Entretien avec Amel Abou El Aazm, directrice du Festival “Théâtre et culture” : “Rendre hommage à Tayeb El Alj et Tayeb Saddiki, c'est préserver la mémoire du théâtre marocain”


Propos recueillis par ALAIN BOUITHY
Mercredi 13 Avril 2011

Entretien avec Amel Abou El Aazm, directrice du Festival “Théâtre et culture” : “Rendre hommage à Tayeb El Alj et Tayeb Saddiki, c'est préserver la mémoire du théâtre marocain”
Organisé par la Fondation des arts vivants,
le quatrième Festival
international  «Théâtre et
culture» se tient jusqu'au 17 avril courant à Casablanca et à Rabat. Nous avons rencontré la directrice
de ce grand
rendez-vous
du théâtre
qui célèbre
cette année
le dramaturge français Molière.

Libé : Le  coup d'envoi du Festival « Théâtre et culture » dont vous êtes la directrice a été donné vendredi soir  à Casablanca. Quelles sont vos premières observations ?

Amel Abou El Aazm : Rappelons tout d'abord que l'objectif de ce festival est d'offrir le meilleur de Molière au public casablancais et rbati, de revenir sur le parcours de ce dramaturge français et de montrer comment Molière a pu influencer l'évolution du théâtre marocain. Dès vendredi, devant une salle comble, Le Misanthrope ouvrait le festival «Molière dans tous ses états » avec la compagnie parisienne « Le Théâtre du petit monde », et nous rendions hommage à Tayeb El Alj. Le lendemain, « Tartuffe » était présenté à Casablanca et le spectacle « Il était une fois Molière » à Rabat. Pour reprendre la réaction du metteur en scène du Misanthrope, « le public de ce festival a du talent » et nous offre de beaux moments de partage. Pour nous, cette large présence du public est la plus belle récompense, après des mois de travail.

« Molière dans tous ses états » est le thème de cette quatrième édition. Pourquoi ce dramaturge ? Les créations présentées lors de cette édition s'inspirent-elle toutes de ce grand de la scène universelle ?

Après avoir rendu hommage à Garcia Frederico Lorca, puis fêté la Méditerranée et l'Afrique lors des précédentes éditions du Festival « Théâtre et culture», il était normal de se pencher sur Molière, qui a autant marqué le théâtre universel que le théâtre marocain. « Molière » est le thème central de la programmation et donc toutes les pièces de théâtre y reviennent.

Cet hommage sera-t-il aussi célébré à travers d'autres activités prévues dans le cadre de  ce rendez-vous ?

Afin de réaliser un tour d'horizon sur la vie de Molière, nous avons programmé une série d'activités culturelles : projection du film « Molière » de Laurent Tirard avec Romain Duris, conférence-débat « Molière, notre contemporain - Molière et le Maroc, une longue histoire », publication de 4 adaptations de Tayeb El Alj des pièces de  Molière, une exposition de photos et objets effectuée par Tayeb Saddiki sur l'œuvre de Molière, un stage d'initiation à la Commedia dell'arte. Toutes ces activités nous permettent de toucher un large public sous des angles d'approches différents.

Cette année, le Festival rend également hommage à deux grandes figures de la scène nationale : Ahmed Tayeb El Alj (en ouverture) et  Tayeb Saddiki (en clôture). Quelle image a-t-on aujourd'hui de ces deux monstres sacrés du théâtre marocain  et qu'espériez-vous transmettre comme message à travers cet hommage?

Organiser un festival autour de Molière au Maroc, c'est faire l'histoire du théâtre marocain. Depuis les années 40 et 50, dramaturges, comédiens, metteurs en scène se sont énormément inspirés de Molière, de ses thèmes, de ses caricatures sociales, de sa dérision ; et Tayeb El Alj et Tayeb Saddiki sont les emblèmes de cette relation maroco-moliéresque. Leur rendre hommage au cours de cette 4ème édition, c'est préserver la mémoire du théâtre marocain.

Quelle place a pu occuper le personnage ou l'œuvre de Molière dans la carrière de ces deux personnages ?

Ces deux hommes de théâtre ont su mélanger avec brio les textes de Molière avec la culture marocaine. Tayeb El Alj a adapté la quasi-totalité des œuvres de Molière, tandis que Tayeb Saddiki a joué des centaines de fois les Fourberies de Scapin.

La Fondation des arts vivants, organisatrice de cet événement, présente lors de cette édition deux créations. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette participation ?

Il était essentiel d'encourager la création marocaine au cours de ce festival, de permettre à des troupes et metteurs en scène de se pencher sur l'œuvre de Molière avec un regard contemporain, actuel et marocain. Nous avons donc co-produit, en partenariat avec le Complexe Moulay Rachid et le Théâtre national Mohammed V,  le spectacle Wakl Moukou de la compagnie Al Liwa, mis en scène par Zitouni Bousserhane, interprété par Kamal Cadimi, Amine Ennaji…

Un mot sur la pièce « Il était une fois Molière » de Noureddine Ayouch.

Ce spectacle n'est pas une adaptation d'une des pièces de Molière mais une création originale et inédite qui revient sur la vie de Molière et les principaux thèmes traités dans ces pièces. « Il était une fois Molière », produit, financé et mis en scène par Noureddine Ayouch réunit de grands noms de la scène théâtrale marocaine.

Le Festival a signé des partenariats avec des écoles d'enseignement public. Quel en est l'intérêt ?

Ce projet organisé en partenariat avec l'Institut français de Casablanca et l'Académie régionale de l'éducation, est une première pour la Fondation des arts vivants. Molière étant un des dramaturges les plus populaires, il était important d'ouvrir ce festival à un plus grand nombre de personnes et de créer une dynamique culturelle en impliquant les jeunes. Plus de 20 lycées publics ont répondu à cette initiative, et plus de deux cents lycéens ont préparé des scénettes de Molière.

Le Festival a lieu à Casa et Rabat. Avez-vous l'intention de vous ouvrir à d'autres villes du Royaume ?

C'est évident que nous aimerions pouvoir étendre notre action qui est essentielle  pour la consolidation de la scène culturelle marocaine, à d'autres villes, mais tout cela coûte de l'argent, donc pour l'instant nous préférons d'abord renforcer notre démarche sur l'axe Casablanca-Rabat, sans trop se disperser.


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