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Après avoir abandonné Adidas, la "Mannschaft" critiquée pour manque de "patriotisme"


Libé
Jeudi 28 Mars 2024

Après avoir abandonné Adidas, la "Mannschaft" critiquée pour manque de "patriotisme"
L'éviction de l'équipementier Adidas comme partenaire de l'équipe d'Allemagne de football au profit de l'américain Nike suscite l'émoi  dans le pays, jusque dans les rangs du gouvernement où on déplore un manque de "patriotisme".

La Fédération nationale de football (DFB) a provoqué un véritable séisme en révélant  un partenariat avec le géant américain Nike pour la période 2027-2034, mettant fin à plus de 70 ans de fidélité à l'entreprise bavaroise Adidas.
L'annonce intervient moins de trois mois avant le coup d'envoi de l'Euro-2024 masculin sur le sol allemand (14 juin - 14 juillet).
L'équipe nationale qui joue avec les trois bandes, c'était aussi clair que le ballon est rond et qu'un match dure 90 minutes", dixit Markus Söder
"Je ne peux à peine m'imaginer le maillot allemand sans les trois bandes" de la marque allemande Adidas, a réagi le ministre de l'Economie et vice-chancelier Robert Habeck.
"Adidas et le noir-rouge-or", couleurs du drapeau allemand, sont "indissociables", comme "une part de l'identité allemande", a ajouté l'élu écologiste. "J'aurais apprécié un peu plus de patriotisme local", a-t-il critiqué.

"Erreur", a tranché le ministre de la Santé Karl Lauterbach, à propos du choix d'une entreprise américaine pour équiper la Mannschaft, déplorant que "le commerce détruise une partie de la patrie et une tradition".
Interrogé à l'issue d'un sommet de l'UE à Bruxelles, le chancelier Olaf Scholz a préféré botter en touche: "La DFB a décidé, elle ne m'a pas demandé mon avis".
"L'important est que des buts soient marqués", a-t-il ajouté.

"L'équipe nationale qui joue avec les trois bandes, c'était aussi clair que le ballon est rond et qu'un match dure 90 minutes", s'est aussi ému Markus Söder, chef du gouvernement de Bavière, région du sud de l'Allemagne et berceau d'Adidas.

Au-delà des milieux politiques, la réprobation est généralisée dans le pays. "C'est de nouveau une affaire d'argent", critique l'influent magazine Der Spiegel, alors que des informations du quotidien économique Handelsblatt, non confirmées, font état d'un contrat de 100 millions d'euros par an.
Selon le journal populaire Bild, le patron d'Adidas Bjorn Gulden avait proposé  une offre de dernière minute améliorée, entre 60 et 65 millions par an.

Il s'agit d'un "affront" pour le groupe d'Herzogenaurach un peu plus d'une semaine après la présentation de sa collection de maillots pour l'Euro, dont l'un assorti d'un dégradé de rose et de violet qui avait fait jaser dans le pays, souligne aussi le quotidien Süddeutsche Zeitung.

C'est dans la ville bavaroise où l'équipementier est né après la Seconde guerre et où il a toujours son siège que la Mannschaft installera son camp de base durant l'Euro à venir. Adi Dassler, fondateur du groupe, avait personnellement vissé les crampons du buteur allemand Fritz Walter avant la finale gagnée de la Coupe du monde 1954, qui a scellé le lien entre Adidas et la sélection.

"Incroyable, l'équipe nationale appartient à Adidas, c'est incompréhensible qu'on puisse choisir un géant américain" à sa place, a réagi auprès de l'AFP Moritz Steinmann, 25 ans, étudiant et fan de foot à Francfort.
Les commentaires de fans inconsolables ou en colère sont innombrables sur les réseaux sociaux.

La DFB avait déjà anticipé les réactions négatives. "Nous comprenons toute émotion", a-t-elle déclaré sur X quelques heures après l'annonce du contrat. La rupture avec Adidas "ne nous laisse pas froid".
Mais Nike a présenté "de loin la meilleure offre économique", a justifié la fédération, qui lui permettra de remplir tous ses engagements, y compris en faveur du développement durable du football féminin et de la promotion des sports amateurs.

Etant donné les problèmes financiers de la DFB, c'est "une bonne affaire qui intervient au bon moment", a estimé Christoph Breuer, de l'Institut pour l'économie du sport et la gestion du sport de Cologne, auprès de la filiale d'information sportive de l'AFP, le SID.
"La tradition ne paie pas les factures", a résumé Bild.

Dans une Allemagne en plein marasme économique, qui doute de son attractivité, l'éviction d'Adidas assombrit encore le tableau, après qu'un autre symbole de l'industrie germanique a mordu la poussière : le constructeur automobile Volkswagen a été évincé comme partenaire de l'Euro-2024 par son jeune rival chinois BYD.


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