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En marge du
séminaire organisé récemment à Amiens par les Deux Rives, Association
franco-marocaine de Picardie, sous
le thème : «Double nationalité et citoyenneté active», Bernard Delemote, président de
Migration et Droit
à la Cité a accordé
à Libé l’entretien suivant.
Libé : Le projet de changement de la Constitution pour inscrire la déchéance de la nationalité divise la société française. Comment expliquez-vous ce fait politique ?
Bernard Delemotte : Le débat en France sur la déchéance de la nationalité a abouti à cette situation : on ne voulait pas, on ne veut pas qu’il y ait des apatrides, des gens qui n’ont pas d’autre nationalité. Si on les déchoit de cette nationalité, que deviendraient-ils ? Je ne sais pas. En pratique, cela ne peut concerner que quelqu’un qui a deux ou trois nationalités. Le projet de l’inscrire dans la Constitution est donc une erreur. C’est une idée de l’extrême droite, qui vise effectivement les populations immigrées, celles qui ont une double nationalité.
Mais si on cible la population d’origine étrangère, on touche le principe de l’égalité.
En effet. On avance qu’il y a plusieurs catégories de Français : des Français de souche et des Français qui, ayant d’autres nationalités, ne sont pas tout à fait français, c’est extrêmement grave. On touche à l’identité des gens. On est encore dans un discours un peu postcolonial. L’immigré et sa descendance ne sont pas des citoyens comme les autres mais toujours des sous-citoyens. Je crois que les gens de gauche l’ont compris et ils ont protesté contre ce projet d‘inscrire dans la Constitution la déchéance de la nationalité. Personnellement, je ne pense pas qu’il soit inscrit. C’est une erreur à mon avis.
C’est la gauche française qui a cherché à inscrire la déchéance dans la Constitution et non la droite. N’est-ce pas incompréhensible ?
Il y avait un débat important au sein de la gauche française sur la question de la déchéance de la nationalité. Presque la majorité du Parti socialiste est contre cette inscription.
Cette situation est-elle liée au changement dans la société française ?
C’est lié un peu à la tendance de droitisation, au poids du Front national. Les médias aussi en France stigmatisent tout ce qui est étranger. Il n’y a pas qu’en France, en Europe également. En France, il y a une tendance forte vers une droitisation des idées.
Mais on ne comprend pas que cela puisse arriver en France, qui n’a reçu pourtant que 5000 réfugiés syriens quand l’Allemagne en a reçu plus d’un million. Que se passe-t-il ?
C’est vrai mais sur cette question je suis désolé. Angela Merkel est plus à gauche que François Hollande.
séminaire organisé récemment à Amiens par les Deux Rives, Association
franco-marocaine de Picardie, sous
le thème : «Double nationalité et citoyenneté active», Bernard Delemote, président de
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à la Cité a accordé
à Libé l’entretien suivant.
Libé : Le projet de changement de la Constitution pour inscrire la déchéance de la nationalité divise la société française. Comment expliquez-vous ce fait politique ?
Bernard Delemotte : Le débat en France sur la déchéance de la nationalité a abouti à cette situation : on ne voulait pas, on ne veut pas qu’il y ait des apatrides, des gens qui n’ont pas d’autre nationalité. Si on les déchoit de cette nationalité, que deviendraient-ils ? Je ne sais pas. En pratique, cela ne peut concerner que quelqu’un qui a deux ou trois nationalités. Le projet de l’inscrire dans la Constitution est donc une erreur. C’est une idée de l’extrême droite, qui vise effectivement les populations immigrées, celles qui ont une double nationalité.
Mais si on cible la population d’origine étrangère, on touche le principe de l’égalité.
En effet. On avance qu’il y a plusieurs catégories de Français : des Français de souche et des Français qui, ayant d’autres nationalités, ne sont pas tout à fait français, c’est extrêmement grave. On touche à l’identité des gens. On est encore dans un discours un peu postcolonial. L’immigré et sa descendance ne sont pas des citoyens comme les autres mais toujours des sous-citoyens. Je crois que les gens de gauche l’ont compris et ils ont protesté contre ce projet d‘inscrire dans la Constitution la déchéance de la nationalité. Personnellement, je ne pense pas qu’il soit inscrit. C’est une erreur à mon avis.
C’est la gauche française qui a cherché à inscrire la déchéance dans la Constitution et non la droite. N’est-ce pas incompréhensible ?
Il y avait un débat important au sein de la gauche française sur la question de la déchéance de la nationalité. Presque la majorité du Parti socialiste est contre cette inscription.
Cette situation est-elle liée au changement dans la société française ?
C’est lié un peu à la tendance de droitisation, au poids du Front national. Les médias aussi en France stigmatisent tout ce qui est étranger. Il n’y a pas qu’en France, en Europe également. En France, il y a une tendance forte vers une droitisation des idées.
Mais on ne comprend pas que cela puisse arriver en France, qui n’a reçu pourtant que 5000 réfugiés syriens quand l’Allemagne en a reçu plus d’un million. Que se passe-t-il ?
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