Entretien avec Abdeslam Khamlichi, médecin enseignant-chercheur en neurochirurgie : «Il y a un déficit structurel dans le manque d’équipements au niveau des centres hospitaliers»


Entretien réalisé par KAMAL MOUNTASSIR
Jeudi 10 Novembre 2011

Entretien avec Abdeslam Khamlichi, médecin enseignant-chercheur en neurochirurgie : «Il y a un déficit structurel dans le manque d’équipements au niveau des centres hospitaliers»
Libé : Vous venez d’être élu président honoraire de la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie. Que signifie pour vous cette nouvelle distinction?

Abdeslam Khamlichi : Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier et de remercier l’équipe de votre journal pour l’intérêt que vous portez à la neurochirurgie marocaine et qui a certainement motivé cette interview. Bien entendu, mon élection en tant que président honoraire de la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie m’a beaucoup honoré et m’a procuré une certaine fierté de voir ma carrière de médecin enseignant-chercheur couronnée de la sorte à l’échelle internationale. La Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie ou World Federation of neurosurgical societies (WFNS) est une fédération qui regroupe la quasi-totalité des sociétés de neurochirurgie de tous les pays du monde, avec plus de 35.000 neurochirurgiens membres. J’ai eu le privilège de participer à l’activité de cette fédération pendant plus de 25 ans, d’abord en tant que délégué de la Société marocaine de neurochirurgie dans son Comité exécutif (1986-1997) ; ensuite en tant que deuxième vice-président de la WFNS (1997-2001) ; ensuite en tant que président du XIIIème Congrès mondial de neurochirurgie de Marrakech (2001-2005) ; et enfin, en tant que coordinateur de l’activité des comités scientifiques et techniques de la Fédération (2006-2009). Au cours de cette période, j’ai eu le privilège de participer à plusieurs projets et activités, en particulier à l’activité d’éducation et de formation continue en tant que conférencier au moins deux à trois fois par an dans différents cours et séminaires organisés par la Fédération à travers les cinq continents. J’ai participé également aux programmes de santé publique avec, notamment, la présidence du sous-comité africain d’experts en neurochirurgie auprès de l’OMS depuis 1996, et le développement de plusieurs enquêtes épidémiologiques sur la situation de la neurochirurgie en Afrique, suivies de rapports remis à la WFNS et au Comité d’experts en neurochirurgie auprès de l’OMS. Mais les deux projets les plus importants que la Fédération a développés aux niveaux national et régional et que j’ai eu le privilège de diriger, sont l’organisation de son XIIIème Congrès mondial de neurochirurgie qui a eu lieu à Marrakech en juin 2005. Ce congrès a été organisé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Il s’est déroulé sur cinq jours, et a connu la participation de plus de 3.000 neurochirurgiens venus du monde entier. C’était la première fois que la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie organisait son congrès sur le continent africain. Le deuxième projet portait sur la création à Rabat d’un centre de référence de la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie pour la formation des neurochirurgiens africains et qui est fonctionnel depuis 2002.

Selon les statistiques, le Maroc est le premier formateur des neurochirurgiens en Afrique. Pouvez-vous nous éclairer sur ce sujet ?

