Victor Hardy, gérant de la ferme des phosphates


Par Mustapha Jmahri
Lundi 15 Mars 2021

Après avoir vécu dans différentes villes du Maroc, Victor Hardy, agriculteur français, devint gérant de la ferme dite des phosphates à El Jadida dans les années 1930. Il exploita ce domaine durant plus de vingt ans. Le récit suivant réalisé en collaboration avec Micheline Langlet-Nichols, petite-fille de Victor, née à El Jadida, évoque brièvement le passage de cette famille dans cette ville et le travail de son grand-père à la ferme des phosphates. La famille Hardy était originaire du département d’Eure et Loir en France où elle s’adonnait à l’agriculture et à l’élevage depuis plusieurs générations. La famille était composée des parents, Victor et Louise née Lesourd, qui, partis de France, sont arrivés au Maroc en 1929 avec leurs quatre enfants tous nés en métropole : Louis en 1912, Jean en 1915, Odette en 1916 et Yves en 1922. Victor, qui était éleveuragriculteur en France, a bénéficié de l’appui du Protectorat français (1912-1956) pour s’installer à Meknès puis à Fès afin d’y diriger une ferme expérimentale. Enfin, à Bouznika, près de Casablanca, pour diriger sa propre exploitation. Il changea ensuite d’itinéraire quand, en 1933, il devint employé à l’O.C.E (Office chérifien de contrôle d’exportation, créé en 1932) à Casablanca. Mais, toujours fidèle à sa vocation première, il termina son parcours à El Jadida comme gérant de la ferme des phosphates. Les archives familiales ayant été perdues, sa petite-fille, Madame Micheline Langlet-Nichols, ne dispose plus du contrat existant entre son grand-père et l’Office des phosphates. Après son arrivée à El Jadida, Victor Hardy se lia d’amitié avec des familles françaises déjà installées dans cette ville telles les Sellier, les Mainetti, les Ramos, Dupré et Le Bail, ainsi que quelques familles marocaines. La ferme dite des phosphates, qui appartenait à la Direction des phosphates, se trouvait à la sortie d’El Jadida, mitoyenne du cimetière chrétien. En face de la ferme se trouvait le pensionnat de garçons dont les parents travaillaient à Khouribga et Louis Gentil-Youssoufia. Les adolescents étaient scolarisés au Collège mixte de Mazagan. Selon les termes du contrat, Victor Hardy et son épouse avaient la gérance de cette exploitation, ils devaient fournir au pensionnat un quota de légumes, volailles, œufs, lapins...et géraient le surplus éventuel. Il y avait sur la ferme, comme à l’internat, une vingtaine d’ouvriers marocains permanents. D’autres étaient embauchés lors d’opérations saisonnières. Micheline Langlet-Nichols ajoute : « Mon grand-père cultivait des chrysanthèmes que nous vendions en novembre devant le cimetière tout proche. Il avait aussi la passion des pois de senteurs et je suis sûre que c’est de cette époque que me vient l’amour de cette fleur. Ma grand-mère était excellente cuisinière et nous préparait les jeunes artichauts crus en salade. Cette ferme dite des phosphates, que je rejoignais à vélo depuis le centre de Mazagan, est définitivement ancrée dans mes meilleurs souvenirs d’enfance, que j’ai d’ailleurs fait partager à mes petits enfants en les emmenant en vacances à cette ancienne ferme qui ne fonctionne plus. En face, se trouvent les vestiges de l’ancien internat ». La famille de Victor Hardy a été rapatriée en France le 6 août 1957 en région parisienne et s’installa, ensuite, à La Praz en Savoie chez son fils Yves Hardy. Ce dernier avait également vécu et travaillé à El Jadida où il était le gérant du garage Garcia sur l’avenue de Marrakech. Lui aussi fut rapatrié en France en 1957. Quant à sa fille Odette Hardy, elle s’est mariée à Jean Nichols, architecte à El Jadida jusqu’en 1957. Ils ont eu trois enfants nés à El Jadida et sont rentrés en région parisienne quelques mois après l’indépendance du Maroc. La famille y réside toujours. Micheline Langlet-Nichols conclut : « Notre séjour à Mazagan et au Maroc nous a tellement marqués que la ville de Mazagan fait toujours partie de mes meilleurs souvenirs de jeunesse ».


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