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Maître de la scène qui a révolutionné le théâtre et l'opéra, l'Américain Bob Wilson, décédé jeudi à l'âge de 83 ans, fait partie de ces artistes plus aimés en France que dans leur pays.
"Peter Pan", "Turandot", "Einstein on the Beach"... Ses mises en scène d'oeuvres originales comme d'ouvrages du répertoire traditionnel créent l'événement partout où elles sont montrées. Mais c'est en France que cet artiste total a le plus fait l'unanimité. La ministre française de la Culture Rachida Dati a immédiatement rendu hommage à un "artiste visionnaire".
C'est en 1976 que Robert, ou Bob Wilson, est propulsé sur la scène internationale avec "Einstein on The Beach", un "ovni" de presque cinq heures monté à plusieurs reprises depuis sa création, et dont la musique est signée Philip Glass.
"Einstein on the Beach" brise toutes les conventions de l'opéra classique. Il n'y a pas d'histoire linéaire, mais plutôt une évocation des thèmes liés à la vie d'Einstein. Il ne s'agit pas d'expliquer la théorie de la relativité, mais de faire percevoir le bouleversement introduit par la notion d'"espace-temps", notamment avec la danse.
Esthétique épurée, langage corporel codifié, influencé par les formes théâtrales asiatiques, et jeu de lumières évoquant souvent un monde onirique sont les marques de fabrique de Bob Wilson, dont le travail scénique intègre une large variété de moyens artistiques.
Il lui vaut rien moins qu'une citation du poète Louis Aragon qui, bouleversé, écrit "je n'ai jamais rien vu de plus beau en ce monde depuis que j'y suis né".
Le spectacle est né d'un incident fondateur: en 1967, Bob Wilson voit un adolescent noir de 13 ans, Raymond Andrews, se faire tabasser dans la rue par un policier. Il se rend compte que l'enfant est sourd-muet: il finit par l'adopter.
Wilson, également plasticien, a multiplié les collaborations: le chorégraphe Andy de Groat, Tom Waits, Isabelle Huppert pour "Orlando" de Virginia Woolf, Lady Gaga pour des portraits vidéos d'elle au Louvre ou encore la légende du ballet Mikhaïl Barychnikov.
Sans oublier une quinzaine d'opéras montés de Paris à la Scala de Milan.
Pourtant, ce fils d'un avocat né le 4 octobre 1941 à Waco n'était pas prédestiné au théâtre. Waco, c'est "une petite ville du Texas sans musée ni théâtre, parce que Lincoln avait été assassiné dans un théâtre, c'était un péché d'y retourner", confiait-il au magazine Télérama en 2013.
Dès l'âge de 12 ans, il joue ses propres pièces dans le garage familial mais à l'école, il se souvient être toujours "le dernier de la classe". Il sera guéri d'un grave problème de bégaiement grâce à un psychothérapeute qui travaillait avec la danse.
A la vingtaine, il atterrit à New York, mais déteste ce qu'il voit au théâtre et se rapproche instinctivement de l'avant-garde américaine: Andy Warhol, John Cage ou les chorégraphes George Balanchine et surtout Martha Graham.
C'est elle qui le pousse à s'accrocher, quand il lui lâche: "Je ne fais rien de bien". Si ses créations ne font pas l'unanimité, il ne s'en émeut pas. "Neuf fois sur dix, on se dit ça ne marche pas, mais il faut aller de l'avant".
Il aime aussi s'entourer de jeunes et a créé en 1992 près de New York le centre Watermill, qui a annoncé sur Instagram son décès d'une brève maladie. "C'est un grand atelier, comme on peut imaginer l'atelier de Véronèse ou Rubens à l'époque: les jeunes peignaient pour le maître qui passe, qui corrige, qui peint un peu", expliquait-il.
"Peter Pan", "Turandot", "Einstein on the Beach"... Ses mises en scène d'oeuvres originales comme d'ouvrages du répertoire traditionnel créent l'événement partout où elles sont montrées. Mais c'est en France que cet artiste total a le plus fait l'unanimité. La ministre française de la Culture Rachida Dati a immédiatement rendu hommage à un "artiste visionnaire".
