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Au "Hazara", petit restaurant de Quetta au Pakistan, faire la cuisine est un acte politique: tous les employés sont des femmes, habituellement exclues du marché du travail. Et toutes sont membres d'une ethnie chiite victime d'abjectes violences dans cette région instable du pays, le Baloutchistan.
Sécurité oblige, ce discret boui-boui aux murs peints en rose se trouve à "Hazara Town", l'un des deux quartiers de Quetta où la communauté hazara s'est repliée, protégée par des check-points armés. Depuis une dizaine d'années, les Hazaras, qui sont environ 500.000 sur les 2,3 millions d'habitants de Quetta, vivent pratiquement en état de siège.
Ils n'en sortent qu'au péril de leur vie: en octobre, trois vendeurs de légumes qui s'étaient aventurés au dehors ont été abattus d'une balle dans la tête à bout portant.
Les Hazaras, aisément repérables en raison de leurs traits asiatiques, sont une cible facile pour les extrémistes sunnites qui les jugent hérétiques.
Tous ici vivent avec la mémoire des deux attentats qui ont frappé la communauté en janvier et février 2013, faisant près de 200 morts. Suite au second sur un marché local de Hazara Town, les habitants avaient protesté en refusant pendant plusieurs jours d'enterrer leurs morts, un geste fort dans le monde musulman où l'enterrement doit avoir lieu au plus tard le lendemain du décès.
La patronne du restaurant, Hameeda Ali Hazara, explique avoir été "fortement affectée" par ces évènements. Sa maison jouxtait le site du premier attentat. "Je me suis dit que je devais aider les victimes".
Dans un contexte d'"assassinats ciblés", son restaurant ouvert il y a deux mois vise à aider financièrement "les familles ou les femmes victimes de violences sectaires", dit à l'AFP cette quadragénaire. Ses trois employées sont "toutes des victimes" de ces violences; l'une a perdu son mari lors d'un attentat à l'explosif.
D'après Abdul Khaliq Hazara, président du Parti démocratique hazara, entre 1.500 et 2.000 membres de la communauté ont été assassinés au total au Baloutchistan, la province pauvre et instable dont Quetta est la capitale, dans le sud-ouest du Pakistan.
Entre 75.000 et 100.000 autres ont fui la violence ailleurs dans le pays ou à l'étranger, notamment en Australie, certains "se noyant en mer" avant d'arriver à destination, affirme-t-il.
Les Hazaras constituent une grande partie de la communauté chiite du Pakistan, qui elle-même compte pour environ un cinquième de la population de ce pays de 207 millions d'habitants, un géant sunnite. La proportion de chiites est particulièrement forte à Quetta.
A la difficulté d'être Hazara s'ajoute celle d'être femme dans une communauté très conservatrice et dans un pays où les femmes ne représentent que 25% des actifs, selon des chiffres du Bureau international du travail datant de 2014.
Leur participation s'effondre à 2% dans les emplois de services au Baloutchistan, une société qui fonctionne largement sur un mode tribal. Les maigres revenus à leur portée proviennent généralement de la broderie, pratiquée à domicile, ou du petit commerce sur les marchés. "Les opportunités de démarrer un commerce ou de rejoindre une entreprise sont rares" pour elles, résume Hameeda Ali Hazara. Son restaurant vise notamment à les pousser à "saisir les opportunités de travail au lieu de rester confinées chez elles avec du fil et une aiguille."
Masooma, cuisinière et serveuse au "Hazara", et étudiante, a saisi cette chance: "Je travaille ici pour gagner de l'argent pour ma famille mais aussi pour payer ma scolarité", souligne-t-elle.
"Ma famille me soutient dans ma décision d'être employée ici", insiste-t-elle. Un choix qui ne va pas de soi car la clientèle y est mixte, ce qui reste peu répandu au Baloutchistan.
