L’image du secteur agricole dressée par le ministre qui en a la charge lors de l'ouverture des Assises de Meknès, m’a rappelé non seulement que cette approche a toujours des adeptes, mais aussi que le leitmotiv des temps jadis où « Goulou laâm zine » tenait lieu de stratégie de communication, a été forgé par un autre ministre issu d’un terroir où l’agriculture a toujours tenu le haut du pavé.
De fait, le héraut du Plan Maroc Vert - qui n’est certes pas de la même région - a débité tellement de chiffres qui fleurent bon le développement, le bien-être et les lendemains qui chantent qu’il est fort difficile d’en garder longtemps souvenance.
Certains d’entre eux mettent certes du baume au cœur de tous les Marocains. Particulièrement ceux qui ont trait à la dernière campagne agricole puisque Dame nature s’est montrée tellement généreuse qu’elle a verdi même les terrains qui sont normalement fort peu réceptifs à ses bienfaits. Résultat : la production prévisionnelle des trois céréales principales sera de 110 millions de quintaux alors qu’elle n’a été que de 68 millions de quintaux l’année dernière.
Deux des données avancées par le ministre laissent néanmoins coi.
Entre la pomme et le fromage, il a, en effet, affirmé que le PIB agricole par habitant a connu une augmentation de l'ordre de 48% dans le milieu rural et que l'objectif de la baisse à 0,5% de la population rurale souffrant de la faim a été atteint.
In fine, cela veut dire que les revenus des ruraux, surtout ceux qui s’adonnent à la culture vivrière, ont augmenté de l’équivalent et qu’ils mangent désormais à en être repus.
Vraiment ?
Pas si sûr. Sinon comment expliquer que nos campagnes se soient vidées d’une importante partie de leurs habitants et que l’exode rural continue à tarauder autant l’esprit de nos planificateurs ?