“Missa” : L'absurde dévoilé



Donald Trump, la force brute qui a changé la politique américaine


Lundi 9 Mai 2016

Donald Trump a eu sa revanche. Moins d'un an après son entrée fracassante dans la course à la Maison Blanche, le milliardaire américain de l'immobilier est devenu le candidat naturel du parti républicain pour la présidentielle de novembre, capitalisant sur la colère de l'électorat.
Il y a 11 mois, personne ne lui donnait la moindre chance. Mais à coups de déclarations tonitruantes, Donald Trump a changé le cours de la campagne, fait exploser le politiquement correct et s'est imposé comme le républicain incontournable, au grand dam du parti.
Le milliardaire flamboyant de 69 ans, qui a construit sa fortune dans l'immobilier, n'a jamais occupé de fonction élective. Avant de se lancer dans la campagne, il était surtout connu pour les tours et casinos à son nom, ses divorces pour tabloïds, et pour être l'animateur star de l'émission de télé-réalité "The Apprentice".
Mais ce populiste s'est révélé être un formidable animal politique, porté par un ego surdimensionné.
Il ose tout dire, et parfois n'importe quoi. Avec un instinct redoutable, il cogne là où ça fait mal. Il n'a aucun doute.
S'il est élu, il promet la construction d'un mur à la frontière mexicaine, qu'il estime à 8 milliards de dollars, payé par le Mexique, pour empêcher l'immigration clandestine. Il veut expulser des Etats-Unis les 11 millions d'immigrés clandestins. Face au terrorisme, il parle d'interdire l'entrée des musulmans aux Etats-Unis. Il "coupera rapidement la tête" de l'organisation jihadiste Etat islamique et "prendra leur pétrole". Il admire Vladimir Poutine, "un leader fort". Dénonce le réchauffement climatique comme une invention des Chinois.
Il est charismatique, brutal, se pose en sauveur d'une Amérique selon lui moribonde et devenue la risée du monde.
Des dizaines de milliers d'Américains, souvent modestes, malmenés par la mondialisation et se sentant trahis par les élites politiques, se précipitent à ses meetings. Donald Trump, toujours impeccablement habillé, fier d'être politiquement incorrect, dénonce "les idiots" dirigeant le pays, joue sur les peurs et promet de "rendre à l'Amérique sa grandeur", son slogan.
Il a copieusement insulté ses concurrents: Ted Cruz "le menteur". Jeb Bush était "ridicule" et "pathétique". Et Hillary Clinton est "malhonnête".
Donald Trump, qui finance largement sa campagne sur ses propres fonds et se déplace dans son Boeing 757 privé, fascine, horrifie, amuse aussi. Ses déclarations belliqueuses lui ont assuré une couverture télévisée supérieure à celle de tous ses concurrents républicains réunis.
Le milliardaire à la chevelure blonde improbable a été démocrate jusqu'en 1987, républicain (1987-1999), membre du parti de la Réforme (1999-2001). Sous George W. Bush il redevient démocrate (2001-2009), puis repasse républicain (2009-2011), indépendant, et à nouveau républicain (2012-2016).
Né à New York, il était le quatrième des cinq enfants d'un gros promoteur immobilier new-yorkais.
Après des études de commerce, il rejoint l'entreprise familiale en 1968. Son père l'aide à ses débuts avec "un petit prêt d'un million de dollars".
En 1971, Donald Trump prend le contrôle de l'entreprise paternelle. Son père construisait des logements pour la classe moyenne à Brooklyn et dans le Queens. Lui préfère les tours de luxe, les hôtels, casinos et golfs, de Manhattan à Bombay en passant par Miami ou Dubaï.
Ce fan de catch était aussi jusqu'en 2015 co-propriétaire des concours Miss Univers et Miss America.
Donald Trump a dans sa carrière intenté ou été la cible de dizaines de procès civils liés à ses affaires. Entre 1991 et 2009, quatre de ses casinos ou hôtels ont été placés sous la protection de la loi américaine sur les faillites.
Il s'est marié trois fois: deux mannequins, une actrice. Il a cinq enfants, sept petits-enfants.
Il était dans les années 90 pour la liberté en matière d'avortement. Est contre le contrôle des armes à feu, après les avoir critiquées. Il veut lourdement taxer les importations chinoises.
Mais pour les détails de son programme, il faudra attendre. "Nous voulons être imprévisibles. Nous devons être des joueurs de poker, des joueurs d'échecs", a-t-il fait savoir dans une déclaration rapportée par l’AFP, expliquant qu'il ne voulait pas que les ennemis des Etats-Unis, ou même leurs alliés, sachent ce qu'il pense.

 


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