Le parti espagnol d’extrême droite, Vox, récidive. Ainsi après avoir demandé en janvier dernier de sanctionner le Maroc pour sa soi-disant responsabilité dans l’immigration irrégulière, il revient de nouveau à la charge et appelle à appliquer des sanctions économiques et à exercer une pression internationale sur le Royaume. La raison ? La tentative collective des jeunes du Nord de rejoindre Sebta à la nage dimanche dernier. Selon le site espagnol ceutatv.com, Vox estime que cette tentative a été orchestrée par les autorités marocaines. Pour Juan Sergio Redondo, président local de Vox, il s’agit bien d’une action délibérée cherchant à faire chanter l’Espagne. A ce propos, il a demandé un "déploiement immédiat et constant" des forces de sécurité espagnoles au niveau des frontières maritimes et terrestres avec les présides occupés de Sebta et Mellilia. Mieux, il réclame de mettre plus de pression diplomatique sur les autorités marocaines pour, prétend-il, s’être « soustraites à leur mission de contrôle des frontières », cherchant à faire du Maroc une sorte de gendarme dans la région. C’est là une rengaine ressassée à satiété par d’autres et irrémédiablement rejetée par le Royaume. Les accusations de Vox sontelles fondées ? Peut-on parler d’une action préméditée ? « Absolument pas », nous a répondu Mohamed Benaïssa, président de l'Observatoire du Nord pour les droits de l'Homme (ONDH). Et de préciser : « On est loin de la théorie du complot et des mains invisibles ». Pour lui, nous sommes plutôt face à un phénomène social amplifié par les réseaux sociaux qui jouent le rôle de mobilisation et de coordination auprès des jeunes qui partagent les mêmes normes et valeurs. « Il s’agit d’une génération plus ouverte sur le monde via les NTIC et qui ont l’impression que le temps est figé et qu’il y a trop d’inertie », nous a-t-il confié. Pour d’autres sources, la tentative de dimanche dernier n’est pas la première du genre et ne sera pas la dernière. Déjà en septembre 2020, une vingtaine de jeunes avaient tenté collectivement d’accéder de manière irrégulière à Sebta. Cette année a enregistré également un afflux massif de jeunes marocains vers les deux présides occupés à tel point que les autorités de ces derniers ont procédé à transformer un vieux hôpital en centre d’accueil vu que le centre principal a été complètement saturé et que les refoulements vers le Maroc ont été suspendus à cause de la Covid-19. « Nous allons assister prochainement à de nouvelles tentatives. Nous avons l’habitude d’assister, notamment pendant les mois de juin et juillet, à l’augmentation du nombre de jeunes cherchant à accéder à Sebta. L’amélioration des conditions météorologiques y est pour beaucoup et tous les moyens sont bons pour y arriver (zodiac, jet-ski, kayak,…)», a souligné notre interlocuteur. Comment peut-on expliquer cette volonté d’émigrer ? « Les motivations sont d’ordre économique, social et politique. En effet, la région (Tétouan, Martil, Fnideq) vit principalement du trafic des marchandises et du tourisme. La situation sanitaire actuelle a grandement affecté ces deux ressources provoquant une grave crise sociale et économique. Ceci d’autant plus que les initiatives et projets annoncés par les autorités de la ville suite aux dernières protestations de la population, tardent encore à donner leurs fruits et leur impact reste trop limité. En réalité, à part le fait d’embaucher quelques femmes dans certaines usines et la réception des demandes des projets des jeunes, la population de la ville n’a rien vu de concret », nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Il y a le sentiment que les choses ne bougent pas et que les perspectives sont sombres ». Ces jeunes risquent-ils d’être refoulés vers le Maroc? « Les migrants entrant à Sebta ou à Mellilia sont souvent inexpulsables malgré l’existence d’un accord entre le Royaume et l’Espagne signé en 1992. Ils seront répartis sur les centres d’accueil dans ces villes ou dans d’autres établissements similaires au Sud de l’Espagne », a indiqué notre source. A noter que les expulsions vers le Maroc et les liaisons aériennes avec l’Espagne sont suspendues depuis fin mars pour freiner la propagation du coronavirus. Pourtant, un site d’information local a indiqué qu’il y a eu expulsion de 30 personnes lundi soir via le point de passage Bab Sebta qui a rouvert exceptionnellement ses portes.
Hassan Bentaleb