C'est en 1976 que Robert, ou Bob Wilson, est propulsé sur la scène internationale avec "Einstein on The Beach", un "ovni" de presque cinq heures monté à plusieurs reprises depuis sa création"Les Français m'ont donné un +chez moi+", racontait à l'AFP en 2021 le Texan, qui avait monté le spectacle d'inauguration de l'Opéra Bastille, à Paris, en 1989.
C'est en 1976 que Robert, ou Bob Wilson, est propulsé sur la scène internationale avec "Einstein on The Beach", un "ovni" de presque cinq heures monté à plusieurs reprises depuis sa création, et dont la musique est signée Philip Glass.
"Einstein on the Beach" brise toutes les conventions de l'opéra classique. Il n'y a pas d'histoire linéaire, mais plutôt une évocation des thèmes liés à la vie d'Einstein. Il ne s'agit pas d'expliquer la théorie de la relativité, mais de faire percevoir le bouleversement introduit par la notion d'"espace-temps", notamment avec la danse.
Esthétique épurée, langage corporel codifié, influencé par les formes théâtrales asiatiques, et jeu de lumières évoquant souvent un monde onirique sont les marques de fabrique de Bob Wilson, dont le travail scénique intègre une large variété de moyens artistiques.
Dès l'âge de 12 ans, Wilson joue ses propres pièces dans le garage familial mais à l'école, il se souvient être toujours "le dernier de la classe".L'histoire d'amour avec la France commence avec "Le regard du sourd", son premier succès, un spectacle "silencieux" de sept heures présenté au festival de Nancy en 1971, puis à Paris.
Il lui vaut rien moins qu'une citation du poète Louis Aragon qui, bouleversé, écrit "je n'ai jamais rien vu de plus beau en ce monde depuis que j'y suis né".
Le spectacle est né d'un incident fondateur: en 1967, Bob Wilson voit un adolescent noir de 13 ans, Raymond Andrews, se faire tabasser dans la rue par un policier. Il se rend compte que l'enfant est sourd-muet: il finit par l'adopter.
Wilson, également plasticien, a multiplié les collaborations: le chorégraphe Andy de Groat, Tom Waits, Isabelle Huppert pour "Orlando" de Virginia Woolf, Lady Gaga pour des portraits vidéos d'elle au Louvre ou encore la légende du ballet Mikhaïl Barychnikov.
Sans oublier une quinzaine d'opéras montés de Paris à la Scala de Milan.
Pourtant, ce fils d'un avocat né le 4 octobre 1941 à Waco n'était pas prédestiné au théâtre. Waco, c'est "une petite ville du Texas sans musée ni théâtre, parce que Lincoln avait été assassiné dans un théâtre, c'était un péché d'y retourner", confiait-il au magazine Télérama en 2013.
Dès l'âge de 12 ans, il joue ses propres pièces dans le garage familial mais à l'école, il se souvient être toujours "le dernier de la classe". Il sera guéri d'un grave problème de bégaiement grâce à un psychothérapeute qui travaillait avec la danse.
A la vingtaine, il atterrit à New York, mais déteste ce qu'il voit au théâtre et se rapproche instinctivement de l'avant-garde américaine: Andy Warhol, John Cage ou les chorégraphes George Balanchine et surtout Martha Graham.
C'est elle qui le pousse à s'accrocher, quand il lui lâche: "Je ne fais rien de bien". Si ses créations ne font pas l'unanimité, il ne s'en émeut pas. "Neuf fois sur dix, on se dit ça ne marche pas, mais il faut aller de l'avant".
Il aime aussi s'entourer de jeunes et a créé en 1992 près de New York le centre Watermill, qui a annoncé sur Instagram son décès d'une brève maladie. "C'est un grand atelier, comme on peut imaginer l'atelier de Véronèse ou Rubens à l'époque: les jeunes peignaient pour le maître qui passe, qui corrige, qui peint un peu", expliquait-il.