Au Gabon, une ambiance de folie pour voir la Seleçao

"Ils veulent accéder au paradis", rigole Kassa Manfoumbi au stade de Sibang lors de l'entraînement de l'équipe du Brésil à l'avant-veille du match de la Seleçao contre le Gabon pour l'inauguration du stade de l'Amitié qui va accueillir la Coupe d'Afrique des nations en 2012.
Cet étudiant a bravé plusieurs kilomètres de bouchons pour se rendre au stade situé le long de la route nationale qui sort de Libreville. Entre 2.000 et 3.000 personnes, la majorité des étudiants et écoliers, se massent autour du stade, tentant de pénétrer dans l'arène. A quelques mètres de là, des gendarmes descendent d'un escalier avec une caisse de grenades lacrymogène en prévision d'un éventuel débordement.
Mais tout se passera bien. La délégation brésilienne qui avait initialement décidé d'un huis clos ouvre finalement les portes du stade aux jeunes, dont beaucoup sont en tenue violette, l'uniforme du lycée Djoue Dabany, un établissement de plusieurs milliers de jeunes situé non loin de là.
Plusieurs centaines de jeunes se tassent devant une porte gardée par des gendarmes. "Poussez, poussez, Gabonais", plaisante un jeune. Finalement, deux tribunes du stade qui n'est jamais aussi plein d'habitude sont remplies à craquer de supporteurs.
"C'était difficile d'entrer. On a failli s'étouffer mais on est content. Je vais pouvoir voir les joueurs", explique Crepin Mickala, 15 ans, qui joue en cadet sur le même terrain réquisitionné par les Brésiliens. "Je n'ai pas d'argent pour voir le match alors l'entraînement c'est super". Le prix le moins cher pour les billets jeudi est 3.000 F CFA (4,5 euros) auquel, précise-t-il, il faut ajouter le prix du transport.
Dani Alves, le chouchou
Maillot du Barça sur les épaules, Jordan Kassini lui est heureux de "voir le joueurs en vrai! On le voit tout le temps à la télé. C'est le top".
Sur le terrain, le Brésil fit un entraînement "light" avec petit footing, une opposition sans engagement sur une moitié de terrain puis des centres et débordements. Incontestablement, c'est Daniel Alves, le premier au hit-parade.
Dès que le défenseur du Barça touche le ballon, la foule crie. Dani Alves, qui est suspendu pour le match de jeudi et ne jouera pas, en est conscient et cabotine un peu lors des interruptions avec des jonglages et des signes vers les spectateurs ravis.
"Les gens ici sont super gentils avec la sélection et nous on est heureux d'être ici et de donner cette joie à tout le peuple du Gabon. On espère pouvoir rendre cette tendresse sur le terrain", affirme Daniel Alves. "Je n'imaginais pas être si populaire mais je crois que c'est dû à mon club (Barcelone) et à la sélection. On espère faire un bon match pour plaire à tout le monde".
Luisao, le défenseur du Benfica, est lui "fier" de cet accueil: "On sait qu'ici les gens ont leurs problèmes et arriver ici et voir les gens sourire au passage de la Seleçao, la joie dans le stade, c'est une fierté".
Le défenseur du Benfica commente aussi la pauvreté aperçue et les dizaines de maisons détruites par les autorités lors d'une opération de lutte contre les constructions anarchiques le long de la voie menant au stade. "C'est une leçon de vie. Beaucoup de fois, on se plaint dans notre vie pour de petites choses et vous voyez les difficultés qu'ils vivent avec le sourire au visage... ".
"On va essayer de rendre (cet accueil) avec du football qui plait aux Africains, une action avec de l'habilité, un bon spectacle", promet-il.
Dans le stade chaque action, même peu spectaculaire est ponctuée par des applaudissements voire des cris.
"Je suis trop contente", jubile Anne-Marie Placca, en seconde du lycée Djoue Dabany. "Il n'y a pas Kaka (ndlr: blessé), ni Ronaldinho, mais ce n'est pas grave. Il y a Dani Alves et Fabio là, il est trop mignon".