Tous les chercheurs en cinéma recourent à ses services. Une véritable mémoire vivante. Pour preuve, il est tout le temps sollicité par la presse écrite et les différents festivals pour la rédaction de biographies, lectures ou encore propositions de film ainsi que des synthèses sur le cinéma marocain.
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Entretien.
Libé : Comment avez-vous été fasciné, enfant, par le cinéma ?
Ahmed Sijilmassi : Les enfants de mon âge avaient la chance de bénéficier de séances de visionnage de films. Au moins un film par semaine, ainsi que des formations sur les techniques de cinéma. L’éducation artistique faisait partie des cours à prodiguer aux élèves et tout établissement disposait déjà d’un appareil 35 mm pour la projection de films. On avait ainsi vu tous les films de Charlie Chaplin et d’autres productions en vogue à l’époque.
En plus, le nombre de salles était en progression, ce qui encourageait les jeunes à accéder à de tels espaces. Les professeurs nous encourageaient à y aller, pour voir tel ou tel film et en préparer un résumé, ce qui comptait pour l’appréciation générale de l’élève.
Comment êtes vous devenu l’un des spécialistes du cinéma marocain ?
Ce n’était jamais prévu, mais mon action y avait concouru quelque peu. J’étais intéressé par l’archivage des affiches de films, des biographies, des articles et même des synopsis… A un certain moment, je me suis rendu compte que cela relève d’un travail que normalement devront accomplir les institutions dédiées à ce genre d’art. Je m’en suis aperçu également quand j’ai vu augmenter le nombre d’étudiants me rendant visite pour des documents nécessaires à leurs recherches académiques ou critiques. Sincèrement, cette tâche devrait normalement relever des institutions, pour donner au cinéma marocain sa mémoire, et son histoire. D’ailleurs, plusieurs critiques et chercheurs font circuler plusieurs informations erronées, faute de mémoire bien préservée.
A votre avis, les festivals et les associations peuvent-ils contribuer à l’archivage ?
Une simple idée que je ne cesse de répéter depuis déjà des années : hommages, conférences, séminaires peuvent faire l’objet de compilations. Si parmi une centaine de manifestations cinématographiques annuelles au Maroc, nous arrivons à avoir une cinquantaine de livres par an, nous allons enrichir certainement la cinémathèque nationale.
Que pensez-vous du débat ayant accompagné le film marocain «Much loved»?
Tout d’abord, je ne peux parler du film, pour la simple raison que je n’ai pas encore vu le travail de Nabil Ayouch. Les extraits disparates et non combinés, infiltrés sur Internet, ne peuvent donner une idée sur la vision du réalisateur et son traitement de la thématique dans ce film. Mais, ce que je peux dire, c’est qu’on doit souligner que Nabil Ayouch a pointé du doigt une question épineuse dans la société. Le réalisateur est, en fait, parmi les rares cinéastes à aborder dans chaque film une thématique différente et avec un souffle particulier. Il joint également du sens de l’esthétique et de la technicité ; j’aurais aimé qu’on ait une dizaine de Nabil Ayouch au Maroc. Innovateur, il a toujours des idées et des propositions. Il suffit de voir «Lola» aux dimensions internationales ou son documentaire «My land» «Les Chevaux de Dieu», entre autres. Nous devrions nous féliciter d’avoir un tel réalisateur parmi nous… Pour les contenus ou les modes d’expression, les gens ont le droit de ne pas être d’accord avec lui, ce sont des goûts et des affinités subjectifs.