Jeannette Jara, la charismatique avocate communiste qui affrontera la droite au Chili


Libé
Mardi 1 Juillet 2025

Jeannette Jara, la charismatique avocate communiste qui affrontera la droite au Chili
Avec son sourire chaleureux, son ton posé et son image de femme proche des réalités populaires, l'avocate communiste Jeannette Jara conduira la gauche à la présidentielle de novembre au Chili, après avoir largement remporté dimanche la primaire de la coalition au pouvoir.
"Je ne viens pas de l'élite, mais d'un Chili qui se lève tôt pour travailler" : c'est avec cette phrase que Jeannette Jara a lancé sa précampagne à la télévision 
C'est la première fois dans l'histoire du pays qu'une figure communiste est choisie pour représenter une large coalition lors d'un scrutin présidentiel. Le président Gabriel Boric ne peut pas se représenter, la Constitution chilienne lui interdisant un second mandat consécutif.

Avec un discours tourné vers les secteurs populaires, Jeannette Jara, 51 ans, s'est imposée avec 60% des voix, loin devant la sociale-démocrate Carolina Tohá (28%) et les députés Gonzalo Winter (8,9%) du parti du président Boric, et Jaime Mulet (2,8%) d'un petit parti écologiste.

"Je ne viens pas de l'élite, mais d'un Chili qui se lève tôt pour travailler" : c'est avec cette phrase qu'elle a lancé sa précampagne à la télévision, soulignant ses origines modestes face à celles de ses adversaires.
C'est la première fois dans l'histoire du pays qu'une figure communiste est choisie pour représenter une large coalition lors d'un scrutin présidentiel
Ancienne ministre du Travail de Gabriel Boric, Jeannette Jara est l'aînée d'une fratrie de cinq enfants. Fille d'un mécanicien et d'une femme au foyer, mère d'un garçon de 18 ans, elle a fait ses débuts en politique à la tête de la fédération étudiante de l'Université de Santiago entre 1997 et 1998.
 
Formée en administration publique puis en droit, elle s'est imposée sur la scène nationale en pilotant deux réformes phares du gouvernement Boric : la réduction du temps de travail à 40 heures hebdomadaires et la réforme des retraites.

Ses proches louent sa capacité à dialoguer et à bâtir des consensus. Lorsqu'elle dirigeait la fédération étudiante, "elle savait rassembler autour d'un objectif commun. C'est une qualité qu'elle a conservée", note la députée communiste Alejandra Placencia, amie de longue date.
Son charisme lui a valu d'être comparée à l'ancienne présidente Michelle Bachelet, avec qui elle-même reconnaît une certaine ressemblance physique.

Ce style direct, sans éclat ni agressivité, a pesé face à Carolina Tohá, également ex-ministre, mais perçue comme distante. Jeannette Jara s'est montrée "pragmatique, plus proche, et clairement plus connectée à l'électorat le plus fidèle de la majorité", résume l'analyste Nerea Palma, de l'Université Diego Portales.

Pour ses soutiens, elle incarne une gauche déterminée mais ouverte. "Elle reste ferme dans ses positions, elle ne laisse personne changer sa façon de penser", estime Beatriz Salinas, une étudiante de 27 ans qui a voté pour elle.

Jeannette Jara a rejoint les Jeunesses communistes à l'âge de 14 ans, mais dans cette campagne elle s'en est distanciée. Contrairement à la ligne du parti, elle a ainsi reconnu que les droits humains étaient violés autant à Cuba qu'au Venezuela.
Elle a élégamment esquivé d'intégrer à son équipe de campagne pour les primaires l'ancien maire controversé Daniel Jadue, comme l'avait suggéré la direction du parti.

"Ceux qui souhaitent rejoindre la campagne sont les bienvenus, y compris Daniel Jadue s'il veut faire campagne dans le métro ou distribuer des tracts", avait déclaré Jeannette Jara.
Placé en résidence surveillée pour des soupçons de fraude durant son mandat municipal, M. Jadue n'a pas pu se présenter. Il avait perdu la primaire face à Gabriel Boric en 2021.
Lundi, au lendemain de sa victoire, Jeannette Jara a réaffirmé sa distance avec son parti d'origine : "Je suis la candidate du centre gauche, pas du Parti communiste", a-t-elle assuré.

Cette prise de distance pourrait jouer en sa faveur face aux deux figures de la droite les mieux positionnées dans les sondages : l'ancien député José Antonio Kast et l'ex-maire Evelyn Matthei.

Dans son discours de victoire, Jeannette Jara a lancé un appel à l'unité pour faire front face à "la menace" de l'extrême droite.


Lu 146 fois


Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.






    Aucun événement à cette date.

Inscription à la newsletter
services