Daniel Noboa, le jeune président équatorien en guerre contre le crime organisé


Libé
Mercredi 16 Avril 2025

Discours brefs, regard ferme et toujours escorté par un imposant dispositif de sécurité, Daniel Noboa, 37 ans, a été réélu dimanche après un premier court mandat sous le signe de la lutte contre les groupes criminels dans un pays rongé par le narcotrafic.

Juché sur un char militaire vêtu d'un gilet et d'un casque pare-balles, il se plaît à lancer des avertissements aux criminels dans les zones les plus dangereuses du pays. Tout comme à apparaître sur Instagram en tenue sportive, avec une guitare acoustique, chantonnant en anglais.
Juché sur un char militaire vêtu d'un gilet et d'un casque pare-balles, Daniel Noboa se plaît à lancer des avertissements aux criminels dans les zones les plus dangereuses du pays
Alors qu'il n'avait qu'une maigre expérience en politique, il avait créé la surprise en devenant à 35 ans le plus jeune président de l'histoire de l'Equateur.

Mais "rien ne se résout en un an", répète depuis celui qui promet de redoubler d'efforts pour endiguer la violence liée au trafic de drogue dans un Equateur autrefois havre de paix, devenu point d'expédition de la cocaïne vers les Etats-Unis et l'Europe.
Les narcotrafiquants "n'ont jamais imaginé que-je pourrais-leur déclarer la guerre", a-t-il déclaré au New Yorker en juin.

Fils d'un magnat de la banane qui a tenté sans succès cinq fois d'accéder à la présidence, le dirigeant millionnaire est né aux Etats-Unis et diplômé d'universités étrangères prestigieuses.

Daniel Noboa a été élu en octobre 2023 pour mener jusqu'à son terme, en mai prochain, le mandat de Guillermo Lasso. L'ex-président avait dissout le Parlement et déclenché des élections anticipées pour éviter d'être destitué par une procédure parlementaire pour corruption.
 
Réélu dimanche pour quatre ans, M. Noboa évite les conférences de presse et les interviews, mais se prête volontiers aux selfies avec ses partisans.

Au court de son bref premier mandat, il a conquis des soutiens grâce à une spectaculaire offensive contre le narcotrafic, marquée par l'envoi de militaires dans les rues et dans les prisons où il a exhibé des détenus à moitié dévêtus, ce qui lui a valu des comparaisons avec son homologue salvadorien Nayib Bukele.

Comme au Salvador, il est critiqué par des organisations de défense des droits humains pour les états d'urgence prolongés dans plusieurs régions du pays et des soupçons de bavures de la part des forces de l'ordre. En décembre, la justice équatorienne a ordonné la détention provisoire de 16 soldats soupçonnés d'avoir tué quatre jeunes âgés de 11 à 15 ans à Guayaquil (ouest), un épisode qui a saisi d'effroi le pays.

S'il s'attribue le mérite d'avoir réduit un taux d'homicide record de 47 pour 100.000 habitants en 2023, à 38 en 2024, l'Equateur reste toutefois confronté à l'une des périodes les plus sanglantes de son histoire récente.

Dans la dernière ligne droite, il a cherché l'appui du président américain Donald Trump dans la lutte contre le crime et n'écarte pas le retour de bases militaires étrangères, actuellement interdites par la loi.
Il a également annoncé une alliance avec Erik Prince, fondateur de l'entreprise américaine controversée de sécurité Blackwater, dont le personnel a tué ou blessé des dizaines de civils en Irak.

"Nous avons besoin de plus de soldats pour gagner cette guerre (...) 70% de la cocaïne mondiale transite par l'Equateur, nous avons besoin de l'aide des forces internationales", a-t-il déclaré à la BBC.

Ses relations avec les gouvernements de gauche sont tendues. Avec le Mexique, il a rompu les liens diplomatiques après avoir ordonné une incursion policière dans son ambassade à Quito pour capturer l'ancien vice-président Jorge Glas, condamné pour corruption.
Bien qu'il se dise de centre-gauche, Daniel Noboa a triomphé avec le soutien d'une partie de la droite.

"Il appartient aux grandes familles de l'oligarchie équatorienne et représente la bourgeoisie conservatrice du pays", souligne auprès de l'AFP Christophe Ventura, spécialiste de l'Amérique latine à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Durant les rassemblements, ses partisans font la queue pour obtenir une des nombreuses images imprimées à taille réelle de leur idole, qui lui valent le surnom de "président en carton" dans les rangs de l'opposition.

Collectionneur de piments, athlétique et tatoué, il se passionne également pour les voitures, les chevaux et les guitares, selon ses proches.
Marié à l'influenceuse Lavinia Valbonesi, avec laquelle il a deux enfants, ce fervent catholique a également une fille née d'un premier mariage.


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