, qui visent tout simplement à divertir le public, lors des soirées d’été torrides. Et lorsque nous, jeunes de la région, avions pensé à la création de cet événement, nous étions très à cheval sur ces principes : nous avons toujours, dès le début, refusé d’en faire un festival à dimension unique. Tifawine devra incarner concrètement un projet travaillant sur une thématique précise et répondant aux différentes facettes du développement local, c’est-à-dire le rayonnement économique, touristique, culturel, artistique, social et sportif de la région. Toutes les éditions de Tifawine ont été un franc succès dans ce registre. Par ailleurs, je dois souligner que le Festival Tifawine n’a jamais reçu un sou des deniers publics. L’argent pour le faire tourner provient exclusivement des sponsors. Seuls les nihilistes et les détracteurs atteints de cécité prétendent aujourd’hui le contraire.
de combat mené par des jeunes. Dans l’entretien suivant, nous revenons avec un acteur associatif tafraouti sur les raisons de cette dynamique et les défis à relever.
Libé : Le tissu associatif tafraouti s’enrichit d’une nouvelle ONG baptisée Association des jeunes de Tafraout et d’un réseau fédérant une dizaine d’associations de jeunes de la région. A quoi attribuez-vous ce regain de dynamisme ?
El Houcine Alihssayni : Une corrélation existe entre ce regain de dynamisme du tissu associatif de Tafraout et le processus contestataire et revendicatif initié par les jeunes à travers le pays. L’«onde de choc» de ce mouvement qui a comme épicentre les grandes villes n’a pas manqué d’atteindre les régions lointaines et le monde rural. Les jeunes Tafraoutis adhèrent à cet air de changement et respirent aux rythmes de ce bouillonnement. Cela s’inscrit dans une certaine logique d’interaction. Et la création du RESAJET intervient en ce moment crucial dans le but de créer les synergies indispensables pouvant permettre l’émergence d’un bloc d’acteurs associatifs uni à même de constituer un interlocuteur qui puisse faire entendre la voix des jeunes Tafraoutis sur la scène nationale et à travers les chantiers de débats et de concertations sur les questions ayant trait aux réformes constitutionnelles dans lesquelles s’est engagé notre pays actuellement. Il faut dire que l’année en cours sera marquée par l’action de la mouvance des jeunes érigée en leader de la révolution pour les réformes politiques.
Revenons à l’action associative dans la région. Quel est le rôle joué par les jeunes ?
Il faut souligner que les jeunes de Tafraout ont initié une expérience avant–gardiste en matière d’action et de travail associatif dans la région. Notamment les dernières générations des jeunes immigrés de la diaspora tafraoutie établie à l’étranger. Lesquelles se sont imprégnées de la culture associative dans leur pays d’accueil. Avant de revenir la mettre à profit au bénéfice de leur village natal et d’origine. Ces jeunes ont le mérite de révolutionner les modes de fonctionnement et d’organisation des anciennes structures associatives, si on peut les appeler ainsi. En transposant des méthodes de management modernes en usage sous d’autres cieux. Ces entités ont aussi, grâce à ces interventions, exploré et découvert de nouveaux objectifs cibles à leur action, dictés par le souci d’une meilleure adaptation aux différents besoins exprimés sur le terrain. Et ce, dans le cadre d’une nouvelle approche de développement reposant sur la valorisation de l’élément humain, comme source de richesse. On a vu ainsi comment ces associations se sont engagées sur les impératifs posés par des problématiques d’ordre culturel et d’autres ayant trait à l’émigration, etc. Loin des soucis et préoccupations traditionnelles.
Qu’est-ce qui préoccupe le plus ces jeunes ?
Ils s’intéressent à tout, en fait. Les vocations des diverses associations opérant sur le terrain en sont révélatrices. Outre le thème générique de développement local, spécifiquement, celui de la culture en général, de la culture amazighe, le social, le sport, l’émigration, la scolarisation, l’environnement et l’emploi sont autant de grands sujets qui mobilisent les jeunes. Sans oublier le fait que ces derniers s’intéressent de plus en plus à la gouvernance de la chose locale. En témoigne par ailleurs le suivi par ces jeunes de la gestion dans plusieurs communes. Cela marque ainsi une rupture avec les thématiques habituelles et les sphères d’action d’antan des associations.
Vous venez d’animer un débat organisé à Casablanca par l’Association les Amis de Tafraout. Quel en a été le thème ?
