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Voici le texte de l’allocution prononcée par Driss El Yazami, président du CNDH, lors de la cérémonie d’hommage à Ahmed Herzenni, ancien président du Conseil consultatif des droits de l’Homme.
Je suis heureux d’accueillir mon ami et mon frère Ahmed Herzenni en l’honneur duquel nous organisons cette modeste rencontre pour lui rendre hommage, en reconnaissance de la place qu’il occupe sur la scène nationale en tant que militant ayant vécu pour ses principes et payé de sa liberté le prix fort pour défendre ses convictions. Le parcours de l’homme est riche de contributions et d’apports. Il est aussi emblématique du combat d’une génération, qui a embrassé des idéaux qu’elle a portés et entretenus comme une braise, payé le prix de son engagement, et poursuivi, à partir d’autres positions, cette lutte sans s’écarter des convictions antérieures, mais en les développant et en les enrichissant.
Cher ami,
Tu as dit en parlant de toi-même dans un article publié il y a quelques années :
« Votre serviteur est fils de sa mère et de son père, frère de ses frères.
Votre serviteur a tété le lait des femmes amazighes, libres, pauvres et généreuses.
Votre serviteur est plante de l’Atlas, résistante à la canicule et réfractaire au gel.
Votre serviteur s’est abreuvé aux sources des parcours de Omar Ibn Al Khattab et de Omar ibn Abdel’Aziz, d’Abou Darr et de Mayssara Assaqa’ et s’est inspiré des leçons de la Révolution française et de la Commune.
Votre serviteur est élève de la glorieuse école de Servir le peuple.
Votre serviteur dit ce qu’il pense et pense ce qu’il dit, ne fait pas ce qu’il ne dit pas et ne dit pas ce qu’il ne pense pas. N’ayez donc nulle crainte pour lui. »
Je voudrais quant à moi évoquer en ce moment solennel quatre dimensions de ton éminente personnalité.
Tout d’abord Si Ahmed, l’homme du courage, fils du village de Bouhzaren dans la campagne d’Azilal, demeuré toujours fidèle aux vertus et aux valeurs de son terroir, modeste, fier et continuellement proche de sa grande comme de sa petite famille. Serviteur soucieux des petits détails pour satisfaire ses proches, il est le point de repère de centaines d’amis, issus de toutes les couches sociales et de l’ensemble du territoire marocain, lui vouant considération et respect, recherchant ses avis et conseils, ayant foi en sa sincérité, son audace et sa franchise rassurante même si elle peut parfois blesser, toujours assurés de le trouver au service de sa famille et de ses amis.
Ensuite Si Ahmed, le militant politique qui a dirigé avec audace des étapes cruciales de la gauche, qui avait constamment besoin d’un sage pour franchir sans heurt les caps difficiles. Et comme tout militant ayant foi en le changement et la réforme, il n’a pas échappé aux critiques et aux coups qui n’ont d’ailleurs fait que conforter sa pensée et renforcer ses convictions. De la clandestinité en passant par ses écrits critiques sur l’expérience de la gauche à l’épreuve de la détention, jusqu’aux nombreuses tentatives d’unification des rangs de la gauche afin de lui permettre d’assumer son rôle dans le processus du combat démocratique, Herzenni est demeuré le serviteur des intérêts du pays, constamment rangé aux côtés de tout ce qui peut concrétiser les aspirations de ses concitoyens à la quiétude, à la stabilité et au bien-être.
Si Ahmed, le penseur progressiste rationaliste, l’homme de l’échange et du débat, habité par le souci d’argumenter son propos, toujours en quête de réponses aux questions brûlantes posées par la démocratie et le progrès, le penseur réformiste qui parie sur le renforcement des valeurs humaines universelles sans pour autant négliger les apports provenant des horizons les plus divers… Si Ahmed, le sociologue et l’anthropologue, qui investit toute sa connaissance du terrain, ses réseaux sociaux et son expérience dans la société civile… pour contribuer au projet sociétal moderniste en lequel il croit et pour le succès duquel il s’engage de toutes ses forces. De l’engagement qui est le sien, il dit de lui-même qu’il est « le serviteur qui dit ce qu’il pense, fait ce qu’il dit, ne fait pas ce qu’il ne dit pas et ne dit pas ce qu’il ne pense pas ».
