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Tatiana, responsable de ventes dans une boutique de vêtements à Moscou, avoue que son petit neveu "vérifie" pour la 20e fois déjà s'il ne s'agit pas seulement d'un décor. Le garçon n'a pas osé pour l'heure mordre un mât du navire chocolaté ou l'une de ses voiles.
"Mes collègues m'ont offert un tableau similaire, mais avec un vase de roses, pour la Journée de la femme le 8 mars. C'était génial! J'ai compris tout de suite quel cadeau je ferai à Sergueï pour son anniversaire", raconte cette Moscovite de 35 ans.
Prisée depuis longtemps en Occident, la peinture au chocolat ne s'est fait connaître du grand public en Russie que ces dernières années.
Mais si en France elle fait surtout l'objet d'ateliers pour enfants, avec interdiction de goûter aux oeuvres -créées essentiellement sur du papier ou du tissu-, les Russes ambitionnent de l'élever au rang d'art.
"Un tableau en chocolat, nous le considérons comme une oeuvre d'art créée avec du matériel extraordinaire", a déclaré à l'AFP Irina Eldarkhanova, propriétaire de la société russe Confael, lancée en 2001 et qui détient le seul brevet délivré à ce jour en Russie pour des peintures en chocolat.
Un tel tableau "permet d'exprimer à merveille ses émotions", car ce cacao de désir, "c'est toujours l'attente d'une fête, l'amour, la joie", s'enthousiasme Vitali Ponomarev, l'artiste chocolatier de Confael.
Il peint avec du chocolat blanc, mélangé avec du marc de pommes, d'orange ou de cerises pour créer des couleurs intenses. Et lorsque cela ne suffit pas, un colorant alimentaire lui vient en aide, pour obtenir par exemple le bleu. Appliquée soigneusement avec les doigts ou avec une spatule minuscule sur une grande plaque de chocolat blanc, la peinture se fige presque aussitôt. C'est pourquoi lors de la séance, elle reste sur une palette réchauffée, explique M. Ponomarev. Et l'artiste n'a pas le droit de trop réfléchir, sous peine de se retrouver sans outil de travail... Il faut ainsi entre un et trois jours pour peindre un tableau, dont le poids moyen est d'un kilo et demi et qui mesure jusqu'à 75 cm de large, précise-t-il. Une fois achevé, le tableau peut être mangé sur place, dégusté en toute sécurité au cours de l'année ou décorer la maison pendant dix ans si les bonnes températures de conservation sont respectées, assure Mme Eldarkhanova.
Fabriqués en Russie depuis douze ans, ces tableaux ont longtemps été considérés comme des cadeaux de prestige, réservés à une clientèle d'élite comme les familles royales d'Europe et du Moyen-Orient, des responsables politiques ou des stars du sport.
L'un des invités au mariage du prince William et de Kate Middleton avait ainsi commandé en 2011 un portrait du couple en chocolat, cherchant un cadeau original qu'on pourrait offrir "au plus haut niveau", raconte Mme Eldarkhanova.
Parmi les autres destinataires ayant reçu des portraits en chocolat figurent également l'ancien pape Benoît XVI, l'ex-président ukrainien Léonid Koutchma et un cheïkh d'Arabie Saoudite, selon la même source.
Mais ces derniers temps, les tableaux en chocolat séduisent de plus en plus de Russes ordinaires, malgré leur prix qui oscille entre 450 et 1.000 euros.
Et peu importe l'effondrement du rouble, assure Mme Eldarkhanova, les ventes n'ont pas chuté et ont même au contraire "un peu augmenté" depuis le début de la crise l'an dernier. Parce que le chocolat est de bonne qualité et qu'il remonte le moral...