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​Un spécisme marqué chez les auteurs de violences sur les animaux


Mardi 25 Août 2020

Les convictions spécistes sont plus marquées chez les auteurs d’actes de cruauté envers les animaux, selon une étude dont les résultats seront publiés prochainement dans une revue américaine de criminologie.
Cette étude de grande ampleur, la première du genre en France, a été réalisée par le professeur de psychologie sociale Laurent Bègue (université de Grenoble-Alpes) auprès de 12.344 adolescents âgés de 13 à 18 ans, dont une courte minorité de filles (49,6%).
Scolarisés en Isère, ils ont été contactés via leurs établissements et ont rempli des questionnaires anonymement avec l’autorisation de leurs parents.
Parmi eux, 7,3% d’entre eux, dont une large majorité de garçons (67,7%), ont admis avoir déjà volontairement fait du mal à un animal; cela s’est produit une seule fois dans 44% des cas (14,7% à deux reprises et 41,3% trois fois ou plus).
Ces violences ont concerné surtout des chats (22,5% des réponses) et des chiens (13,9%), ainsi que des poissons (6,4%), des rongeurs (8,2%) et d’autres animaux (37,3%). Dans 54,9% des cas, l’auteur était seul; dans 25% des cas, une autre personne était impliquée et dans 20,1% des cas ils étaient trois ou plus.
Cette étude confirme ce que d’autres (anglo-saxonnes) avaient déjà montré: à savoir qu’un certain nombre de fragilités psychologiques sont constatées chez les auteurs d’actes de cruauté.
“Ils sont en moyenne plus touchés par des tendances anxieuses et dépressives, sont moins socialisés et attachés à leurs parents, à leurs amis, au monde scolaire, et se montrent également enclins à d’autres déviances (harcèlement, ébriété)”, résume Laurent Bègue.
Pour la première fois, en revanche, souligne le chercheur, son travail établit un lien avec le spécisme, vision du monde postulant la supériorité de l’homme sur les autres espèces.
A la question “la vie d’un être humain a-t-elle plus de valeur que celle d’un animal ?”, les réponses des adolescents font ressortir un niveau d’adhésion plus important chez les auteurs d’actes de cruauté.
De même, ceux-ci justifient davantage le recours aux animaux dans la recherche biomédicale, même quand il est synonyme de souffrance, et acceptent plus facilement le “sacrifice” des rats et souris de laboratoire.
“La représentation de la valeur des animaux par rapport aux humains est prédictive des actes commis, ce qui est une observation vraiment nouvelle. L’on se tromperait en concevant uniquement la cruauté envers les animaux comme une pathologie individuelle: des représentations collectives sont également impliquées”, conclut le scientifique.
Son étude, “Expliquer les violences animalières chez les adolescents: le rôle du spécisme”, sera publiée prochainement aux Etats-Unis dans le Journal of Interpersonal Violence.


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