Si c’est non, c’est qu’il aura raté une occasion inouïe d’apprendre à se comporter en responsable sur un plateau de télévision, à répondre posément et à argumenter judicieusement ses réponses.
Le passage de Driss Lachguar sur la première chaîne tranche totalement avec celui d’Abdelilah Benkirane. Mais il faut le chercher sur quelle chaîne celui-ci ? Celle des frères, bien sûr et dans une émission tout aussi dominée par les mêmes frères.
D’ailleurs, le Premier secrétaire de l’USFP n’a pas manqué de le souligner. Tout chef de gouvernement qu’il est, Benkirane choisit de s’épancher via une chaîne étrangère et non marocaine. Il y est allé pour chercher à régler quelques comptes bassement politiques.
Sur Aljazeera, Benkirane a gravement nui à l’image du pays. Et par là-même à la sienne. Il était outside, hors-jeu et hors contexte quand il a déclaré sans rougir, comme l’a rappelé Lachguar, qu’il n’est pas plus qu’un simple fonctionnaire auprès du Roi et que c’est ce dernier qui gouverne.
Franchement, est-ce qu’il est courant que, depuis novembre 2011, le Maroc vit sous l’ère d’une nouvelle Constitution ?
Benkirane a ignoré la chaîne de Rabat et celle de Casablanca pour débiter sur celle de Doha que les décisions et les mesures prises par sa majorité sont exceptionnelles, s’accordant au passage les mérites d’une réforme de la retraite qui n’a toujours pas vu le jour. La vraie réforme, celle qui a sauvé tout un système et des centaines de milliers de fonctionnaires, c’est celle entamée en 1998 avec un gouvernement USFP appelé à la rescousse pour éviter au pays une crise cardiaque imminente.
Face à un interviewer trop compatissant car trop frère, Benkirane s’est, par ailleurs, fait un devoir de passer pour un homme fort, oubliant que quelques minutes auparavant, il se disait simple sous-fifre. En guise de force, il serait plus juste de parler de la faiblesse des composantes de la majorité, dira le Premier secrétaire.
Ce n’est pas pour rien que le gouvernement s’en trouve être plutôt bizarre, inconstant et lunatique. La preuve par Mawazine. Pendant que le chef du gouvernement et sa tribu jouent les offensés, criant au scandale, d’autres ministres du même gouvernement disent tout le contraire même si c’est un peu sous le manteau, en … tweetant !
Mawazine justement. A un moment où nous devons nous enorgueillir de ces moments de liesse proposés à des centaines de milliers de citoyennes et de citoyens, à travers cinq scènes de la capitale, ce que trop peu de pays peuvent se permettre par les temps qui courent, c’est consternant, souligne Driss Lachguar, de voir que certains ignorent tout cela pour se focaliser sur les jambes d’une artiste.
Trop désolant. Affligeant.