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Chasser l'hiver, un rituel sacré pour la jeunesse slovène


Z.JW
Vendredi 16 Février 2024

Chaque février, des monstres de fourrure terrifiants déferlent sur la ville slovène de Ptuj pour chasser l'hiver. Derrière les masques, de nombreux jeunes qui ont appris la tradition "dès le berceau" et savourent cette parenthèse hors du temps.

Denis Kokot, 22 ans, est devenu Kurenti, du nom de ces étranges créatures, sur les pas de son père.
Aux côtés d'un millier de ses disciples, il défile peau de mouton sur le dos et casque coloré rehaussé de plumes ou de cornes de taureau, dans un joyeux tintamarre de cloches.
Cette coutume païenne, qui se pratique de la Chandeleur au mercredi des Cendres, est censée éloigner les mauvais esprits et célébrer l'arriver du printemps.

Elle peut sembler ringarde mais l'intérêt ne faiblit pas. Le jeune homme aime "perpétuer cet héritage", à mille lieues de l'ère numérique.
"On déconnecte des réseaux sociaux, on laisse de côté nos téléphones pour profiter du moment présent", raconte-t-il à l'AFP.

Monja Hvalec, 37 ans, était encore ado quand elle a enfilé le costume, et est toujours aussi accro.
"C'est ce moment de l'année où on se laisse submerger par ce sentiment mystique. Rien ne pourrait nous faire sortir de notre bulle", décrit cette commerçante.
Selon elle, "95% de ceux nés ici vivent pour cette tradition qu'on nous inculque au berceau".

Leurs aînés saluent le rôle essentiel des jeunes, "pont entre le passé et le futur", selon l'expression d'Ales Ivancic, président de l'Association des Kurentis, qui rassemble 25 groupes issus des alentours.
A l'origine, les hommes, pour la plupart célibataires, faisaient "la tournée de maison en maison" dans chaque village, relate Andrej Brence, ethnologue du musée de Ptuj (nord-ouest).

Pour éviter que ce rituel remontant au 18e siècle ne tombe dans l'oubli, des habitants décident à la fin des années 1950 de réunir les différentes confréries et d'élargir le cercle aux enfants et femmes.
Une méthode gagnante qui s'est traduite en 2017 par une inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco.
Modestes à l'origine, souvent composés de rebuts, les costumes sont devenus plus sophistiqués et peuvent aujourd'hui coûter jusqu'à 1.600 euros.

Forte de cette notoriété, la parade de Ptuj attire toujours plus de visiteurs, selon l'Office du tourisme: ils sont environ 100.000 visiteurs à fréquenter la ville pendant les dix jours du carnaval.
Dans le public, des touristes venus de Hongrie, d'Allemagne ou d'ailleurs en Slovénie semblent apprécier le spectacle, évoquant la formidable "énergie" déployée par la troupe.
Sous son attirail de 30 kg, l'un des participants transpire. "Il faut souffrir pour porter bonheur", s'amuse-t-il.
 


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