Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

Vives tensions au procès des attentats de 2015 en France


Libé
Jeudi 17 Mars 2022

Vives tensions au procès des attentats de 2015 en France
Du "no comment" au "changez de métier!" Au procès des attentats meurtriers du 13 novembre 2015 en France, les réponses elliptiques du principal accusé Salah Abdeslam ont irrité mardi les parties civiles et provoqué des tensions inédites en six mois d'audience, jusqu'à entraîner une suspension des débats. Il est environ 18H00 locales (17H00 GMT) quand une nuée de robes noires se lève d'un coup: les avocats de la défense quittent la salle. "La sérénité des débats est compromise", justifie l'un des avocats de Salah Abdeslam, Me Olivia Ronen. Elle venait de demander, en vain, que la série d'incidents qui avait causé une première interruption d'audience soit formellement actée. Au fil de plusieurs heures d'interrogatoire de son client, des questions parfois agressives des parties civiles, des évitements puis des réponses de plus en plus provocantes de l'accusé, l'ambiance s'est chargée d'électricité. Salah Abdeslam est le seul membre encore en vie des commandos qui ont mené les attentats ayant fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis, en banlieue, le 13 novembre 2015. Me Sylvie Topaloff, avocate de parties civiles, juge par exemple étrange que Salah Abdeslam ne reconnaisse pas les allers-retours pour récupérer des membres de la cellule jihadiste en Europe: les kamikazes. "C'est une façon de réduire votre implication. Il ne sera pas dit que vous êtes allé chercher des gens qui se sont fait sauter dans les attentats", lance-t-elle. Silence. "Vous avez accouché?", lâche Salah Abdeslam. Le président s'insurge, l'accusé invective l'avocate: "Ce que vous dites là, si ça rentre dans la tête de la cour, je suis dans la merde!". Me Topaloff crie à son tour, brouhaha général. Dans la salle, les applaudissements ironiques fusent. "130 morts!", hurle une partie civile. Le président de la cour d'assises spéciale de Paris, Jean-Louis Périès, demande à l'accusé de "redescendre un peu". Plus tard, nouvelle question offensive d'avocats des parties civiles. La défense s'époumone pour réclamer le micro qui reste coupé. Nouvelle clameur collective, le président rappelle qu'il exerce seul la "police de l'audience". Un avocat de l'accusé proteste. "Et bien alors changez de métier!", vitupère M. Périès. Nouvelle salve d'applaudissements et de cris, le président suspend l'audience. A la reprise, vingt minutes plus tard, Jean-Louis Périès tente de calmer le jeu et rappelle que les manifestations du public "ne sont pas admissibles". Pas assez pour contenter la défense. L'interrogatoire de Salah Abdeslam avait pourtant commencé sereinement. Même si, très vite, un étrange pas de deux s'est instauré entre le président et l'accusé, questionné sur son rôle dans les préparatifs des attaques jihadistes. La location des voitures, Salah Abdeslam, 32 ans, ne les nie pas. Avec aisance, parfois à la limite de l'insolence, il reconnaît uniquement deux allers-retours pour aller chercher des "frères en islam". "Ils vivaient en zone de guerre", justifie-t-il, un peu comme avec "aujourd'hui la guerre en Ukraine". S'il n'était pas le chauffeur du premier des cinq trajets qui lui sont imputés, à qui a-t-il prêté le véhicule? Son ami d'enfance et voisin de box Mohamed Abrini? "Moi, je ne dis pas de noms, je ne balance pas", répond Salah Abdeslam. Le magistrat insiste, tente d'autres noms. "Je crois que vous ne m'avez pas bien entendu, Monsieur le président", persifle l'accusé. "J'ai l'impression que vous êtes un peu susceptible". La tension commence à monter. Aux questions précises de la cour, l'accusé répond par des "no comment" obstinés et répète qu'il ne savait rien de la "mission" de ceux qu'il allait chercher. L'aurait-il fait s'il avait "su que ces personnes allaient participer de près ou de loin à des attentats?", demande une assesseure. "Dans l'état d'esprit dans lequel j'étais à l'époque, fêtard, j'allais me marier, je pense que je ne serais pas parti les chercher", même s'ils "avaient sans doute de bonnes raisons", répond l'accusé. Mais "aujourd'hui, vous avez bousillé ma vie, la France, son gouvernement", lance-t-il. L'assesseure le coupe: ce ne sont pas "les réponses qu'attendent les parties civiles". Le but du procès, "c'est la manifestation de la vérité", rétorque la défense de Salah Abdeslam. Le procès devait reprendre mercredi.


Lu 545 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dans la même rubrique :
< >

Vendredi 19 Avril 2024 - 14:41 Explosions dans le centre de l'Iran

Dimanche 14 Avril 2024 - 14:10 Attaque de drones iraniens contre Israël

Actualité | Dossiers du weekend | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Billet | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile







L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          





Flux RSS
p