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Entretien avec Boutaina El Makoudi, responsable de l'ALCS-section d'Agadir : « Souss-Massa-Drâa occupe la première place en termes de taux d'infection au VIH »


ENTRETIEN REALISE PAR IDRISS OUCHAGOUR
Lundi 13 Décembre 2010

Entretien avec Boutaina El Makoudi, responsable de l'ALCS-section d'Agadir : « Souss-Massa-Drâa occupe la première place en termes de taux d'infection au VIH »
Le bilan de la situation épidémiologique dans la région Souss-Massa-Darâa dénote une évolution très alarmante du VIH. L'Association de lutte contre le Sida vient d'organiser à Agadir  une marche pour attirer l'attention sur cet état sanitaire préoccupant. Dans l'entretien suivant, la responsable régionale de l'ALCS, Boutaina  El Makoudi, revient sur cette action, l'ampleur de cette maladie dans cette région et les efforts déployés aux niveaux de la  prévention et de la prise en charge thérapeutique des patients.

Libé: Une grande marche vient d'être organisée dans la ville d'Agadir à l'occasion de la Journée mondiale du Sida. Quel en est le but ?  

Boutaina El Makoudi: L'objectif de cette action entreprise par  l'Association de lutte contre le Sida en collaboration avec  Sida Entreprise Maroc (SEM) est de tirer la sonnette d'alarme sur la progression préoccupante de cette épidémie.  Mais  aussi, dans le but de prévenir les habitants de la région, notamment les jeunes, contre les méfaits de cette infection et les moyens de s'en prémunir.

Le fait que cette marche soit organisée à Agadir est-il fortuit?
  
Pas du tout.  C'est une démarche d'une grande symbolique. Agadir est la capitale touristique de la région du Souss; une incontournable passerelle entre le Nord et le Sud. Du coup, les flux de passagers qui y transitent et les échanges sociaux que cela induit sont importants. C'est ce qui explique, en quelque sorte, la propagation rapide du virus du Sida parmi certaines catégories sociales.

Justement, quel est le tableau épidémiologique de la région en termes d'infection au VIH et quel est le profil socioéconomique des personnes atteintes ?  

Selon le ministère de la Santé, sur les 25000 personnes atteintes du VIH au niveau national, 25% d'entre elles vivent dans la région du  Souss-Massa-Drâa. Ce qui fait de cette dernière la zone la plus touchée en nombre de cas d'infection par le Sida. C'est un bilan épidémiologique inquiétant ! Mais, c'est la réalité. Quant au profil des patients, nos analyses ont montré qu'un sidéen du SMD est une personne souvent analphabète et démunie.

Quels sont les facteurs identifiés comme causes effectives qui ont fait que la région de SMD soit la plus affectée ?  

Ce sont des facteurs socioéconomiques. Agadir, grâce aux opportunités de travail qu'offrent ses secteurs vitaux, notamment le tourisme,  l'agriculteur et la pêche, attire des masses migratoires (à majorité féminine) en quête de travail en provenance des régions limitrophes, mais aussi de celles lointaines  comme Abda, Chaouia et autres. A cela s'ajoute un nombre important d'usagers de la route travaillant dans le transport qui transite au quotidien par la cité. Et, malheureusement, la quasi-totalité de ces affluences n'ont jamais fait l'école et manquent de sensibilisation aux dangers du Sida. D'autre part,  la condition économique de ces travailleurs et travailleuses  saisonniers et autres professionnelles du sexe dans la région, n'est pas reluisante. Donc, cette situation de précarité, conjuguée à l'analphabétisme, font qu'il y a une  forte contamination et une propagation rapide du virus dans la région.

En termes de dépistage, combien de centres sont-ils mis à la disposition des gens dans la région d'Agadir ?  

Le dépistage est une étape importante dans le processus de lutte contre le Sida. A présent, nous disposons de quatre centres: Agadir Ihchach, Inezgane à l'école Al Fadila, Taroudant et Tiznit. Et ce sont surtout les centres d'Agadir et d'Inezgane qui connaissent les plus importantes  affluences. En plus, notre association dispose de cinq unités mobiles de dépistage qui couvrent tout le Maroc.

Comment arrivez-vous à convaincre les gens de se départir de leurs préjugés inhibiteurs et de leurs appréhensions à aller faire le dépistage dans ces centres ?  

Nos équipes travaillent d'arrache-pied sur le terrain à travers les centres mobiles et localement dans les unités de dépistage fixes dans les villes, pour ce faire. Cela nous permet de toucher le maximum de gens et notamment les quartiers habités par les couches les plus vulnérables, étant exposées à la contamination à cause de la prostitution et l'usage des drogues  par voie intraveineuse.  En plus,  la qualité anonyme des dépistages est de nature à  encourager les gens à y aller sans « avoir froid dans le dos ni devoir  raser les murs ».  Notre communication consiste à les sensibiliser sur l'existence de la maladie du VIH, les mécanismes de sa transmission,  ses dangers sur la santé et les méthodes à suivre afin d'éviter la contagion. Et aussi à « exorciser »  leurs esprits de ces fausses idées qui minimisent la dangerosité des actes sexuels sans protection de rigueur. Je dois ajouter que les écoles constituent également une cible de choix dans notre action de sensibilisation. Depuis la Journée mondiale du Sida, nos équipes d'intervention ont déjà visité plus de 4 lycées dans la ville où des séances d'information/sensibilisation  ont été données via des exposés et diaporamas.

Comment sont les services d'accompagnements médical et  psychologique offerts par votre association aux personnes infectées par le VIH ?  

D'abord, nous mettons à leur disposition les médicaments contre les maladies opportunistes. En plus  du traitement par trithérapie qui recourt à l'usage de trois médicaments antiviraux à effets complémentaires qui permettent le contrôle et l'empêchement de la multiplication du VIH. Ce traitement est disponible auprès du ministère de la Santé. L'association offre, par ailleurs, aux patients traités par le biais  de cette thérapie, tous les médicaments nécessaires, sans oublier de leur prodiguer une éducation thérapeutique. Pour ce qui est du soutien psychologique des malades, les médecins travaillant pour l'ALCS s'en chargent. Si le sidéen n'y trouve pas son compte, nous l'orientons vers un autre médecin et l'association verse les honoraires afférents.   


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