Entretien avec Ali Ghanem, réalisateur, scénariste et producteur algérien


Propos recueillis par Chouaib SAHNOUN.
Mardi 19 Juillet 2011

“Il n’y a pas de vraie coopération entre les pays africains pour produire des films”

Entretien avec Ali Ghanem, réalisateur, scénariste et producteur algérien
“Chacun sa vie” est la dernière production du cinéaste algérien,Ali Ghanem.

Libé : Qui est Ali Ghanem ?

Je suis un cinéaste qui aime le cinéma.

Que pensez-vous du cinéma africain ?

Le cinéma africain n’existe pas. Dans un certain sens, nos cinéastes sont livrés à eux-mêmes, ils n’ont pas d’argent pour faire des films. Les Etats ne consacrent pas  de budget pour le 7ème Art. Chaque cinéaste doit payer de ses poches s’il veut produire des films  qui ne dépasseront pas la frontière. Il n’y a pas de vraie coopération entre les pays africains pour  produire des films. Nos pauvres cinéastes enfantent des films dans la douleur. C’est dans cet esprit-là que je dis que le cinéma africain n’existe pas. De même pour les pays arabes, existent-ils des coproductions entre le Maroc et l’Algérie, ou entre l’Egypte et la Tunisie ?  Il n’y a aucun film qui ait été produit en coopération bilatérale entre les pays arabes.

Où réside le problème ?

 A mon sens, c’est un problème de culture  et de politique.

Que doit-on faire ?

J’estime que les Etats doivent consacrer beaucoup plus de fonds au cinéma et bannir la censure. Le problème politique est beaucoup plus complexe. La plupart de nos films traitent des sujets qui touchent à la vie quotidienne  des gens. Un cinéaste ne doit pas effleurer la politique, ni la religion, ni critiquer l’Etat, même si la critique se fait dans un esprit constructif.

En tant que cinéaste, avez-vous rencontré des problèmes ?

Ça fait quarante ans  que je suis dans le domaine et c’est quarante ans que je vis la même galère. Mais, comme j’adore tellement le cinéma, j’arrive à faire mes films avec les moyens du bord.

Vos films trouvent-ils des spectateurs?

En ce qui me concerne, mes films ont été largement diffusés dans les télévisions européennes et les universités américaines. Malheureusement, aucun de mes longs métrages n’a été projeté dans un pays arabe.

Les festivals font-ils vivre le cinéma africain ?

Evidemment, ce sont les festivals qui font vivre le cinéma du Sud. Pour moi, un festival me permet de vivre à travers le monde, de vivre des moments agréables, de rencontrer des gens, de connaître d’autres civilisations. C’est grâce aux festivals que j’ai découvert l’Afrique et l’Amérique ; sans eux je n’aurais pas les moyens. Après le festival, je suis frustré dans ma quotidienneté.

Parlez- nous de votre film en compétition ?

«Chacun sa vie » est un film maghrébin par rapport à ses acteurs. Les deux premiers rôles masculin et féminin, je les ai attribués à des Marocains. Ce choix est dicté par le fait  que je connais ces acteurs et que j’ai déjà travaillé avec eux. On me l’a reproché et on m’a proposé des Algériens avec un accent marocain, mais je n’ai pas apprécié cela.

Comment trouvez-vous les autres films en compétition ?

Ce n’est pas moi qui dois juger, c’est au jury de trancher. Le jury vote en général pour la sensibilité,  l’histoire,…Il représente une pensée collective. On aime un film parce qu’il touche l’individu. Pour moi, j’aime un film quand il  est universel, que ce soit à New York ou à Tombouctou.


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