Comme je viens de le dire, le Maroc abrite à Rabat depuis 2002 un centre dit « WFNS Rabat reference center for training of african neurosurgeons » (Centre de référence de la WFNS à Rabat
 pour la formation des neurochirurgiens africains). Ce centre a été créé par une décision de la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie en 2001 suite au rapport que j’ai présenté à deux réunions successives de son comité directeur sur la situation de la neurochirurgie africaine, dans lequel j’avais soulevé  le grand retard pour le développement de cette spécialité, notamment dans les pays subsahariens, alors qu’il y a un besoin énorme pour les populations à disposer de ces médecins spécialistes, notamment pour les soins d’urgence. Ces rapports avaient montré à cette époque (1998-2000) que le ratio des neurochirurgiens sur l’ensemble du continent africain était d’un neurochirurgien pour un million d’habitants, avec dans les pays subsahariens, 1 neurochirurgien pour 5 à 6 millions d’habitants, alors que la moyenne pour l’Amérique du Nord et l’Europe est d’un neurochirurgien pour 70 à 80.000 habitants.
Le comité directeur de la Fédération était donc convaincu de la nécessité d’aider le continent africain pour la formation, mais en même temps, beaucoup de ses membres étaient réticents à envoyer ces jeunes neurochirurgiens africains en formation en Europe ou en Amérique du Nord, car l’expérience avait montré depuis plusieurs années que beaucoup de ces jeunes restent sur place une fois leur formation terminée, ou quand ils reviennent dans leur pays d’origine, ils n’arrivent pas à s’adapter aux conditions locales de la pratique de leur spécialité. Raison pour laquelle ils ont pensé que le meilleur moyen était de créer un centre de formation régional qui permettrait aux jeunes neurochirurgiens africains de travailler dans des conditions et dans un climat relativement proches de ceux de leur pays, et de voir des pathologies également proches, et par conséquent d’être moins dépaysés quand ils rentrent chez eux, et donc pouvoir certainement s’épanouir davantage. Quand l’idée de la création de ce centre est née en 1998, d’autres pays africains étaient candidats avec le Maroc. Il s’agissait, particulièrement, de l’Egypte et de l’Afrique du Sud, mais le choix a eu lieu pour le Maroc, compte tenu de ce travail préalable qui a été fait plusieurs années auparavant sur la situation de la neurochirurgie en Afrique. Ainsi, ce centre de Rabat a été créé, et le premier résident d’Afrique subsaharienne inscrit dans ce centre est venu le 01/03/2002 de la République Démocratique du Congo pour une formation de cinq ans qu’il a déjà terminée. Aujourd’hui, il est chez lui pour rendre d’énormes services aux patients de son pays. Selon la convention signée entre la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie et l’Université Mohammed V Souissi de Rabat en 2005, ce centre de Rabat assure trois types de formation : une formation complète de spécialité en neurochirurgie d’une durée de cinq ans suivant le même cursus que celui des résidents marocains, et sanctionné par les mêmes examens, les candidats africains recevant le même diplôme de spécialité en neurochirurgie que les résidents marocains. Deuxième type de formation d’une durée plus courte, de 6 mois à 2 ans, pour des neurochirurgiens africains ayant déjà complété leur spécialité chez eux ou fait une partie de cette spécialité, et qui viennent donc pour une période de perfectionnement. Pour ces deux types de formation, 19 jeunes médecins africains ont déjà été inscrits dans ce programme depuis 2002. Certains ont terminé leur formation et sont rentrés chez eux, et les autres sont toujours à Rabat pour continuer cette formation. A noter, à titre d’exemple, que les pays d’origine de ces jeunes africains (Nigeria, République Démocratique du Congo, Mali, Bénin, Guinée Conakry, Congo Brazzaville, Ouganda, Togo, Niger et Burkina Faso) disposent de très peu de neurochirurgiens, en général un pour 5 à 10 millions d’habitants. Le troisième type de formation assuré par ce centre comporte une formation continue sous forme d’un cours d’une durée de 3 à 5 jours organisé chaque année à Rabat pour l’ensemble des neurochirurgiens africains qui désirent s’inscrire à ce cours. Nous sommes, aujourd’hui, à la cinquième édition de ce cours qui aura lieu l’année prochaine, en mai 2012. A noter que lors de la dernière réunion du comité directeur de la Fédération à Genève (février 2011), et suite à la présentation du rapport sur le Centre de référence de Rabat, tous les membres de ce comité ont exprimé leurs remerciements et leur reconnaissance pour les efforts déployés par le Maroc dans le cadre de ce programme de formation. Ils ont, d’ailleurs, décidé de prospecter pour voir s’ils peuvent trouver les conditions adéquates dans d’autres pays pour créer ce genre de centre de formation. Il faut enfin ajouter que la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie, au moment où elle a décidé de créer ce centre de formation à Rabat, avait auparavant créé une fondation, dite WFNS Foundation (Fondation de la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie). Cette fondation fait des démarches pour obtenir des fonds, et accorde des bourses à ces résidents pour leur assurer leur formation à Rabat. Je pense que cette initiative d’aider ces médecins par des  bourses et l’excellent terrain d’accueil que ce centre a trouvé au niveau de l’UFR de neurochirurgie (Unité de formation et de recherche), ainsi que l’aide apportée par la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat et l’Université Mohammed V Souissi de Rabat à ce programme, ont contribué largement à la réussite de ce programme, et à en faire un exemple de coopération Sud-Sud. Cette réussite dans le domaine de la formation en neurochirurgie entraîne déjà d’autres programmes de coopération maroco-africaine, d’abord dans le domaine de la formation en neurosciences (des jeunes médecins africains cherchent à se former au Maroc en neurologie, en neuroradiologie, en neuropathologie, etc.), mais aussi une coopération dans le domaine de la technologie médicale liée à la neurochirurgie et aux neurosciences en général.

