Tarcisio de Freitas, le gouverneur de Sao Paulo en pole position comme héritier de Bolsonaro


Libé
Dimanche 28 Septembre 2025

Tarcisio de Freitas, le gouverneur de Sao Paulo en pole position comme héritier de Bolsonaro
Tarcisio de Freitas, gouverneur de Sao Paulo, a beau se défendre de vouloir succéder à Jair Bolsonaro à la tête du camp conservateur au Brésil, tous les projecteurs sont braqués sur lui en vue de la présidentielle de 2026.
Si être pragmatique, c'est trouver des solutions immédiates aux problèmes des gens, je suis d'accord avec cette description, dixit Tarcisio de Freitas 
A la tête de l'Etat le plus riche et le plus peuplé du pays (46 millions d'habitants) depuis janvier 2023, il est le mieux coté selon les sondages pour se mesurer au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva - si ce dernier se lance à nouveau dans la course.

Même s'il renvoie l'image d'un homme plus modéré que l'ancien président d'extrême droite, Tarcisio de Freitas, 50 ans, continue de jurer fidélité à celui qui le nomma ministre. Le "plus grand leader politique" de la droite brésilienne, dit-il de son mentor.
Selon lui, Jair Bolsonaro devrait être candidat en octobre 2026, malgré sa condamnation récente à 27 ans de prison pour tentative de coup d'Etat.

Mais l'ensemble de la classe politique s'attend à ce que l'ex-chef d'Etat adoube un successeur. D'autres gouverneurs de droite sont sur les rangs, et des proches de M. Bolsonaro sont évoqués, comme son épouse Michelle ou son fils aîné Flavio, actuellement sénateur.
 
Officier et ingénieur
 
Apprécié par les milieux d'affaires et critiqué par la gauche pour ses méthodes musclées en matière de sécurité, Tarcisio de Freitas est un ancien militaire et ingénieur de formation qui a longtemps mené une carrière de discret technocrate.
 
Il a remporté haut la main il y a trois ans la seule élection qu'il a disputée, devenant gouverneur de Sao Paulo en battant sèchement Fernando Haddad, actuel ministre des Finances de Lula.
Aux commandes de l'Etat le plus stratégique de l'économie brésilienne, il revendique son pragmatisme.

"Si être pragmatique, c'est trouver des solutions immédiates aux problèmes des gens, je suis d'accord avec cette description", dit-il à l'AFP.
Mâchoire carrée, le gouverneur Freitas se veut affable et accessible en public. Et se montre plus mesuré que Jair Bolsonaro, célèbre pour ses nombreux dérapages.

Lors d'une manifestation pro-Bolsonaro quelques jours avant la condamnation de ce dernier le 11 septembre, il a cependant fustigé la "tyrannie" d'Alexandre de Moraes, juge chargé du procès contre l'ex-président.
Il a d'ailleurs promis que, s'il était élu à la présidence, sa "première mesure" serait de lui accorder une grâce.

Né à Rio de Janeiro en 1975, fils d'une femme de ménage et d'un employé dans le commerce, Tarcisio de Freitas est entré à l'académie militaire avant de décrocher son diplôme d'ingénieur.
Marié, père de deux enfants, il a quitté l'armée à 33 ans, au grade de capitaine, pour devenir haut fonctionnaire.

Paradoxe des jeux de pouvoir au Brésil, il a obtenu son premier poste important sous la présidence de Dilma Rousseff, fidèle de Lula, en tant que directeur national des Infrastructures et des Transports.
Et c'est justement en tant que ministre des Infrastructures qu'il est entré au gouvernement Bolsonaro en 2019.
 
"Je m'en fiche"
 
"Il est compétent et assez malin", dit de lui un diplomate d'un pays européen en poste au Brésil. "Mais le substrat du bolsonarisme n'a pas disparu, tout candidat de droite devra arrimer la frange la plus radicale et lui donner des gages", relève-t-il sous couvert d'anonymat.

Pour Leonardo Paz, politologue de la Fondation Getulio Vargas, l'establishment voit Tarcisio de Freitas comme un dirigeant "efficace, qui ne susciterait pas de polémiques inutiles comme Bolsonaro".

Tout en continuant de nier toute intention d'être candidat à la présidence en 2026, le gouverneur de Sao Paulo a multiplié ces dernières semaines les critiques envers Lula.
Selon lui, le président de gauche a "placé l'idéologie au-dessus de l'économie" avec ses "dépenses effrénées, faisant fuir les investisseurs".

Lui-même est en butte aux critiques sur le front de la sécurité. Le nombre de personnes tuées lors d'interventions policières a augmenté de 61% de 2023 à 2024 dans l'Etat de Sao Paulo, selon les chiffres de l'ONG Forum brésilien de sécurité publique, contre une baisse de 3% de la moyenne nationale.

Quand des associations ont saisi le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour dénoncer ces violences, il a répondu: "Je m'en fiche".


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