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Depuis Bruxelles, Taha Adnan n’hésite pas à se prononcer sur tous les événements qui ont lieu dans son pays d’origine. En tant qu’intellectuel, poète et citoyen du monde, il estime que la morale de l’art est celle qui écarte le laid, le faux, le bas et le médiocre … C’est pourquoi, il s’oppose à la censure, au lynchage et à l’hystérie collective...
Libé : Comment évaluez-vous le rôle des réseaux sociaux en rapport avec la poésie?
Taha Adnan : Il y a un peu plus de 20 ans, avant l’ère Internet, nous avons lancé « L’Algarade poétique ». Il s’agit d’un livret de poésie manuscrit, photocopié et envoyé par poste aux amis de la poésie un peu partout dans le monde. Lesquels devaient faire de même, tel un dispatching poétique. Un réseau s’est vite constitué, la connexion entre les uns et les autres a pris place. Un travail coûteux en termes de temps, d’énergie et de budget. Chose réalisable aujourd’hui par simple clic. C’est pourquoi je reste convaincu que Facebook est un excellent moyen de véhiculer la poésie et la démocratiser au maximum… Cela risque certes de pousser à une espèce de dévaluation généralisée en termes de qualité … Le temps jugera de ce qui mérite de persister.
Quelle lecture faites-vous des derniers événements culturels passés au Maroc ?
J’ai un peu suivi la polémique autour de « Much Loved », le film controversé de Nabil Ayouch, dont je n’ai regardé que les malheureux extraits diffusés sur le Net… Des extraits que je n’ai pas personnellement appréciés. Beaucoup trop de clichés et un manque de créativité et de lucidité artistiques. En attendant de voir la version finale, je suis contre la censure, le lynchage public et l’hystérie collective. La décision d’interdire le film est inacceptable. Avec Internet, la censure n’est qu’une pure illusion. C’est le public qui a le droit d’aimer ou de ne pas apprécier le film ; et partant de différencier le beau du médiocre, en connaissance de cause.
L’art ou la culture peuvent-ils être soumis à des paramètres relevant de la morale ?
L’art doit rester loin de toutes sortes de lectures moralisatrices. Il a son indépendance, ses critères et ses propres lois. Ce n’est pas toujours évident de défaire le lien entre valeurs esthétiques et contraintes éthiques dans une œuvre artistique. Les convictions morales risquent parfois d’intervenir dans le travail de l’artiste avant même leur réception. Le pire c’est quand on impose des modes de jugements moralisateurs aux œuvres artistiques. Selon les lois de l’art - celles du beau - est artistiquement immoral tout ce qui est laid, faux, bas et manque d’inventivité et de lucidité artistiques.
Depuis Bruxelles, que pensez-vous du débat prévalant au Maroc ?
Ce qui me dérange personnellement, c’est que le débat public chez nous manque cruellement de nuances. Les gens doivent être pour ou contre sans l’ombre d’un doute. Or, la création artistique est forcément subjective. Et c’est étonnant parfois de voir des partisans de la tolérance faire preuve d’intolérance.
Libé : Comment évaluez-vous le rôle des réseaux sociaux en rapport avec la poésie?
Taha Adnan : Il y a un peu plus de 20 ans, avant l’ère Internet, nous avons lancé « L’Algarade poétique ». Il s’agit d’un livret de poésie manuscrit, photocopié et envoyé par poste aux amis de la poésie un peu partout dans le monde. Lesquels devaient faire de même, tel un dispatching poétique. Un réseau s’est vite constitué, la connexion entre les uns et les autres a pris place. Un travail coûteux en termes de temps, d’énergie et de budget. Chose réalisable aujourd’hui par simple clic. C’est pourquoi je reste convaincu que Facebook est un excellent moyen de véhiculer la poésie et la démocratiser au maximum… Cela risque certes de pousser à une espèce de dévaluation généralisée en termes de qualité … Le temps jugera de ce qui mérite de persister.
Quelle lecture faites-vous des derniers événements culturels passés au Maroc ?
J’ai un peu suivi la polémique autour de « Much Loved », le film controversé de Nabil Ayouch, dont je n’ai regardé que les malheureux extraits diffusés sur le Net… Des extraits que je n’ai pas personnellement appréciés. Beaucoup trop de clichés et un manque de créativité et de lucidité artistiques. En attendant de voir la version finale, je suis contre la censure, le lynchage public et l’hystérie collective. La décision d’interdire le film est inacceptable. Avec Internet, la censure n’est qu’une pure illusion. C’est le public qui a le droit d’aimer ou de ne pas apprécier le film ; et partant de différencier le beau du médiocre, en connaissance de cause.
L’art ou la culture peuvent-ils être soumis à des paramètres relevant de la morale ?
L’art doit rester loin de toutes sortes de lectures moralisatrices. Il a son indépendance, ses critères et ses propres lois. Ce n’est pas toujours évident de défaire le lien entre valeurs esthétiques et contraintes éthiques dans une œuvre artistique. Les convictions morales risquent parfois d’intervenir dans le travail de l’artiste avant même leur réception. Le pire c’est quand on impose des modes de jugements moralisateurs aux œuvres artistiques. Selon les lois de l’art - celles du beau - est artistiquement immoral tout ce qui est laid, faux, bas et manque d’inventivité et de lucidité artistiques.
Depuis Bruxelles, que pensez-vous du débat prévalant au Maroc ?
Ce qui me dérange personnellement, c’est que le débat public chez nous manque cruellement de nuances. Les gens doivent être pour ou contre sans l’ombre d’un doute. Or, la création artistique est forcément subjective. Et c’est étonnant parfois de voir des partisans de la tolérance faire preuve d’intolérance.