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A Kinshasa, les albinos sont protégés par un catcheur


AFP
Jeudi 22 Août 2013

A Kinshasa, les albinos sont protégés par un catcheur
Toujours vêtu de rouge éclatant, Texas est l'un des catcheurs les plus populaires de Kinshasa. Albinos, il milite pour que ses frères et soeurs d'infortune apprennent à mieux vivre avec cette maladie génétique, notamment en se protégeant du soleil.
"Il faut qu'ils s'acceptent pour être ensuite acceptés", martèle Mwimba Makiese Texas, 49 ans. Inlassable, véritable moulin à paroles, il rêve de pouvoir un jour financer un cabinet spécialisé en dermatologie. Car le soleil qui brûle la peau des enfants provoque des cancers qui ne peuvent être traités dans la capitale congolaise où le système de santé est quasi inexistant.
"En cas de complication, c'est la mort", dit il.
Handicapés, fragiles, parfois marginalisés, les albinos, atteints d'une dépigmentation de la peau et de faiblesse rétinienne pour des raisons génétiques, survivent difficilement en République démocratique du Congo comme dans le reste de l'Afrique. A Kinshasa, ville de 12 millions d'habitants, ils seraient environ 4.000.
Alors que cette maladie génétique héréditaire ne frappe qu'un Occidental sur 20.000, un Africain sur 3.000 en est atteint, et même un sur 2.000 en Afrique orientale, selon l'ONU.
Cette maladie se caractérise par l'absence de mélanine dans la peau, les cheveux et les yeux et souvent une mauvaise vue. "Les albinos risquent des lésions cutanées s'ils s'exposent au soleil et ils développent généralement des cancers de la peau à un âge précoce", rappelle l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Alors, avec le produit des rencontres qu'il organise et auxquelles il participe, Texas a monté une petite fondation qui compte 450 adhérents où il explique inlassablement aux mères et aux enfants qu'ils sont comme les autres mais qu'ils doivent d'abord se protéger du soleil.
Tous les deux mois environ, il loue une salle dans une paroisse du centre-ville, lance des annonces dans la presse et rassemble les familles touchées. Visiblement les participants sont contents de se retrouver.
Morgan, 10 mois est dans les bras de sa grand mère, Mme Lokombo Makamba, qui tente de le faire jouer avec d'autres enfants. "Il est comme les autres enfants" dit la vieille dame.
Pas de pleurs ni de craintes mais apparemment une curiosité réciproque. Sur la scène Texas fait son show et explique que ce handicap n'est pas si dramatique mais que chacun doit prendre certaines précautions, et en particulier se protéger des rayons du soleil.
Après l'hymne national, des groupes chantent, d'autres présentent une petite pièce, certains dansent. A la fin Texas distribue des crèmes solaires, de la vaseline et des lunettes de soleil en fonction de ce qu'il a pu acheter ou de ce que certaines ambassades, organisations internationales ou ONG lui ont donné. "La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a", répète-t-il en ajoutant quelques friandises.

Protections et lunettes
Texas a toujours dans son cartable des images difficiles à regarder d'enfants atteints de cancer de la peau. La plupart sont depuis décédés et cela visiblement l'a atteint.
Aucune étude de santé publique sérieuse n'a été faite en RDC sur la mortalité des personnes atteinte d'albinisme mais toutes sont fragiles et doivent se protéger. Aussi, dès les premiers jours, les parents doivent être prévenus et protéger leur enfant des rayons ultraviolets, abondants et puissants près de l'Equateur. Mais chemises à manches longues, pantalons, casquettes, lunettes de soleil ne sont pas courants dans les cités populaires où l'habillement est plus rudimentaire.
Outre la couleur rose de leur peau qui détonne dans la communauté noire, les albinos sont aussi marginalisés car ils voient très mal et sont toujours gênés par la lumière vive. A l'école, dont l'accès en RDC n'est pas toujours évident, ils doivent être assis au premier rang sinon ils ne voient rien.
Ces difficultés peuvent présenter des avantages, explique Michel l'un d'entre eux devenu avocat, car si le cycle primaire et secondaire est difficile en raison des problèmes de vision du tableau, arrivés au cycle supérieur, les albinos sont souvent très brillants car ils ont développé, pour pallier ce handicap, une excellente mémoire et des pratiques de travail personnelles.
Dans deux pays voisins, en Tanzanie et au Burundi, les jeunes albinos sont parfois assassinés à des fins de sorcellerie. Le 13 juin dernier, le Conseil pour les droits de l'Homme des Nations unies a adopté une résolution exprimant son "inquiétude devant les attaques contre les personnes albinos" ainsi que "devant la discrimination, les stigmatisations et l'exclusion sociale très répandues dont souffrent les personnes albinos".


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