L’état d’urgence se réinvite ainsi sur la scène des débats politiques en ce début d’année. Pas seulement à l’approche de sa date anniversaire (début février). Emeutes, rassemblements et marches interdits, arrestations, tentatives d’immolation par le feu : ce mois de janvier aura été celui de la contestation certes, mais aussi celui de la persistance du rejet par les autorités de toutes ses formes d’expression. Elles invitent au dialogue en condamnant la violence puis interdisent toute expression pacifique pour tenter d’imposer le silence. Impasse communicationnelle pour une société qui n’arrive plus à contenir ses revendications. Pour en sortir, la levée de l’état d’urgence est de plus en plus évoquée comme ultime solution. Changera-t-elle précisément la vie politique algérienne et plus globalement le quotidien des citoyens ? Pour beaucoup, la question ne mérite pas d’être posée tant la réponse est évidente : «La levée de l’état d’urgence ouvrira le champ politique et médiatique à coup sûr.»
Une marche pour l’exiger est d’ailleurs prévue à Alger, la mi-février, organisée par une coordination regroupant la Ligue de défense des droits de l’Homme (LADDH), des syndicats, des partis et des indépendants. Et ce n’est pas la seule initiative, le MSP vient lui aussi, d’après les déclarations de son vice-Président Abderezzak Makri, d’entamer des négociations avec les deux autres partis de l’Alliance présidentielle, le RND et le FLN, en vue de les convaincre de demander, eux aussi, la levée de l’état d’urgence. «Cette ambiance de contestation généralisée nous interpelle depuis le début du mois, nous discutons donc avec le FLN et le RND pour qu’ils nous rejoignent sur cette question», a expliqué Makri. Et d’ajouter : «La levée de l’état d’urgence est impérative pour ouvrir le champ politique.» Kassa Aïssi, porte-parole du FLN, voit les choses autrement, l’état d’urgence, selon lui, «ne dérange en rien la vie politique algérienne». Contacté par téléphone à son tour, le RND, qui affiche depuis des années son opposition à la levée de l’état d’urgence, n’avait, hier, pas d’avis à donner sur la question.
Les divergences politiques sur cette éventuelle levée persistent depuis près de dix ans, les militants de défense des droits humains, de leur côté, ne cessent de réclamer son abrogation depuis la relative accalmie sécuritaire.