Veille stratégique : un must pour la mise à niveau des PME marocaines


Par EL MAHDI YASSINE *
Jeudi 15 Avril 2010

Veille stratégique : un must pour la mise à niveau des PME marocaines
La PME marocaine vit aujourd’hui sous l’effet des résultats générés par les changements survenus tant au niveau national qu’international.  Sur le plan national, le Maroc, via ses instances politiques et économiques, a entrepris des réformes et actions visant à moderniser le tissu économique national et faciliter son intégration dans l’espace méditerranéen et mondial.
Au niveau international, le changement des principes du «Régime capitaliste» suite à la crise financière et économique met encore plus de pressions sur l’économie nationale et par conséquent, sur les PME qui contribuent en grande partie à la croissance du PIB du pays. L’exemple qui reflète bien ces mesures de libéralisation, c’est la mondialisation des «marchés d’origines».
Dans cette perspective, la PME marocaine est amenée, aujourd’hui, à redéfinir sa stratégie business et introduire une démarche stratégique afin d’assurer la continuité de son existence, son développement et se hisser au niveau des marchés internationaux.  Cette approche requiert la mise en place de dispositifs de collecte d’inputs et de données pour pouvoir la réaliser. L’un de ces dispositifs n’est autre que la veille stratégique.
En effet, parmi les défis majeurs des PME, et surtout celles offrant des prestations de services au-delà de nos frontières, c’est de pouvoir anticiper les changements structurels, macro-économiques de leurs environnements respectifs. Dans le même sillage, les PME, à caractère familial, sont appelées à mener des restructurations profondes de leurs entreprises et instaurer des modèles pour la maîtrise des informations, spécialement, celles qui permettent la prévention et l’anticipation, vu que leur compétitivité en dépend.  
Instaurer un processus de veille est plutôt une action volontariste à travers laquelle l’entreprise cherche des informations à caractère anticipatif.
La veille stratégique, nommée dans le monde anglo-saxon «Environnemental Scanning» ou «Competitive intelligence» telle que définit par Lesca (2003) :  «est un processus collectif, proactif et continu, par lequel un groupe d’individus traque (capte), de façon volontariste, et utilise des informations pertinentes concernant leur environnement extérieur et les changements pouvant s’y produire (y compris les ruptures) dans le but de créer des opportunités d’affaires, d’innover, de réduire les risques et l’incertitude en général. L’objectif  est de permettre d’agir rapidement, au bon moment et au moindre coût». De cette définition ressort deux importants aspects de la veille stratégique: l’innovation et l’anticipation. Ainsi, la veille est considérée comme stratégique parce que les informations collectées ont pour finalité d’aider à la prise de décision.  Ces décisions sont généralement celles qui impactent le devenir de l’entreprise. Aussi, il importe de mentionner que les informations recueillies par la veille stratégique sont généralement imprécises et incertaines par nature. Elles entrent dans la catégorie des signaux faibles. La veille stratégique ne devrait pas être confondue avec l’intelligence économique (IE). La mission de l’IE est de positionner l’entreprise dans son environnement tandis que la veille stratégique est un moyen de détection des signes émanant de l’écosystème de l’entreprise.         
Le concept de veille stratégique regroupe un certain nombre d’activités qui se présentent sous différentes formes et appellations en fonction des objectifs, des métiers, ou des secteurs de l’entreprise : veille technologique, veille concurrentielle, veille juridique,…       
Quels que soient les caractéristiques, les préoccupations et le niveau de développement des PME, ils ont besoin, voire intérêt, à instaurer un dispositif de veille stratégique.  L’organisation d’un processus de veille stratégique dans une PME requiert une personnalisation de l’approche pour répondre aux spécificités de chaque PME. Une telle décision garantirait sans aucun doute, un retour sur investissement satisfaisant et positionnerait l’entreprise dans un rang avancé pour mieux aborder les challenges soulevés par les pressions des marchés nationaux et internationaux.  
Il existe plusieurs écoles par rapport à la mise en place d’un processus de veille stratégique. Cependant, quelle que soit la méthode, un projet d’implémentation de la veille dans une PME pourrait être réalisé dans un délai de trois à quatre mois. Généralement, les étapes de la mise en place se déclinent en 5 phases, à savoir : Sensibilisation, ciblage, traque, exploitation, organisation. 
Dans la même optique, l’instauration de la veille devrait se faire en mode projet. Ceci est dû au degré de complexité et de transversalité du processus. Aussi, ce processus requiert du temps et des moyens : ressources humaines, ressources informationnelles et documentaires et ressources méthodologiques et technique. Il importe de mentionner que l’implémentation d’un système de veille stratégique est un investissement dont l’efficacité est obtenue dans la durée
Pour conclure, anticiper les changements de son environnement est un enjeu majeur pour les entreprises et surtout celles des économies en transition. La veille stratégique est l’un des leviers qui devrait permettre aux PME de se préparer et transformer ces menaces en opportunités d’affaires.

 * Expert en analyses stratégique   
El_mahdi_yassine@yahoo.com


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