Est-ce qu’on peut dire qu’aujourd’hui le Maroc dispose de moyens humains et logistiques qui permettent aux malades nationaux de ne plus se rendre à l’étranger pour se soigner ?

Pour répondre clairement à votre question, je pense qu’il est nécessaire de vous donner d’abord un certain nombre d’informations sur l’évolution de la neurochirurgie au Maroc.
Au début des années 1970, le Maroc disposait de 5 neurochirurgiens nationaux et de 3 ou 4 étrangers. Depuis que le premier programme de formation dans cette spécialité a été créé en 1968 à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat jusqu’à aujourd’hui, le Maroc dispose actuellement de plus de 200 neurochirurgiens, répartis à travers le Royaume. Ce développement dans la formation a été suivi par un développement parallèle dans la création des services de neurochirurgie, puisque ce nombre est passé de deux services en 1970 à plus de 20 services actuellement, dont 7 dans des centres hospitaliers universitaires dans les villes où existent des facultés de médecine, et 13 autres dans les hôpitaux provinciaux des différentes régions du Royaume. Depuis 1986, l’ensemble des neurochirurgiens marocains sont réunis dans une société dite la Société marocaine de neurochirurgie. Ils ont également créé récemment deux autres sociétés : l’Association marocaine des neurochirurgiens libéraux, et la Société marocaine de la chirurgie du rachis et de la moelle épinière. Toutes ces sociétés organisent plusieurs réunions scientifiques chaque année, et sont très actives aux niveaux national, régional et international. La Société marocaine de neurochirurgie est membre-fondateur de la Fédération maghrébine des sociétés de neurochirurgie depuis 1995, membre-fondateur de la Société panarabe de neurochirurgie depuis 1996, et membre-fondateur de la Fédération africaine des sociétés de neurochirurgie depuis 2003. Bien entendu, la Société marocaine de neurochirurgie est très active au niveau de la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie dont elle est membre depuis 1987. La plus grande collaboration scientifique entre notre société et la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie s’est concrétisé par l’organisation du XIIIème Congrès mondial de neurochirurgie à Marrakech en juin 2005, qui a donné un éclat tout particulier de la neurochirurgie marocaine à l’échelle internationale.
A travers cette évolution historique de la neurochirurgie marocaine, nous pouvons dire aujourd’hui que les patients marocains disposent de l’optimum pour se faire soigner dans beaucoup de services de neurochirurgie des hôpitaux publics, mais aussi dans un grand nombre de cliniques privées. Cependant, il faut mentionner que la neurochirurgie est une spécialité pointue et très lourde par les équipements technologiques qu’elle nécessite, et qui en font, en général, une spécialité des grands centres hospitaliers qui peuvent faire face, sur le plan financier, aux équipements lourds exigés par cette spécialité, tout en permettant à ces équipements d’être utilisés par d’autres spécialités parallèles généralement groupées dans ces centres. Malheureusement, comme vous le savez, il y a un déficit structurel dans le manque d’équipements au niveau des centres hospitaliers publics, y compris les centres hospitaliers universitaires et qui bloque, depuis plusieurs années, le développement d’un grand nombre de spécialités, y compris la neurochirurgie, malgré l’augmentation du nombre de praticiens et la création d’un nombre suffisant de services où sont pratiquées ces spécialités. C’est la raison pour laquelle nous avons pensé, en 1989, à créer une fondation que nous avons appelée Fondation Hassan II pour la prévention et la lutte contre les maladies du système nerveux,  pour pouvoir trouver d’autres moyens pour aider le développement de la neurochirurgie au niveau de l’Hôpital des spécialités de Rabat en particulier, mais aussi pour essayer d’aider la neurochirurgie à travers le Maroc. Nous avons fixé à cette fondation trois objectifs : acquisition des nouvelles technologies ; participation à la formation continue, et aide à la prise en charge des patients démunis et atteints de maladies du système nerveux. En utilisant des moyens réunis à travers cette fondation (subventions et dons nationaux et internationaux), nous avons pu travailler sur trois programmes : organisation de campagnes d’éducation sanitaire dans différentes régions du Royaume associant des médecins travaillant dans ces régions pour expliquer l’importance des maladies du système nerveux, et donc permettre davantage aux médecins praticiens de ces régions de participer au diagnostic et à la prise en charge de ces patients ; l’organisation d’un programme d’échanges interuniversitaires avec des universités européennes et nord-américaines avec l’organisation d’au moins trois à quatre séminaires par an à l’Hôpital des spécialités animés par des invités étrangers, et bien orientés vers le domaine de la neurochirurgie que nous souhaitons développer dans notre pays ; et enfin, le dernier programme concerne l’acquisition des équipements et le développement de nouvelles techniques médico-chirurgicales en neurosciences. C’est ainsi que nous avons pu obtenir, en 1992, grâce à la Fondation Hassan II, un équipement pratiquement complet du bloc opératoire de neurochirurgie de l’Hôpital des spécialités, et installer dans ce même hôpital la première unité d’imagerie par résonance magnétique introduite au Maroc dans un hôpital public (coût : 35 millions de dirhams). Cette avancée nous a déjà donné la possibilité, au début des années 1990, de disposer de moyens pour soigner au moins 80% des patients marocains porteurs de maladies du système nerveux. Cependant, nous étions parfaitement conscients que pour pouvoir prendre la quasi-totalité des pathologies que présentent les patients marocains et les soigner sans qu’ils aient besoin d’aller à l’étranger, il fallait penser à construire et équiper un centre dédié aux neurosciences qui réunira l’ensemble des technologies modernes dont nous ne disposions pas encore au Maroc. Ainsi, avec la progression de la formation des cadres médicaux et techniques dans les sous-spécialités de neurochirurgie et les spécialités proches (neuroradiologie, neuropathologie, neurophysiologie, neurologie, etc.), la réflexion sur la création du Centre national de réhabilitation et des neurosciences est née vers les années 1990 entre l’ensemble des collègues de l’Hôpital des spécialités pour, justement, préparer le terrain de la prise en charge de la majorité sinon de la totalité des patients atteints de maladies du système nerveux.

