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Afrique : les colères de la faim


Par Noël Kodia *
Jeudi 6 Mai 2010

Dans «Les colères de la faim… Pourquoi l’Afrique s’est embrasée en 2008», J.C. Edjangué traite un sujet qui interpelle la Communauté internationale en général et les dirigeants africains en particulier. Jean-Célestin Edjangué analyse les causes de la faim qui a provoqué des révoltes populaires dans quelques pays. Révoltes souvent réprimandées dans le sang dans certains pays qu’il cite nommément. Aussi, propose-t-il des solutions pour que cette situation ne se reproduise plus. Profitant de cette analyse sur les colères de la faim, il critique la mauvaise gouvernance politique et économique des dirigeants africains, et plus particulièrement ce qui s’est passé dans son pays, le Cameroun.
Déjà en 2007, on constate que les prix de certaines matières agricoles et denrées alimentaires augmentent d’une façon significative. Et l’auteur de se fonder sur la documentation du FAO pour démontrer par exemple la hausse des prix des céréales dont la production ne fait que baisser et que celle-ci en a pleinement conscience. Devant cette situation, cet organisme ne pouvait pas ignorer les risques de violence que pourrait provoquer la flambée des prix de matières agricoles et des denrées alimentaires de base. Dans une démonstration fondée sur des statistiques, Jean Célestin Edjangué révèle que de nombreux économistes ont trouvé, dans les émeutes de la faim de 2008, des causes à la fois structurelles et conjoncturelles.
De l’augmentation des prix de certaines matières premières, l’auteur spécifie la hausse des cours du pétrole qui va propulser la fabrication des carburants à partir des denrées alimentaires. Il note une consommation accrue de la viande en Chine. Mais pour l’auteur, il y a d’autres facteurs qui ont contribué aux colères de la faim sur le continent. Il note que les surfaces arables du globe se sont réduites depuis plusieurs décennies sous l’effet conjugué de la désertification, du réchauffement climatique et des érosions consécutives à la déforestation ou à l’utilisation abusive des engrais chimiques. Malgré ce tableau sombre pour le continent, la croissance économique de 2007 à 2008 a été constatée par la BAD et l’OCDE. L’auteur se demande comment l’Afrique a-t-elle pu connaître, paradoxalement donc, au vu de sa croissance, les manifestations contre la faim ?
Dans beaucoup de pays africains, il y a eu révoltes contre la faim, et la situation politique y a été pour quelque chose. Et Jean-Célestin Edjangué de citer quelques exemples. Au Cameroun, les colères de la faim se déclenchent quand le président Biya décide de réviser la Constitution pour briguer un autre mandat ; la revendication alimentaire se dédouble des motivations politiques. Au Burkina Faso, on constate des manifestations contre la hausse des prix entre février et mars 2008. Quelques jours auparavant, plus précédemment le 31 mars, des manifestations contre la hausse des produits de base sont dispersées par les forces de l’ordre. Au Nigeria, à cause de la flambée des prix des produits de première nécessité, se développe une grève régulière. Au Kenya, les émeutes de la faim semblent se confondre avec les revendications politiques. Ici, il y a affrontements entre différentes ethnies, l’ethnie dominante voulant s’approprier des terres fertiles et des emplois agricoles. Des colères de la faim, l’auteur nous rappelle que l’Afrique du nord a connu aussi des révoltes à propos. Le gouvernement marocain qui hausse le prix du pain de 30%, est contraint de revenir sur sa décision devant la détermination des manifestants. La contagion gagne aussi la Tunisie et surtout l’Egypte qui connait de plein fouet les émeutes du pain. Et le gouvernement est obligé d’augmenter les salaires pour faire face à la situation.
Le manque incontestable de volonté politique des dirigeants africains de bien gérer leur pays et les lois économiques de l’UE et du FMI que subissent ces derniers, ont programmé les colères de la faim sur le continent. Les Etats africains ont failli par la démission de leurs gouvernements face aux difficultés externes et internes auxquelles ils se sont confrontés, par le manque des politiques de développement en direction des zones rurales. Ils ont plutôt privilégié l’agriculture de rente au détriment de l’agriculture familiale. A cela, il faut ajouter le dumping agricole pratiqué par l’UE et qui a détruit systématiquement les agricultures vivrières du continent. Pour éviter les éventuelles colères de la faim, l’auteur propose la consolidation des institutions africaines avec des nouvelles bases diplomatiques fondées sur un choix pluriel des rapports multinationaux. Les anciennes colonies françaises doivent rompre le pacte colonial qui se pérennise par le biais de la Françafrique que, malheureusement, Nicolas Sarkozy, malgré sa promesse de sa dernière campagne électorale, n’a pu « vaincre ». Mais pour le journaliste Jean-Célestin Edjangué, le plus important se situe au niveau de la souveraineté des pays africains sur les plans national et international dans le domaine de l’économie agricole. Sinon les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Riche en statistiques et en rapports de certains organismes telles la FAO, la BAD-OCDE et le CCFD, le livre paraît exprimer beaucoup d’éléments en peu de mots. Langage journalistique oblige.

* Essayiste, d'origine congolaise
Articles publiés en collaboration avec www.unmondelibre.org


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