Enfin Si Ahmed, le militant des droits humains qui a foi en les droits de l’Homme dans leur acception globale et qui refuse qu’ils soient enfermés dans les carcans de l’idéologie et des schémas de pensée stériles. L’homme qui les a pratiqués avec conviction pour et avec les gens, à telle enseigne que quel que soit le lieu que vous puissiez visiter au Maroc, vous ne manquerez pas de trouver des cadres et des militants dont il a partagé les préoccupations sur le terrain, mettant en œuvre des moyens nouveaux pour la promotion de l’Homme et la libération de ses potentialités, loin de toute tutelle. Il est aussi le militant des droits de l’Homme qui a cru en l’option de la réconciliation à travers l’expérience de justice transitionnelle, processus destiné à sortir le pays de l’impasse en apportant des réponses aux questions lancinantes du passé. Bien qu’il n’ait pas été membre de l’Instance équité et réconciliation, il a joué un grand rôle dans la riposte aux attaques dont elle a été l’objet et dans le développement du débat relatif aux alternatives et réponses à apporter aux problèmes du passé. Et lorsqu’il a assumé la présidence du Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH), il a combattu avec pugnacité pour que soient mises en œuvre les recommandations de l’Instance afin que le pays ne reste point otage des événements du passé. Comme il a lutté afin que le CCDH devienne une institution des droits de l’Homme au service de tous et non d’une élite donnée. Dans tout ce parcours, l’homme est demeuré au service de tous afin que les droits de l’Homme soient diffus comme l’air que nous respirons.
Dans tous tes parcours, Si Ahmed, tu as été le fidèle et fier serviteur de ton pays, de ta famille, de tes amis et de tes idées et convictions, comme le sont les grands hommes.
Cher ami, Cher frère,
Tous les chemins que tu as empruntés conduisaient vers le raffermissement de l’Etat de droit et des institutions, aussi bien lorsque tu transmettais le savoir aux étudiants, que lorsque tu pratiquais la recherche sociologique. Lorsque tu assumais la responsabilité du secrétariat général du Conseil supérieur de l’enseignement ou encore lorsque tu étais membre du comité scientifique du rapport «50 années de développement humain au Maroc»… Et lorsqu’en 2007, tu as été choisi à la présidence du CCDH, succédant à notre regretté Driss Benzekri et prenant le gouvernail du Conseil au milieu d’un océan d’attentes et d’aspirations, au lendemain de la publication des recommandations de l’IER, tu as supervisé avec un groupe de membres et de cadres, le suivi de projets structurants parmi lesquels, entre autres, le Plan d’action national pour les droits de l’Homme et la démocratie, la Plateforme citoyenne pour la promotion de la culture des droits de l’Homme, et le programme des réparations communautaires, sans oublier ton rôle éminent au sein de la Commission consultative de révision de la Constitution.
Cher ami, Généreux frère,
Cette cérémonie symbolique, à laquelle assistent nombre de tes amis et de personnes partageant les centres d’intérêt qui t’ont occupé tout au long de ton parcours continu, n’est qu’un petit geste de la part d’une institution dont tu as porté les préoccupations, veillé sur les aspirations et assumé les responsabilités.
A la lumière des Principes de Paris régissant les Institutions nationales des droits de l’Homme, et sur la base de la pratique quotidienne accumulée par le CCDH, et avec le concours de nombre d’acteurs, tu a marqué clairement et concrètement de ton empreinte le CNDH, puisque tu es un des artisans de l’élargissement que connaissent ses attributions et ses domaines d’intervention.
Pour conclure, je te souhaite plein succès dans la poursuite des efforts que tu déploies dans l’intérêt de ce pays et de ses citoyens et citoyennes, avec la même ardeur militante dont tu t’es toujours armé depuis que tu as décidé de te consacrer aux affaires publiques, portant haut tes convictions inébranlables, enracinées dans les valeurs suprêmes et les aspirations légitimes à l’édification des institutions de la démocratie et de la citoyenneté.