Pouvez-vous nous parler justement du Centre national de réhabilitation et des neurosciences ?

L’idée du besoin d’un centre de neurosciences qui réunit toutes les technologies commençait à germer à l’Hôpital des spécialités depuis les années 1990. Elle a été concrétisée à l’occasion d’un symposium qui a été organisé à Rabat par la Fondation Hassan II pour la prévention et la lutte contre les maladies du système nerveux en octobre 2000 sur le thème « Prévenir et guérir pour moins de handicap à l’avenir ». L’ouverture de ce symposium s’est faite par une lettre Royale de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans laquelle le Souverain demandait aux participants de réfléchir sur un programme de prévention du handicap au Maroc. Cette recommandation Royale a été proposée aux participants pour lui trouver une réponse. Leur conclusion était la nécessité de créer un centre de neurosciences qui réunit toutes les technologies modernes de prise en charge des patients atteints de maladies du système nerveux, de manière à les traiter précocement, et donc à éviter ou à diminuer l’intensité d’un grand nombre de handicaps, sachant que la majorité des handicaps sont secondaires à des maladies du système nerveux (80% selon une étude rétrospective que nous avons effectuée à l’époque sur 3.000 dossiers de patients déposée au secrétariat d’Etat chargé de la famille, de l’enfance et des personnes handicapées). Il faut mentionner qu’une deuxième conjoncture a beaucoup contribué à la création de ce centre, puisqu’au moment où la Fédération mondiale des sociétés de neurochirurgie était sur le point de choisir le Maroc comme Centre de référence pour la formation des neurochirurgiens africains, son comité directeur a souhaité que ces jeunes neurochirurgiens africains aient une formation solide aux normes internationales, et qu’il était nécessaire d’assurer une mise à niveau de la neurochirurgie marocaine ; cette mise à niveau se trouvant, bien entendu, entièrement mise en place par la création du Centre national de réhabilitation et des neurosciences.
Ce projet a donc été arrêté définitivement en 2000. Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid a posé la première pierre de ce centre le 12 juillet 2001. Il a fallu six ans de travaux pour terminer les bâtiments et installer les équipements (2002-2008), avec un coût global de 140 millions de dirhams, dont 25 millions pour les constructions (financés à 40% par le ministère de la Santé et à 60% par la Fondation), et 115 millions de dirhams pour les équipements (financés par des dons, le leasing, et des crédits bancaires). Ce centre comprend des unités d’hospitalisation, des blocs opératoires, des unités d’imagerie, une unité de médecine physique, et des installations techniques pour la quasi-totalité des moyens nécessaires pour la prise en charge des maladies du système nerveux. Une convention de partenariat a été signée en 2003 pour une durée de vingt ans entre la Fondation Hassan II pour la prévention et la lutte contre les maladies du système nerveux, le Centre hospitalier Ibn Sina et le ministère de la Santé, pour mettre en place les règles de gestion de ce centre. Les premières unités ont été ouvertes en 2008, et le centre a été ouvert aux patients depuis octobre 2010. A noter que, parmi les technologies de pointe dont dispose ce centre, la technique de radiochirurgie, qui est utilisée aujourd’hui dans une grande partie des maladies du cerveau, et qui utilise un appareil dit Gamma Knife PerfeXion. A noter que le Maroc est le seul pays africain et dans le monde arabe à disposer de ce type de machine ; la France, à titre d’exemple, ne dispose que d’une seule unité à Marseille.
L’impact de ce centre est énorme, tout d’abord sur les patients, et pour répondre à votre question précédente, je voudrais mentionner à titre d’exemple certaines maladies traitées actuellement dans ce centre, et pour lesquelles les patients étaient obligés auparavant d’aller à l’étranger : la radiochirurgie (plus de 400 patients déjà traités), la chirurgie de l’épilepsie (plus de 50 patients déjà traités), la chirurgie par neuronavigation (13 patients traités), la chirurgie de la maladie de Parkinson (11 patients traités). Donc, aujourd’hui, on peut prendre en charge la quasi-totalité des patients marocains atteints de maladies du système nerveux.
Ce centre a aussi un impact sur la formation avec la mise en place de plusieurs programmes de recherche et de certificats et masters universitaires dans lesquels sont inscrits des jeunes médecins marocains orientés soit vers la neurochirurgie ou d’autres spécialités des neurosciences, y compris les neurosciences fondamentales. Ce centre pourrait également avoir un impact très important sur notre système de santé, dans la mesure où il constitue un modèle de gestion privée à but non lucratif, en collaboration entre une administration publique, à savoir le Centre hospitalier Ibn Sina et le ministère de la Santé, et une institution associative, à savoir la Fondation Hassan II pour la prévention et la lutte contre les maladies du système nerveux.

