Le gouvernement «respecte» l'arrêt qu'il va étudier, a réagi le ministre de la Défense, Rodrigo Rivera, avant de souligner «l'importance de la coopération avec les Etats-Unis», notamment en matière de lutte contre la drogue et les guérillas.
La Cour constitutionnelle avait été saisie par un collectif d'avocats attaché à la défense des droits de l'homme qui jugeait que l'accord était en réalité un traité au sujet duquel le Parlement aurait dû être consulté, comme l'avait également affirmé le Conseil d'Etat. Faute d'avoir respecté cette condition, il était inconstitutionnel, selon le collectif.
L'accord signé entre l'ambassadeur des Etats-Unis, William Brownfield, et le ministre des Affaires étrangères, Jaime Bermudez, le 30 octobre 2009, avait déclenché, avant même qu'il ne fût confirmé, une crise régionale. Le Venezuela, qui le jugeait menaçant pour la paix, avait «gelé» ses relations diplomatiques avec Bogota à la fin du mois de juillet 2009, quinze jours après qu'il eut été divulgué. Caracas, qui a rétabli ses relations diplomatiques avec la Colombie le 10 août, avait ensuite ordonné, comme mesure de rétorsion, que les importations en provenance de Colombie soient remplacées par d'autres produits, une mesure qualifiée d'embargo commercial par Bogota.
L'accord avait été présenté par les Etats-Unis et la Colombie comme un moyen de renforcer la lutte antidrogue et antiguérilla. Les deux Etats avaient également assuré qu'il ne permettrait à aucun titre des opérations visant d'autres pays à partir du sol colombien. La Colombie, partageant des frontières avec cinq pays d'Amérique du Sud, dont le Venezuela et l'Equateur, occupe une position stratégique pour les Etats-Unis, qui s'intéresseraient en particulier à sa base aérienne de Palanquero (200 km au nord-ouest de Bogota) loin de toute agglomération importante et permettant l'atterrissage de gros porteurs.
L'accord n'a cependant pas été pleinement mis en œuvre depuis sa signature, faute notamment d'aménagement de cette base de Palanquero, pour laquelle un budget de 46 millions de dollars a été débloqué par le Congrès américain.