Je suis heureux d’accueillir mon ami et mon frère Ahmed Herzenni en l’honneur duquel nous organisons cette modeste rencontre pour lui rendre hommage, en reconnaissance de la place qu’il occupe sur la scène nationale en tant que militant ayant vécu pour ses principes et payé de sa liberté le prix fort pour défendre ses convictions. Le parcours de l’homme est riche de contributions et d’apports. Il est aussi emblématique du combat d’une génération, qui a embrassé des idéaux qu’elle a portés et entretenus comme une braise, payé le prix de son engagement, et poursuivi, à partir d’autres positions, cette lutte sans s’écarter des convictions antérieures, mais en les développant et en les enrichissant.
Cher ami,
Tu as dit en parlant de toi-même dans un article publié il y a quelques années :
« Votre serviteur est fils de sa mère et de son père, frère de ses frères.
Votre serviteur a tété le lait des femmes amazighes, libres, pauvres et généreuses.
Votre serviteur est plante de l’Atlas, résistante à la canicule et réfractaire au gel.
Votre serviteur s’est abreuvé aux sources des parcours de Omar Ibn Al Khattab et de Omar ibn Abdel’Aziz, d’Abou Darr et de Mayssara Assaqa’ et s’est inspiré des leçons de la Révolution française et de la Commune.
Votre serviteur est élève de la glorieuse école de Servir le peuple.
Votre serviteur dit ce qu’il pense et pense ce qu’il dit, ne fait pas ce qu’il ne dit pas et ne dit pas ce qu’il ne pense pas. N’ayez donc nulle crainte pour lui. »
Je voudrais quant à moi évoquer en ce moment solennel quatre dimensions de ton éminente personnalité.
Tout d’abord Si Ahmed, l’homme du courage, fils du village de Bouhzaren dans la campagne d’Azilal, demeuré toujours fidèle aux vertus et aux valeurs de son terroir, modeste, fier et continuellement proche de sa grande comme de sa petite famille. Serviteur soucieux des petits détails pour satisfaire ses proches, il est le point de repère de centaines d’amis, issus de toutes les couches sociales et de l’ensemble du territoire marocain, lui vouant considération et respect, recherchant ses avis et conseils, ayant foi en sa sincérité, son audace et sa franchise rassurante même si elle peut parfois blesser, toujours assurés de le trouver au service de sa famille et de ses amis.
Ensuite Si Ahmed, le militant politique qui a dirigé avec audace des étapes cruciales de la gauche, qui avait constamment besoin d’un sage pour franchir sans heurt les caps difficiles. Et comme tout militant ayant foi en le changement et la réforme, il n’a pas échappé aux critiques et aux coups qui n’ont d’ailleurs fait que conforter sa pensée et renforcer ses convictions. De la clandestinité en passant par ses écrits critiques sur l’expérience de la gauche à l’épreuve de la détention, jusqu’aux nombreuses tentatives d’unification des rangs de la gauche afin de lui permettre d’assumer son rôle dans le processus du combat démocratique, Herzenni est demeuré le serviteur des intérêts du pays, constamment rangé aux côtés de tout ce qui peut concrétiser les aspirations de ses concitoyens à la quiétude, à la stabilité et au bien-être.
Si Ahmed, le penseur progressiste rationaliste, l’homme de l’échange et du débat, habité par le souci d’argumenter son propos, toujours en quête de réponses aux questions brûlantes posées par la démocratie et le progrès, le penseur réformiste qui parie sur le renforcement des valeurs humaines universelles sans pour autant négliger les apports provenant des horizons les plus divers… Si Ahmed, le sociologue et l’anthropologue, qui investit toute sa connaissance du terrain, ses réseaux sociaux et son expérience dans la société civile… pour contribuer au projet sociétal moderniste en lequel il croit et pour le succès duquel il s’engage de toutes ses forces. De l’engagement qui est le sien, il dit de lui-même qu’il est « le serviteur qui dit ce qu’il pense, fait ce qu’il dit, ne fait pas ce qu’il ne dit pas et ne dit pas ce qu’il ne pense pas ».
