
La France et l’Allemagne auparavant, puisqu’angela Merkel avait appris elle aussi, par Wikileaks, qu’elle était écoutée, ont joué les vierges effarouchées, répété les mêmes phrases, «on ne s’écoute pas entre amis», tout en rappelant que l’alliance stratégique avec les USA n’était pas en jeu. C’est terrible à constater mais les rapports entre l’empire et ses vassaux n’ont pas varié depuis l’empire romain. Le vassal a droit à peu d’égards. La France en avait quand elle gardait la ligne gaullienne. Elle avait le respect de la communauté internationale quand elle prenait ses distances avec Washington, sur des sujets importants tels que la livraison d’armes a Israël après juin 1967 ou plus près de nous, sur l’invasion de l’Irak. Mais Sarkozy à réintégré le commandement de l’OTAN et François Hollande, atlantiste lui aussi, s’est couché devant Washington sur la Syrie mais aussi sur l’Iran.
La France n’est plus qu’un vassal dont on malmène allégrement la souveraineté. Par exemple, une délégation du MEDEF, du syndicat du patronat français, a effectué une visite à Téhéran pour préparer l’après-sanction, ce que font quotidiennement les entreprises américaines. A leur retour, les membres de la délégation ont été « convoqués » par l’ambassadrice américaine à Paris qui les a grondés. Ni le gouvernement, ni le MEDEF n’ont dénoncé cette intrusion dans les affaires intérieures françaises. L’Empire même sur le plan économique, ne laisse aux vassaux que les marchés qu’il veut. Quant à l’Allemagne, géant économique mais nain politique depuis la Seconde Guerre mondiale, elle assume ce statut jusqu’au bout. Il est maintenant établi que les services de Berlin ont collaboré avec la NSA, pour écouter la France.
Restent les peuples, le comportement cavalier les choque au plus haut point. Il renforce les sentiments anti-américains y compris dans les pays alliés. Ne parlons pas de la sphère arabo-musulmane qui a d’autres raisons de développer une sérieuse inimitié vis-à-vis de Washington.
L’histoire nous apprend que tous les empires chutent d’abord à la périphérie, c’est-à-dire chez les vassaux, avant que le centre ne s’écroule. Dans l’euphorie de la fin de la guerre froide, on avait pronostiqué que ce siècle serait «américain». L’inverse est plus probable, l’Empire s’effritera parce qu’il accumule trop de haine, que sa suprématie économique est chahutée par la Chine et que le ressentiment à son égard atteint les élites libérales.