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Hollywood est sans frontières, rappelle à Trump le chef du Festival de Toronto

Jeudi 8 Mai 2025

Cameron Bailey, Dg du Festival international du film de Toronto
Cameron Bailey, Dg du Festival international du film de Toronto
Le "génie de la création" est sans frontières et Hollywood une "industrie internationale" par excellence: c'est la réponse, dans un entretien à l'AFP, du directeur du plus grand festival de cinéma nord-américain aux annonces de Donald Trump qui font trembler le secteur.

A la tête du Festival international du film de Toronto, Cameron Bailey partage l'inquiétude d'une grande partie de l'industrie du divertissement après l'annonce par le président américain, le week-end dernier, de droits de douane de 100% sur les oeuvres produites en dehors des Etats-Unis.

"Hollywood a toujours été une industrie internationale depuis ses tout premiers jours", fait valoir cet ex-critique de cinéma, rappelant "l'ère classique" des années 1940 et 1950, dominée par des artistes venus d'Europe.

De cet âge d'or à d'autres époques, l'histoire démontre, selon lui, la nécessité de laisser "le génie de la création circuler au-delà des frontières".
Et "comme dans toute industrie internationale, lorsque l'on attire les meilleurs talents du monde entier, on obtient toujours de meilleures choses", estime Cameron Bailey.

Les talents, mais aussi l'argent: une enquête menée auprès des directeurs de studios révèle que leurs cinq sites de production préférés pour 2025 et 2026 se trouvent tous en dehors des Etats-Unis, en raison d'incitations fiscales très compétitives.

Toronto domine le classement et Vancouver, autre grande ville canadienne, arrive troisième.
Donald Trump a fait des droits de douane la marque de fabrique de son deuxième mandat, les imposant notamment sur toute une série de produits canadiens, des automobiles à l'acier, mais ses intentions pour le cinéma restent encore floues.

"Tout ce que nous avons, c'est un message sur les réseaux sociaux", rappelle Cameron Bailey, reflétant franchement l'incertitude qui règne actuellement dans l'industrie.
Mais si Donald Trump persiste, limiter la production cinématographique au Canada entraînerait probablement, par ricochet, une diminution du nombre de talents à Hollywood, affirme-t-il.

De Ryan Gosling à Rachel McAdams, "nos acteurs deviennent parfois leurs stars de cinéma", se félicite Cameron Bailey. "Nos producteurs, nos scénaristes, nos réalisateurs et nos équipes travaillent tous pour soutenir les films, les émissions et les séries d'Hollywood, et depuis longtemps".
Et si, dans le contexte tourmenté de la présidence Trump, les talents hollywoodiens décidaient de quitter le pays, comme le font certains scientifiques et chercheurs?
Cameron Bailey ne voit aucun besoin pour le cinéma canadien de "recruter activement" des artistes des Etats-Unis. Le Canada, souligne-t-il toutefois, doit rester "un havre" pour ceux qui se sentent politiquement étouffés dans leur pays.

Au-delà de Donald Trump, l'industrie du cinéma est confrontée à de nombreux défis, à commencer par la concurrence acharnée des services de streaming.

Pour y faire face, Cameron Bailey propose de repenser les salles de cinéma, en offrant aux spectateurs une expérience sociale qui ne se limite pas au visionnage d'un film.
La salle du Festival de Toronto, dans le centre-ville, abrite par exemple un bar à cocktails et divers autres espaces de divertissement.
"Il n'y a aucun mal à regarder un film chez soi, sur son canapé, c'est toujours agréable, mais nous croyons en l'expérience du cinéma", explique Cameron Bailey.

"Vous verrez de plus en plus de cinémas proposer ce genre d'expériences haut de gamme, servant des repas, du vin, offrant aux gens des endroits où se retrouver après le film", prédit-il.
La 50e édition du Festival international du film de Toronto se déroulera du 4 au 14 septembre.

Libé

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