Enfin Si Ahmed, le militant des droits humains qui a foi en les droits de l’Homme dans leur acception globale et qui refuse qu’ils soient enfermés dans les carcans de l’idéologie et des schémas de pensée stériles. L’homme qui les a pratiqués avec conviction pour et avec les gens, à telle enseigne que quel que soit le lieu que vous puissiez visiter au Maroc, vous ne manquerez pas de trouver des cadres et des militants dont il a partagé les préoccupations sur le terrain, mettant en œuvre des moyens nouveaux pour la promotion de l’Homme et la libération de ses potentialités, loin de toute tutelle. Il est aussi le militant des droits de l’Homme qui a cru en l’option de la réconciliation à travers l’expérience de justice transitionnelle, processus destiné à sortir le pays de l’impasse en apportant des réponses aux questions lancinantes du passé. Bien qu’il n’ait pas été membre de l’Instance équité et réconciliation, il a joué un grand rôle dans la riposte aux attaques dont elle a été l’objet et dans le développement du débat relatif aux alternatives et réponses à apporter aux problèmes du passé. Et lorsqu’il a assumé la présidence du Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH), il a combattu avec pugnacité pour que soient mises en œuvre les recommandations de l’Instance afin que le pays ne reste point otage des événements du passé. Comme il a lutté afin que le CCDH devienne une institution des droits de l’Homme au service de tous et non d’une élite donnée. Dans tout ce parcours, l’homme est demeuré au service de tous afin que les droits de l’Homme soient diffus comme l’air que nous respirons.
Dans tous tes parcours, Si Ahmed, tu as été le fidèle et fier serviteur de ton pays, de ta famille, de tes amis et de tes idées et convictions, comme le sont les grands hommes.
Cher ami, Cher frère,
Tous les chemins que tu as empruntés conduisaient vers le raffermissement de l’Etat de droit et des institutions, aussi bien lorsque tu transmettais le savoir aux étudiants, que lorsque tu pratiquais la recherche sociologique. Lorsque tu assumais la responsabilité du secrétariat général du Conseil supérieur de l’enseignement ou encore lorsque tu étais membre du comité scientifique du rapport «50 années de développement humain au Maroc»… Et lorsqu’en 2007, tu as été choisi à la présidence du CCDH, succédant à notre regretté Driss Benzekri et prenant le gouvernail du Conseil au milieu d’un océan d’attentes et d’aspirations, au lendemain de la publication des recommandations de l’IER, tu as supervisé avec un groupe de membres et de cadres, le suivi de projets structurants parmi lesquels, entre autres, le Plan d’action national pour les droits de l’Homme et la démocratie, la Plateforme citoyenne pour la promotion de la culture des droits de l’Homme, et le programme des réparations communautaires, sans oublier ton rôle éminent au sein de la Commission consultative de révision de la Constitution.
Cher ami, Généreux frère,
Cette cérémonie symbolique, à laquelle assistent nombre de tes amis et de personnes partageant les centres d’intérêt qui t’ont occupé tout au long de ton parcours continu, n’est qu’un petit geste de la part d’une institution dont tu as porté les préoccupations, veillé sur les aspirations et assumé les responsabilités.
A la lumière des Principes de Paris régissant les Institutions nationales des droits de l’Homme, et sur la base de la pratique quotidienne accumulée par le CCDH, et avec le concours de nombre d’acteurs, tu a marqué clairement et concrètement de ton empreinte le CNDH, puisque tu es un des artisans de l’élargissement que connaissent ses attributions et ses domaines d’intervention.
Pour conclure, je te souhaite plein succès dans la poursuite des efforts que tu déploies dans l’intérêt de ce pays et de ses citoyens et citoyennes, avec la même ardeur militante dont tu t’es toujours armé depuis que tu as décidé de te consacrer aux affaires publiques, portant haut tes convictions inébranlables, enracinées dans les valeurs suprêmes et les aspirations légitimes à l’édification des institutions de la démocratie et de la citoyenneté.