Quel est l’avenir de cette spécialité au Maroc ?

Je pense que tous les ingrédients d’un avenir brillant pour cette spécialité sont aujourd’hui réunis : un nombre de plus en plus important de jeunes neurochirurgiens marocains hautement qualifiés, un développement parallèle des autres spécialités des neurosciences, un centre de neurosciences avec des équipements de pointe, et une demande croissante des patients marocains de plus en plus exigeants pour leur santé. Je suis donc très confiant pour l’avenir de la neurochirurgie en voyant actuellement les efforts faits par tous les collègues des services hospitaliers universitaires et ceux du secteur libéral pour œuvrer tous ensemble vers le même objectif : le progrès de leur spécialité et le bien-être de leurs patients.

Un mot sur le Congrès international de neurologie qui se tiendra à Marrakech.

Comme vous le savez, le Maroc constitue depuis plusieurs années un lieu de rencontre privilégié pour toutes les réunions et tous les congrès médicaux et scientifiques en général, mais il s’est surtout affirmé en tant que plate-forme de rencontres en neurosciences. Le XIIIème Congrès mondial de neurochirurgie organisé à Marrakech en 2005 était le premier en son genre sur le continent africain. Après ce congrès, certains membres de la Fédération mondiale de neurologie sont venus rencontrer leurs collègues de l’Hôpital des spécialités pour avoir des informations, d’une part sur le programme de formation des neurochirurgiens africains et peut-être étudier la possibilité de développer le même programme pour les médecins africains désireux de se spécialiser en neurologie. Dans le même temps, la Société marocaine de neurologie déployait d’énormes efforts pour préparer l’organisation à Marrakech du XXème Congrès mondial de neurologie.
Ils ont pu, grâce à la qualité de leur candidature, obtenir l’organisation de ce congrès et, aujourd’hui, je pense que la Société marocaine de neurologie, son président et son comité méritent de nous tous des félicitations chaleureuses pour l’organisation d’un tel congrès qui confirmera davantage le Maroc comme plate-forme des neurosciences en Afrique, et consolidera la portée internationale de l’activité des neurologues marocains. Je voudrais ajouter que mes collègues de la Société marocaine de neurologie m’ont fait l’honneur de me convier à ce congrès et de me confier la coordination d’une table ronde qui aura lieu le premier jour de ce congrès, à savoir le dimanche 13 novembre 2011, et c’est avec un grand plaisir que j’y participerai.


Lu 4403 fois


1.Posté par le sage le 10/11/2011 12:08
Tant de literature pour dire ce qui tout le monde connait deja.

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.





services