Pour prévenir tout débordement, des panneaux aux murs intiment aux consommateurs d'être "agréables avec les serveuses et de leur parler en tenant compte des valeurs morales". Des caméras ont été installées pour garantir la sécurité et empêcher toute velléité de harcèlement, souligne la patronne.
Sécurité oblige, ce discret boui-boui aux murs peints en rose se trouve à "Hazara Town", l'un des deux quartiers de Quetta où la communauté hazara s'est repliée, protégée par des check-points armés. Depuis une dizaine d'années, les Hazaras, qui sont environ 500.000 sur les 2,3 millions d'habitants de Quetta, vivent pratiquement en état de siège.
Ils n'en sortent qu'au péril de leur vie: en octobre, trois vendeurs de légumes qui s'étaient aventurés au dehors ont été abattus d'une balle dans la tête à bout portant.
Les Hazaras, aisément repérables en raison de leurs traits asiatiques, sont une cible facile pour les extrémistes sunnites qui les jugent hérétiques.
Tous ici vivent avec la mémoire des deux attentats qui ont frappé la communauté en janvier et février 2013, faisant près de 200 morts. Suite au second sur un marché local de Hazara Town, les habitants avaient protesté en refusant pendant plusieurs jours d'enterrer leurs morts, un geste fort dans le monde musulman où l'enterrement doit avoir lieu au plus tard le lendemain du décès.
La patronne du restaurant, Hameeda Ali Hazara, explique avoir été "fortement affectée" par ces évènements. Sa maison jouxtait le site du premier attentat. "Je me suis dit que je devais aider les victimes".
Dans un contexte d'"assassinats ciblés", son restaurant ouvert il y a deux mois vise à aider financièrement "les familles ou les femmes victimes de violences sectaires", dit à l'AFP cette quadragénaire. Ses trois employées sont "toutes des victimes" de ces violences; l'une a perdu son mari lors d'un attentat à l'explosif.
D'après Abdul Khaliq Hazara, président du Parti démocratique hazara, entre 1.500 et 2.000 membres de la communauté ont été assassinés au total au Baloutchistan, la province pauvre et instable dont Quetta est la capitale, dans le sud-ouest du Pakistan.
Entre 75.000 et 100.000 autres ont fui la violence ailleurs dans le pays ou à l'étranger, notamment en Australie, certains "se noyant en mer" avant d'arriver à destination, affirme-t-il.
Les Hazaras constituent une grande partie de la communauté chiite du Pakistan, qui elle-même compte pour environ un cinquième de la population de ce pays de 207 millions d'habitants, un géant sunnite. La proportion de chiites est particulièrement forte à Quetta.
A la difficulté d'être Hazara s'ajoute celle d'être femme dans une communauté très conservatrice et dans un pays où les femmes ne représentent que 25% des actifs, selon des chiffres du Bureau international du travail datant de 2014.
Leur participation s'effondre à 2% dans les emplois de services au Baloutchistan, une société qui fonctionne largement sur un mode tribal. Les maigres revenus à leur portée proviennent généralement de la broderie, pratiquée à domicile, ou du petit commerce sur les marchés. "Les opportunités de démarrer un commerce ou de rejoindre une entreprise sont rares" pour elles, résume Hameeda Ali Hazara. Son restaurant vise notamment à les pousser à "saisir les opportunités de travail au lieu de rester confinées chez elles avec du fil et une aiguille."
Masooma, cuisinière et serveuse au "Hazara", et étudiante, a saisi cette chance: "Je travaille ici pour gagner de l'argent pour ma famille mais aussi pour payer ma scolarité", souligne-t-elle.
"Ma famille me soutient dans ma décision d'être employée ici", insiste-t-elle. Un choix qui ne va pas de soi car la clientèle y est mixte, ce qui reste peu répandu au Baloutchistan.
Pour prévenir tout débordement, des panneaux aux murs intiment aux consommateurs d'être "agréables avec les serveuses et de leur parler en tenant compte des valeurs morales". Des caméras ont été installées pour garantir la sécurité et empêcher toute velléité de harcèlement, souligne la patronne.