En marge du Festival du cinéma méditerranéen

Ahmed Boulane présente son premier livre à Tétouan


DNES : Mehdi Ouassat
Mercredi 27 Mars 2019

Une autobiographie imagée, cinématographique et sans compromis

Le réalisateur marocain Ahmed Boulane n’a certainement pas sa langue dans sa poche. Mais ceux qui le connaissent de près  vous diront  que l’homme a du caractère, sans  pour autant  être caractériel. Seulement voilà : son franc-parler décapant est loin de plaire à tout le monde. Ce qui lui a valu d’être qualifié d’enfant terrible du cinéma marocain. Mais qu’importe, puisque ses films sont largement appréciés, aussi bien des critiques et des cinéphiles chevronnés, que du large public. En février dernier, il a publié, aux Editions Orian, son premier livre «Ma vie est belle», une autobiographie imagée, cinématographique et sans compromis.  
Il y raconte, de manière fluide et spontanée et avec la technique du “Story telling”, une vie éparse entre bonheur et douleurs, entre fureur et éclats et entre rage et réconciliation. «Les écrivains rêvent de passer derrière la caméra  et de faire des films. Moi, j’opère le cheminement inverse et j’écris un livre», explique Ahmed Boulane qui vient de présenter son livre de 210 pages, lundi à Tétouan, en marge du 25ème Festival du cinéma méditerranéen. «Je ne troque pas ici ma casquette pour devenir auteur. Entre les lignes de ce livre, dans le découpage, dans le style, au fil de la narration, le cinéma est bien présent, mais l’écriture est plus libre, plus aérienne et plus audacieuse», souligne-t-il dans une déclaration à la presse. «J’aime ma belle vie malgré ses épisodes les plus tristes, du coup j’ai essayé de la défiler comme dans un film en noir et blanc, avec sa reconstitution d’époque, ses coutumes, ses décors, son phrasé si spécifique et ses atmosphères inoubliables», précise l’auteur. Il explique également qu’il y a beaucoup de choses qu’il n’a pas pu dire dans ses films pour de nombreuses raisons : «D’abord les moyens. On ne peut pas tourner de grands films où l’on va au bout de notre projet avec très peu d’argent. Ensuite, il y a la censure.
Contrairement à d’autres, je ne m’en cache pas, on ne peut pas tout filmer au Maroc. Il y a de grandes lignes rouges qu’on ne peut franchir sans y laisser beaucoup de plumes. Alors j’ai écrit et j’ai dit ce que je ne pouvais filmer. L’écriture permet d’autres formes de liberté, et cela m’a permis de passer à autre chose en attendant mon prochain film», souligne-t-il, avant de conclure : «C’est un livre sincère que j’ai écrit avec mes tripes sans jamais en laisser sous le capot. Et où je suis allé au bout de certaines périodes de ma vie».
Il est à noter qu’Ahmed Boulane a débuté dans le métier, en tant qu’acteur, à l’âge de 16 ans, dans la fameuse troupe nationale de la radio et de la télé. Au bout de quelque temps, il décide de traverser la Méditerranée, pour faire des études cinématographiques en Italie. Mais il ne tardera pas à rentrer au Maroc, pour reprendre ses activités d’acteur, doublé d’un technicien, au cinéma comme à la télévision, avant de devenir assistant réalisateur.
Et il ne lui faudra pas moins de 25 ans, en tant qu’assistant dans des productions internationales, pour accéder au titre de réalisateur ! Dans les années 90, il tourne des courts-métrages de fiction, des documentaires vidéo, et même des spots publicitaires.
Quant à son premier long-métrage, “Ali, Rabéa et les autres”, il sort en 2000. C’est l’histoire d’un homme qui, ayant retrouvé sa liberté, après vingt longues en prison, a du mal à admettre que tout a changé autour de lui.  En 2003, Boulane réalise “Jawhara, fille de prison”. En 2007, il  crée l’événement avec son long-métrage “Anges de Satan”. Film inspiré de l’histoire vraie de 14 jeunes hard-rockers marocains, arrêtés et condamnés à des peines de prison, allant de 3 mois à 1 an, après un procès kafkaïen, pour “satanisme” et “ébranlement de la foi musulmane”. En 2015, notre bouillonnant artiste dont les films ont toujours un côté politique, quoiqu’il refuse d’être étiqueté de “politicien”, a sorti «La Isla» où il revient sur une affaire qui avait défrayé la chronique, en 2002: l’affaire, ou plutôt la crise de “Jaziret Leila”.


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