Khaleda Zia, première femme à la tête du Bangladesh


Libé
Mardi 30 Décembre 2025

Khaleda Zia, première femme à la tête du Bangladesh
Elle restera dans l'histoire comme la première femme à avoir dirigé le Bangladesh. Incontournable figure pendant quarante ans de la vie politique de ce pays à très large majorité musulmane, Khaleda Zia est décédée mardi à l'âge de 80 ans, selon un communiqué de son parti, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP).
A la fin du mandat de Khaleda Zia en 2006, le magazine américain Forbes l’intègre dans son classement des 100 femmes les plus puissantes au monde 
Malgré sa santé défaillante, elle comptait bien prolonger encore un peu sa carrière en menant la campagne du BNP et en briguant un siège au Parlement lors du scrutin prévu en février. La maladie a eu raison de sa dernière ambition.
Visage pâle, le regard caché dernière d'énormes lunettes, Khaleda Zia avait 45 ans lorsque, le 20 mars 1991, elle est devenue pour la première fois Première ministre.

Huit ans plus tôt, elle avait été propulsée, mère de deux jeunes enfants, à la tête du BNP par l'assassinat de son président de mari Ziaur Rahman, lors du coup d'Etat militaire de 1981.
En dépit des critiques raillant son inexpérience, elle avait pris le contrôle de l'opposition et avait forcé le respect de tous par sa détermination.

Un temps, Khaleda Zia fera cause commune avec Sheikh Hasina, la fille du fondateur du Bangladesh indépendant, Sheikh Mujibur Rahman, assassiné lors d'un autre putsch de l'armée en 1975.
Son mari, Ziaur Rahman, était à l'époque chef d'état-major adjoint et avait pris les rênes du pays trois mois plus tard, rétablissant la démocratie à partir de 1978.

Mettant un terme à un nouvel épisode dictatorial consécutif à son assassinat, les deux femmes poussent ensemble le dirigeant Hussain Muhammad Ershad à la démission en 1990, portées par une vague de protestations et de grèves, et parviennent à restaurer la démocratie.

Porte close

Mais lors du scrutin de 1991, leur alliance vire à la rivalité féroce. Victorieuse, Mme Zia dirige le pays jusqu'en 1996 et la victoire de Mme Hasina. En 2001, elle revient au pouvoir avec l'appui de son fils, Tarique Rahman.
A la fin de son mandat en 2006, le magazine américain Forbes l'intègre dans son classement des 100 femmes les plus puissantes au monde.

Mais la rivalité qui l'oppose à Sheikh Hasina dégénère et une crise politique incite l'armée, en janvier 2007, à déclarer l'état d'urgence et à imposer un gouvernement intérimaire.
Les deux femmes sont emprisonnées pendant plus d'un an. Mais en décembre 2008, c'est Sheikh Hasina qui remporte haut la main les élections et redevient Première ministre.

Leur lutte continue de plus belle. Jusqu'au scrutin de 2014, que Khaleda Zia et son parti décident de boycotter. La campagne électorale est émaillée de nombreuses violences qui donnent le coup d'envoi d'une répression féroce contre son camp.
Bientôt, la cheffe de l'opposition est inculpée de corruption.

L'année suivante, son plus jeune fils exilé en Malaisie, Arafat Rahman, décède d'une crise cardiaque. Mme Hasina se présente à son domicile pour lui présenter ses condoléances en personne. Mais Mme Zia refuse de lui ouvrir sa porte.

"Vengeance politique"

En février 2018, l'ex-cheffe du gouvernement, dont la santé décline, est condamnée une première fois à cinq ans de prison et écrouée dans une prison spéciale dont elle est l'unique détenue.
Sa peine est doublée six mois plus tard, ce qui l'empêche de se présenter aux législatives de décembre 2018, raflées sans surprise par Sheikh Hasina.

Khaleda Zia dénonce alors des accusations mensongères destinées "à l'écarter" de la vie politique et à "l'isoler de son peuple". Une "vengeance politique", disent ses partisans.
Exilé depuis 2008 à Londres, son fils et héritier politique Tarique Rahman est lui aussi condamné par contumace à dix ans de prison dans cette affaire.

Malade, contrainte de se déplacer en fauteuil roulant, Khaleda Zia est autorisée à quitter sa prison en 2020 et continue à purger sa peine assignée à résidence. Elle recouvre la liberté à la chute de sa rivale en 2024.

Après un séjour médical en Europe, elle revient dans son pays en mai 2025. Elle apparaît dans quelques occasions officielles mais ne prend plus la parole.
Sa mort rend orphelin son parti le BNP et fait de son fils, rentré le 25 décembre 2025 après 17 ans d'exil volontaire au Royaume-Uni, son seul héritier politique.
M. Rahman dirigera le parti lors des élections législatives du 12 février et devrait être proposé au poste de Premier ministre si son parti remporte la majorité.


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