
La décision de Cyrus Vance a suscité l'indignation de l'avocat de la plaignante, qu'il avait convoqué pour l'informer de son initiative. Les avocats de "DSK", 62 ans, affirment quant à eux que le rapport sexuel était consenti. L'ancien ministre des Finances, qui faisait figure de favori pour la primaire socialiste en vue de la présidentielle de 2012, devrait récupérer son passeport et pouvoir quitter les Etats-Unis, même si la procédure civile entamée par Nafissatou Diallo suit son cours aux Etats-Unis.
En mai, le parquet jugeait le témoignage de l'accusatrice véridique et cohérent. Son opinion a désormais changé en raison d'un mensonge au sujet d'un viol collectif qu'elle disait avoir subi en Guinée et des trois versions différentes qu'elle a données au sujet des instants ayant immédiatement suivi sa rencontre avec Dominique Strauss-Kahn. "La nature et le nombre des mensonges de la plaignante nous rendent incapables d'accepter sa version des faits au-delà du doute raisonnable, quelle que soit la vérité au sujet de la rencontre entre la plaignante et l'accusé", écrivent les services de Cyrus Vance dans le document transmis lundi au juge."Si nous ne la croyons pas au-delà du doute raisonnable, nous ne pouvons pas le réclamer à un jury."
A la sortie de son entretien avec Cyrus Vance, Kenneth Thompson, l'avocat de Nafissatou Diallo, a accusé le procureur de "refuser le droit à une femme d'obtenir justice dans une affaire de viol". "Si le procureur du district de Manhattan, qui est élu pour protéger nos mères et nos filles, nos soeurs, nos femmes, et nos bien-aimées, ne les défend pas lorsqu'elle sont violées ou agressées sexuellement, alors qui le fera?", a-t-il ajouté. Les avocats de Dominique Strauss-Kahn, William Taylor et Benjamin Brafman, ont quant à eux répété que leur client était innocent. "Nous maintenons également qu'il y a de nombreuses raisons de croire que l'accusatrice de M. Strauss-Kahn n'est pas crédible", ajoutent-ils dans un communiqué.
Même si les poursuites sont abandonnées mardi au pénal, Dominique Strauss-Kahn n'en aura pas encore fini avec la justice aux Etats-Unis. Indépendante de la procédure pénale, la plainte au civil vise à obtenir une compensation financière. Elle est aussi moins contraignante pour l'accusation. Au pénal, la culpabilité doit en effet être établie au-delà de tout doute raisonnable. Au civil, en revanche, la personne se disant victime d'une agression sexuelle doit simplement apporter plus d'éléments en sa faveur que la défense, ce qui s'appelle prépondérance de preuves.