Nous avons débattu de l’avenir de l’action associative des jeunes à Tafraout. Les discussions se sont focalisées sur la réalité vécue actuellement par cette composante du tissu associatif local et l’importance de son potentiel. Nous nous sommes arrêtés également sur les entraves et les défis à relever qui l’attendent pour aiguillonner son action sur le champ des initiatives. Le but recherché étant de permettre de dégager une vision homogène et cohérente vis-à-vis de son travail et de son action projetés dans l’avenir, c’est-à-dire à long terme. Nous nous sommes convenus, par conséquent, d’organiser en été à Tafraout un grand forum. Et en tant que président de l’association du Festival Tifawine, je me suis engagé à ce qu’il soit programmé dans les activités culturelles de la manifestation. Au cours de la semaine prochaine, j‘animerai par ailleurs une table ronde qui sera organisée par le RESAJET à Tafraout. Où il sera question du même thème. Il est donc impératif que les associations des jeunes de la région se mobilisent et fédèrent leurs efforts pour réussir le challenge. Celui de pouvoir s’imposer sur la scène publique comme un lobby et une force de propositions et de critique positive, forte et percutante. Et, partant, donner de la voix et prendre part à tous les chantiers de développement local et ceux de la réforme en cours dans notre pays.
Les jeunes Tafraoutis ne semblent pas vraiment s’impliquer dans la vie politique. Est-ce pour cela qu’ils ont investi massivement les organisations de la société civile ?
C’est tout à fait vrai. A voir les discussions de ces jeunes sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, les partis politiques sont vivement vilipendés. Ces derniers font leur apparition dans la région juste pendant les périodes électorales. Il y a un manque flagrant au niveau de l’encadrement de ces jeunes avides de participation à la gestion de leurs affaires locales et désireux d’être associés aux chantiers de développement de la région, initiés par les élus. C’est malheureux comme constat!
Lors des trois précédentes échéances électorales, les jeunes sont bien descendus massivement à chaque fois dans l’arène des élections communales. On a vu comment le recours de certains édiles à l’argent sale leur a barré la route et les a empêchés d’accéder au conseil municipal. Ne croyez-vous pas que c’est livrer une bataille perdue que de vouloir participer à la gestion des affaires locales pour ces jeunes Tafraoutis ?
C’est vrai. Et c’est un grand défi, justement, à relever par ces associations devant encadrer les jeunes, les former et les « aguerrir » aux batailles à même de leur ouvrir le chemin vers des espaces de prise de décision localement. Bien sûr, les associations ne sont pas tenues d’être une pépinière de futurs « managers » communaux; c’est aux partis politiques que cela incombe. Mais, cela ne doit aucunement empêcher les jeunes encadrés par ces structures de la société civile de se lancer dans ces voies. Il s’avère d’ailleurs très difficile de pouvoir évincer des postes de décision ces «vieilles élites» qui s’y cramponnent et y sévissent depuis longtemps, à coup de magouilles et de prévarication. Toutefois, il faut garder espoir, le Mouvement du 20 février incarne pour nous tous les prémisses du changement voulu par les jeunes. Je pense que la nouvelle Constitution, dont le mérite de sa réforme revient aux jeunes combatifs qui militent vigoureusement pour éradiquer l’injustice, la corruption et installer de vrais mécanismes institutionnels de contrôle et de poursuites à l’encontre des élus indélicats, constituera un nouveau cadre propice et convivial qui répondra aux aspirations démocratiques des jeunes.
On entend de plus en plus sur Facebook, des voix des jeunes de la région qui demandent l’annulation du Festival Tifawine auquel il est reproché d’être un gouffre financier au moment où la région a besoin de financements pour ses routes, ses écoles, etc. Que leur répondez-vous en tant que fondateur de cet événement?
Les festivals boudés par les jeunes sont ces manifestations qui privilégient le côté animation et défoulement musical dans leurs programmations vidées de toute vision constructive. Un festival est un projet qui doit viser un objectif d’ordre social ayant une portée de développement pour toute la région. Tafraout, avant l’avènement de Tifawine, connaissait une multitude de «fêtes», en période estivale, faussement appelées animations culturelles, qui visent tout simplement à divertir le public, lors des soirées d’été torrides. Et lorsque nous, jeunes de la région, avions pensé à la création de cet événement, nous étions très à cheval sur ces principes : nous avons toujours, dès le début, refusé d’en faire un festival à dimension unique. Tifawine devra incarner concrètement un projet travaillant sur une thématique précise et répondant aux différentes facettes du développement local, c’est-à-dire le rayonnement économique, touristique, culturel, artistique, social et sportif de la région. Toutes les éditions de Tifawine ont été un franc succès dans ce registre. Par ailleurs, je dois souligner que le Festival Tifawine n’a jamais reçu un sou des deniers publics. L’argent pour le faire tourner provient exclusivement des sponsors. Seuls les nihilistes et les détracteurs atteints de cécité prétendent aujourd’hui le contraire.